mercredi 31 août 2011

vidéos day

Pour patienter jusqu'au prochain message, deux rares et émouvantes vidéos de Lester Young ( 1958 vraisemblablement ), une répétition sans doute, et une ballade :



Outre l'émotion de voir Lester, le jeu consiste à tenter de reconnaître les musiciens qui l'accompagnent. Pour certains c'est facile, pour d'autres je n'ai pas trouvé moi même...


A demain petits amis...

lundi 29 août 2011

L’énigmatique Mr. Strayhorn

C’est très curieux la façon dont une chose conduit à une autre. Pour les besoins d’un petit billet ( cf précédent message ) consacré à Al Sears je réécoutais Duke Ellington en 1946 (1). Parti sur ma lancée ellingtonesque, je me suis intéressé à un disque de Billy Strayhorn, écouté jadis distraitement, celui là, où il apparait comme pianiste, chef d’orchestre et même chanteur :




L’écoute m’a conduit à conclure que Stayhorn était pour moi une énigme aussi bien musicalement que humainement.


Musicalement son travail d’arrangeur, et même de pianiste, est tellement imbriqué dans celui du Duke qu’il est très difficile de reconnaître sa part propre et surtout sa personnalité musicale telle qu’elle se serait exprimée dans un autre contexte. Suis-je clair ? Oui me dit on.


Humainement les choses sont encore plus obscures. Né dans une famille très pauvre de neuf enfants, condamné à la naissance il a survécu par miracle et a été le souffre douleur d’un père fantasque puis absent. C’est grâce à une grand-mère pianiste et à un don exceptionnel qu’il a transcendé sa condition et aurait du, si les choses avaient été différentes dans l’Amérique de l’époque, devenir un concertiste classique. Comme son cadet de quelques années Bud Powell, c’est un peu par défaut qu’il s’est retrouvé « Jazzman ».


La rencontre décisive de sa vie est celle de Duke Ellington qui, séduit par ses dons, l’engagera dès leur première rencontre. Billy avait 23 ans et ça a été un véritable coup de foudre avec le Duke dont il sera l’ami le plus proche jusqu’à la fin.


Le deuxième épisode déclencheur sera la « grève » de L’ASCAP, une sorte d’équivalent de la SACEM, à laquelle le Duke appartenait et qui, en bisbilles avec les stations de radios, avait banni la diffusion de musique par ses adhérents. Devant l’impossibilité de diffuser sa musique et de promouvoir ses disques ( et partant de payer l’orchestre ) Duke a contourné la difficulté en faisant composer nuits et jours Billy, non membre de l’ASCAP. De cette période sortiront des chefs d’œuvre dont Take the A train, qui deviendra l’indicatif de l’orchestre et un des standards ellingtoniens les plus universellement joués. On oublie généralement que , hormis Lush Life et Chelsea Bridge, beaucoup de thèmes célèbres d’Ellington ont été écrits ou Co écrits ( comme Satin Doll) par Billy. Ellington avait l’habitude de dire, en forme de boutade, « Billy fait le boulot et je me fait applaudir! »




L’énigme est l’absence de réelle carrière personnelle pour ce musicien si doué. La réponse est certainement dans sa personnalité atypique pour l’époque. Surnommé Sweet pea en raison de sa petite taille et de sa présumée ressemblance avec le bébé que Popeye avait eu avec Olive Oil (2), Billy était maladivement timide et réservé. Une autre explication est très certainement son homosexualité affichée, ce qui était très rare à l’époque particulièrement dans le milieu Africain Américain. La protection d’Ellington, grand seigneur et célèbre homme à femmes, le mettait vraisemblablement à l’abri des avanies que sa personnalité spéciale pour l’époque aurait entrainées. Mais nous sommes là sur le terrain glissant de la psychanalyse de comptoir…


Actif sur le terrain des droits civiques il sera un ami de Martin Luther King et mourra, alcoolique, en 1967 à 52 ans. En hommage le Duke composera  And his mother called him Bill .


A propos d’hommage, Joe Henderson enregistrera ça:




Est également sorti récemment un très bon disque d’hommage par le trompettiste Terell Stafford:




Dans un style néo bop, Terell est un des meilleurs trompettistes de sa génération. Sa maîtrise technique est évidente, même pour des profanes de l’embouchure (3) comme moi.

Il existe une biographie de Billy par un nommé David Hadju ( Lush Life; a biography of Billy Strayhorn ) que je viens du coup de commander. Dès que je l’ai reçue, je la lis et en reparle si ça vaut le coup!  


Take The A Train par le Duke et Lush Life par Sarah Vaughan puis, remarquablement, par Queen Latifah, ladies and gentlemen:






A bientôt petits amis...
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(1) Puisqu’on évoque 1946, une petite histoire numérologique. Il se trouve que je suis né cette année là et que Louis Armstrong était censé être né en 1900.. En 1992 j’ai acquis la réédition des ( superbes ) enregistrements de Louis de 1946. Je m’ émerveillais du hasard qui faisait que j’écoutais à 46 ans des titres enregistrés voilà 46 ans , par un monsieur de 46 ans, en 1946. Mais, patatra, nous avons appris ultérieurement que Louis n’était pas né en 1900 mais en 1901. Toute ma belle construction tombait par terre !


(2) J’ai brusquement un doute, Sweet Pea était il le fruit des amours de Popeye et d’Olive Oil ( chose à voir sans doute ) ou uniquement le rejeton de la seule Olive, ou adopté ? En effet ces personnages sont généralement asexués. Y a-t-il ici des Popeyologues ?


(3) Profane de l’embouchure a un côté insulte urbaine. J’imagine bien dans les embouteillages parisiens fuser un «  va donc hé profane de l’embouchure!! ». Ça a quand même une autre allure que tête de lard ou peau de fesses non ?

dimanche 28 août 2011

Sara et Andy


Rien à voir


Ma femme vient de me tancer au motif que mes derniers messages étaient décousus et parlaient de sujets sans liens entre eux. Elle a parfaitement raison et je me repens; pas au point de ne pas continuer à divaguer sur des choses diverses.


Aujourd’hui j’ai envie de vous entretenir d’un de mes auteurs de romans policiers préféré, la chicagoane Sara Paretsky. Selon Jean Paul Sartre la littérature c’est la pléiade et la série noire. En l’occurrence à Chicago la littérature c’est à la fois Nelson Algren ( mieux connu ici pour avoir été l’amant de la sulfureuse Simone de Beauvoir que pour ses livres ) et Sara Paretsky.


Je viens de terminer son dernier roman Body Work et je crois maintenant les avoir tous lus, en Anglais ou en Français pour ceux qui ont été traduits.


L’univers de Paretsky c’est Chicago, du centre ville avec le quartier du Loop aux coins les plus pittoresques, et plus dangereux, de Pilsen ou du South Side. Elle est un peu à Chicago ce que Léo Malet était au Paris de l’après guerre , un regard précis et attendri.


Tout cela au travers des aventures de son héroïne, la détective privée V.I Warshawski, fille d’un flic polono-américain et d’une italienne, pur chicago donc. Comme dans Tintin avec Haddock, Tournesol ou les Dupont(d) , au fur et à mesure des romans l’univers de V.I se peuple de personnages secondaires récurrents; Le voisin encombrant et au grand cœur, le chien Mich, la cousine Petra, Lotty Herschel ou les anciennes et nouvelles amours de notre « Private eye ». L’intrigue est toujours bien ficelée et le puzzle ne se révèle que peu à peu dans un suspense remarquablement orchestré. Le fond de l’histoire à toujours un sens: historique avec les droits civiques ou le destin des enfants juifs rescapé de la guerre, féministe souvent. 


Mais cela ne serait rien sans l’écriture terriblement efficace de la dame, nerveuse, sans temps mort. La lecture d’un Paretsky est généralement une épreuve pour l’entourage: une fois entamé l’ouvrage ne vous lâche plus et vous sauterez allègrement les repas pour savoir comment V.I Warshawsky ( Victoria ou Vic pour les intimes ) va se sortir des mauvais pas où sa générosité foncière l’a placée.


Publiés à l’origine dans la collection le Masque, vous trouverez aisément ces livres ( dans toutes les bonnes librairies, en dur ou en ligne ) dans la collection Seuil Policiers. Pour commencer je vous recommande un de ses meilleurs, Refus de Mémoire, de 2001. 




Toutes ces histoires ne sont qu’un prétexte évidemment pour vous faire entendre le sweet home chicago de Robert Johnson. Astucieux non ?




Si vous ne l’avez pas encore vue, je ne veux pas vous priver de cette formidable vidéo qui traîne sur le net: Andy Bey et ses sœurs. Je ne sais d’où vient cet extrait, film, reportage télé ?? En tout cas …


Enjoy Andy and the Bey sisters ladies and gentlemen.

A bientôt petits amis.

vendredi 26 août 2011

Sarah et James Clay

Revue des blogs

Dans son édition du 14 Aout, le bon George Colligan rappelle la nécessité impérieuse pour un musicien d'améliorer constamment son jeu. Il donne comme exemple l'attitude de Roy Haynes qui, à l'âge où ses contemprains encore de ce monde jouent au golf ou font la sieste, déploie toujours la plus grande énergie derrière ses futs. De même le regretté Hank Jones qui, jusqu'à son dernier souffle, pratiquait et cherchait quotidiennement.

Pour illustrer la possibilité d'apprendre en toutes circonstances, y compris de ses erreurs, George Colligan nous narre par le menu un des épisodes les plus embarrassants de sa carrière quand, tout jeune pianiste, il avait été appelé à accompagner au pied quasi levé la grande chanteuse Ernestine Anderson. Après deux soirées OK, l'excès d'assurance lui a fait se « planter » dans l'accompagnement et lui a valu les foudres de la diva et l'hilarité du public. Mais il raconte tout ça avec beaucoup d'humour et mieux que moi . C'est là ==> http://jazztruth.blogspot.com/2011/08/trial-by-fire-episode-one.html Vous pouvez sauter les détails techniques ; ça ne nuit pas au récit.

A propos d' Ernestine, qui est une de mes chanteuses préférées, avec beucoup d'autres évidemment, deux infos :

J'avais lu dans la presse américaine, je ne sais plus où en vérité, qu'elle avait été touchée par la crise des « subprime » et faute de pouvoir honorer un prêt hypothécaire elle était menacée d'expulsion à 82 ans .
Il semble que la solidarité de la communauté musicale, Quincy Jones en tête, ait joué et qu'elle soit désormais assurée de conserver un toit sur sa tête. Donc bonne nouvelle.

La deuxième bonne nouvelle est pour moi : je viens de découvrir un disque d'Ernestine que je ne connaissais pas, celui là :


Accompagné par le Clayton-Hamilton big band, Ernestine y brille de mille feux. Allez, pour la route, un petit Ernestine sur All Blues avec des lyrics d' Oscar Brown Jr :



Le blogger Jazz le plus mondialement connu, Marc Myers de Jazzwax fait le point le 17 Aout sur les années Roulette de Sarah Vaughan. Ne vous méprenez pas, les années roulette de Sarah ne signifie pas qu'elle était handicapée mais simplement qu'elle enregistrait chez le label Roulette, fondé plus ou moins par Frank Sinatra et plus ou moins, dit on, controlé par la mafia mais ceci est une autre histoire...Quoiqu'il en soit il analyse avec sa finesse coutumière les nombreux enregistrements de Sarah sur ce label, à l'occasion de sa réédition chez Mosaïc en coffret ( 8 CD ). Si vous êtes en fonds c'est le moment, il semblerait qu'il reste des exemplaires de ce tirage limité à 5000 . Le blog est là ==>http://www.jazzwax.com/2011/08/sarah-vaughan-roulette-years.html Ci dessous la bande annonce vidéo de cette sortie :


Unsung Heros

Un bien curieux musicien que ce James Clay. Texan puis californien comme Ornette Coleman, il sera humainement proche des musiciens de la bande à Ornette des débuts, Charlie Haden le bassiste, Don Cherry le cornettiste et Billy Higgins le batteur. Pourtant stylistiquement il n'avait que peu de rapport avec ses commensaux avec lesquels il enregistrera pourtant à plusieurs reprises.

Un gros son de ténor texan, comme Buddy Tate, Booker Ervin ou Don Wilkerson, au service d'un discours be bop très structuré et appuyé sur le blues, notre James fera merveille avec l'équipe de Cannonball Adderley avec laquelle il enregistrera un très bon disque. Un autre avec le batteur Lawrence Marable et une poignée sous son nom, faisant notamment la « paire » avec David « fathead » Newman qu'il retrouvera plus tard chez Ray Charles. Il sera aussi d'un enregistrement avec Wes Montgomery. Le voici à la flûte, instrument sur lequel il excellait également :


Toute cette aventure se déroulera dans la fin des années 50 et le début des sixties car James disparaitra ensuite dans son Texas natal pour y devenir éducateur. On ne le reverra qu'en 1988 dans le disque de Don Cherry Art Deco avec ses affidés des débuts, Higgins et Haden. Curieux attelage puisque Clay joue dans un style très différent et, à mon humble avis, moins bien qu' à sa grande époque. Le voici, le voilà :


Il reprendra son activité jusqu'à sa mort en 1994, enregistrant notamment avec Roy Hargrove.

Une petite curiosité ; le site AMG qui est la bible de ceux qui sont intéressés par les musiciens donne une bio de James Clay totalement erronée, le confondant avec un autre James Clay qui n'a rien à voir ; cela alors que la disco et les dates correspondent bien à notre Clay. Moralité : à qui se fier si un site réputé aussi sérieux fait de telles erreurs. Ci dessous je prouve ce que j'avance :  



A bientôt petits amis...


mercredi 24 août 2011

sax et rossignol

Le sax des filles.


Vous croyez, naîfs que vous êtes, que Gaston ne s'intéresse qu'à l'archéologie du Jazz, les petits héros oubliés des périodes révolues ou l'âge de glace du « Swing craze ». Pas du tout, vous n'y êtes pas : Gaston s'intéresse à l'actualité, Gaston fait même parfois des crises de jeunisme exacerbées ! Je plaisante évidemment mais il s'est passé plus de choses en dix ans qu'en une seule année voilà pourquoi je privilégie l'histoire à l'immédiateté. Mais parlons des musiciens d'aujourd'hui. Fidèle à mes principes regroupons les méthodiquement en catégories. Aujourd'hui pas de flûtistes unijambistes ni de batteurs rouges de figure mais des filles saxophonistes européennes. C'est commode car ça limite le champ d'études.

Ma première découverte est la saxophoniste hollandaise Tineke Postma, Outre un nom peu commun, notre Tineke a un lourd atavisme. Comment ? une saxophoniste blonde et hollandaise ça ne vous rappelle rien ? Mais si béotiens rappelez vous de Candy Dulfer ! Rassurez vous notre Tineke n'a rien a voir avec la vulgarité de la bimbo batave.


Bien que encore très jeune Tineke a une petite discographie a son actif et le dernier opus The dawn of the light est sorti récemment. Je m'y suis intéressé car notre artiste, diplômée de partout mais on s'en fiche, a maintenant une certaine notoriété internationale. Si sa maîtrise technique est impressionnante, il faut avouer que ni l'émotion ni le swing ne sont réellement au rendez vous. Des compos originales au service d'une musique un peu trop «  Europe du Nord » à mon goût, piano billeavansien glacial et mélodies compliquées harmoniquement et rythmiquement. Tineke chante également, de façon agréable. Si mon blog avait beaucoup de lecteurs je m'abstiendrais de faire la fine bouche de peur de lui causer du tort mais c'est l'avantage des publications confidentielles ; on peut y dire ce qu'on veut. Mais Tineke vaut quand même qu'on l'écoute et mes goûts n'ont aucun caractère universel évidemment. Une illustration musicale pour vous faire vous même votre opinion :


Beaucoup plus fort maintenant dans le genre filles saxophonistes : notre compatriote Géraldine Laurent. Nul chauvinisme là dedans mais le dernier disque de GL est parfait. Time Out Trio est le nom de l'ensemble. Cela a- t- il un rapport avec le plus célèbre enregistrement de Dave Brubeck ? Je n'en crois rien. Par contre j'y trouve une correspondance avec un disque enregistré dans le même format- trio sans piano- par Ornette Coleman ; celui là :


Plus raffinée et moins aventureuse, la musique de GL n'est pas sans m'évoquer le grandiose Ornette de cette époque. Le format est exigeant mais donne plus de liberté au soliste. GL a la bonne idée de reprendre quelques standards comme ceux de Charles Mingus et notamment le rarement joué Tijuana Gift Shop dont elle fait un petit bijou. L'avantage des standards est qu'on voit précisément ce que fait le musicien sur un thème déjà connu.


Si vous ne pouvez acheter qu' un CD ce mois ci, privilégiez Time Out Trio, vous me remercierez. Dans l'extrait ci dessous GL joue un thème du disque, rejoicing.

Géraldine Laurent ladies and gentlemen :


Rossignol


Restons chez les dames mais cette fois dans un genre plus traditionnel, celui des chanteuses qui regroupe l'essentiel de la gent féminine dans le Jazz.

Assistant, par hasard il faut le dire, au festival de Jazz de Chicago, j'y ai découvert une merveilleuse chanteuse Dee Alexander, véritable diva localement et peu connue dans le reste des états unis et encore moins en Europe, malgré une tournée en France l'an passé. Son concert, à Souillac je crois, avait été retransmis par Arte et peut être certains l'on découverte également à cette occasion. Ses disques ne rendent pas complètement compte de la magie de sa présence sur scène ; malgré un traitement vocal remarquable, enjambant toute l'histoire de la musique noire d' Ella à la Soul d' Aretha. Purement chicagoanne, elle a été à la rude école de l ' AACM de Richard Muhal Abrams et le jour où je l'ai vue elle était accompagné par un somptueux big band local plus un ensemble à corde qui rendait un effet formidable. Si on en juge par les réactions du public de Chicago ce jour là dans Grant Park son auréole là bas est immense. Quelques photos prises par votre serviteur :










On peut peut être se procurer ses disques, avec sa fameuse composition Rossignol, mais voici quelques extraits musicaux « featurant » la dame :

Dee "rossignol" Alexander ladies and gentlemen :


A bientôt petits amis

lundi 22 août 2011

Susannah McCorkle

Anniversaires,commémorations, hall of fame, Grammy Award, toutes les techniques de promotion de la musique sont utilisées et pourquoi pas. Reste un problème, comment faire écouter cette musique à ceux qui n'en sont pas familiers.

Une des réponses est les fameuses « compil », vous savez le genre : les 100 meilleurs interprétations de Jazz ou les 50 meilleurs blues etc etc. Parfois à l'écoute de certaines de ces compils on se prend à regretter qu'on ait pas choisi plutôt les 50 pires. Il y a des exceptions bien sur comme le label Frémeaux .

Les listes sont aussi utilisées : les 50 disques à emmener sur une île désertes par exemple. Voilà quelques années un label, je ne sais plus lequel, avait fait un bon travail de réédition sur cette base. Le problème est que ces listes sont toujours éminemment discutables puisque chacun a son propre point de vue sur l'histoire du Jazz, point de vue qui évolue constamment au gré des réévaluations historiques. Un historien disait «  ce qui est formidable dans l'histoire c'est qu'elle change tout le temps » Ce qui est à la fois paradoxal et inévitable.

Ce long prolégomène pour vous parler d'une initiative du très respectable journal Britannique The Guardian qui publie dans une récente édition les cent titres qui ont marqué l'histoire du Jazz. Cela commence en 1902 avec Scott Joplin et son « the entertainer » et se termine quasiment hier soir avec Ambrose Akinmusire. On peut l'écouter sur une play list de spotify ( voilà le lien : http://www.guardian.co.uk/news/datablog/2011/jun/17/jazz-music-playlist-download)

Bien sur c'est très discutable. La fin de l'histoire ( si on peut dire ) est sureprésentée. Par exemple entre 1928 et 1937 : rien . Par contre sur une durée équivalente, entre 2001 et 2011 rien moins que dix titres sélectionnés. Penser que le Jazz des dix dernières années est dix fois plus créatif que dans les années 30 n'est pas sérieux et on voit bien que la perspective est largement faussée.

Quant au choix, il est généralement de qualité mais on peut le discuter largement :

Lester Young ne partage qu'une demie marche du podium, avec Billie Holiday ; ce qui est loin de refléter son influence.

Aucune mention de Roy Eldridge ou Archie Shepp non plus.

Par contre surpondération, par ethnocentrisme vraisemblablement, des musiciens anglais puisqu'on voit dans ce Hall of Fame des gens assez obscurs pour nous comme Humphrey Lytleton en 1956 (?) ou Ian Carr en 1966. En contrepartie pas de Martial Solal. Je crois que la même liste réalisée par des français aurait donné la même distorsion de perspectives

Enfin je dois avouer mon ignorance sur certains musiciens de la dernière période tels que The Necks ou Pinski Zoo ; je n'en parlerai donc pas.


Susannah McCorkle


Susannah McCorkle, outre d’avoir un nom bien difficile à dactylographier, était un cas tout à fait à part dans le monde des vocalistes de Jazz. Ce nom ne vous dit peut être rien mais gagnerait à être plus connu et sortir de l’oubli où il s’enfonce peu à peu.


Le jazz est essentiellement une affaire d’instrumentistes et les premiers chanteurs ont été, comme Louis Armstrong, les musiciens eux-mêmes. Naturellement ils ont privilégié la musique aux paroles des chansons et le scat, inventé par le même Armstrong, est l’aboutissement ultime de la négation des paroles. Le vaste répertoire américain « The great American Songbook » de standards remarquables, souvent issus de comédies musicales à succès, est utilisé comme matériau pour la mélodie et ses harmonies, jamais pour les paroles; même si Lester Young prétendait qu’il fallait les connaître pour exprimer convenablement la mélodie.


Il y eu bien sur des exceptions dont la plus éclatante est Billie Holiday qui, loin de la pyrotechnie de Ella ou Sarah, s’attachait à rendre leur sens aux paroles, qu’on se souvienne de Stange Fruits!

C’est Billie qui au départ a influencé la jeune Susannah. Ses études centrées sur le langage à Berkeley devait la conduire à être interprète à la commission de Bruxelles mais l’art du chant a été plus fort et c’est à Londres qu’elle a commencé de se faire connaitre avant de retourner aux États-Unis pour une carrière discographique assez fournie sur une période d’une vingtaine d’années.

Bien qu’elle fasse incontestablement partie de l’univers du jazz, Susannah privilégie d’une certaine manière le texte aux paroles. Avec une voix claire et agréable elle fait prendre conscience du « théorème de Lester Young » sur l’importance des paroles. 

C’est particulièrement net dans le disque consacré à Cole Porter. Un des plus grands compositeurs de chansons américains, Cole Porter écrivait fréquemment paroles et musique , ce qui donne à ses chansons une unité technique incomparable.

Malgré un succès relatif, Susannah a eu une  existence tragique, gâchée par la maladie bipolaire qui entraine une dépression constante.  A bout, en 2001, elle s’est suicidée en se défenestrant de son immeuble New Yorkais. Même ses amis les plus proches ne soupçonnaient pas un tel degré de désespoir, son œuvre n’en porte pas la marque non plus. Elle n’est pas totalement oubliée aujourd’hui et conserve, notamment aux Etats Unis, un cercle d’admirateurs de son grand talent. On peut trouver assez aisément ses disques. 

Deux extraits musicaux: From this moment on, extrait du disque consacré à Cole Porter et I’m old fashioned d’ Irvin Berlin.

Susannah McCorkle ladies and gentlemen:


A bientôt petits amis...

samedi 20 août 2011

Prez speaking

J’ai déjà abordé très doucement le sujet Lester Young ici mais c’est un sujet très délicat. Inutile de dire que Lester est de tous les musiciens de Jazz celui que je préfère et dont j’emmènerais les disques sur une île déserte ( à condition qu’il y ait l’électricité sur l’ île évidemment ) mais en parler n’est pas facile.


Tout comme John Coltrane ou Miles Davis, des kilomètres de littérature ont déjà été commises sur le lascar; on sait tout sur lui. Son influence sur la suite de l’histoire du Jazz et la complexité poétique  de son œuvre n’en rendent pas facile l’exégèse. Un peu comme l’Everest, qui a déjà été escaladé quelques fois mais dont on n’envisage l’ ascension qu’avec circonspection tout de même.


Pour contourner le problème, je vous retranscris une interview de Lester à Down Beat en 1949. Lester a 40 ans, en pleine possession de ses moyens il a encore 10 ans à bruler sa vie. Ecouter le président ( avec une intro du journaliste )


Le problème aujourd’hui est que beaucoup de musiciens sont de simples imitateurs. Bien sur vous devez commencer par copier quelqu’un. Vous avez un modèle, ou un professeur et vous apprenez tout ce qu’il peut vous montrer. Mais quand vous commencez à vous exprimer vous-mêmes, vous devez montrer votre individualité. Ceux qui font ça aujourd’hui se comptent sur les doigts d’une main.



C’est ce que nous dit Pres; Lester Young, un pionnier du Jazz moderne, dont les amis se trouvent dans la position bizarre de devoir le persuader d’accepter que tous les musiciens ne soient pas forcément à son niveau et, d’autre part, faire en sorte que les autres le comprennent.


« Lester Young a été si incompris, sous estimé et généralement malmené » dit l’un d’entre eux «  qu’il a été pratiquement éjecté  de la liste des grands musiciens en activité » la tendance étant de le reléguer à une figure historique.


Pas prêt à raccrocher:


« Je ne suis pas prêt pour m’arrêter » dit Lester «  Quand je le ferai, je m’installerai en Californie. j’ai une maison là bas, et j’en aime le climat. Ma mère, mon frère ( Lee le batteur et futur associé de Barry Gordy chez Tamla Motown ndt ) et ma sœur vivent là bas également. Toutefois j’aime voyager, il y a toujours quelque chose de nouveau à voir. »


Notre saxophoniste n’a pas joué souvent à Chicago. Les quatre semaines prévues, en alternance avec Sarah Vaughan, au Blue Note seront la première occasion depuis de nombreuses années pour le public de Chicago de l’entendre.  


Encore plus rare que de l’entendre jouer est de l’entendre parler de lui-même. Il a la réputation bien méritée d’être particulièrement réservé, et se sens plus à l’aise à regarder silencieusement ses pieds plutôt que de discourir. Il est réservé pour tout sauf pour souffler dans son sax.


« Mon père, William H. Young, était un musicien de foire. Il pouvait jouer de tous les instruments, bien qu’il préférât la trompette. Il enseignait également le chant et continua de voyager avec sa troupe de « Minstrels » et d’enseigner la musique jusqu’à sa mort dans les années quarante. »


« Je suis né à la Nouvelle Orléans, le 27 Aout 1909. Ma mère, Lizetta Grey, vit maintenant à Los Angelès. Je suis resté à la nouvelle Orléans jusqu’à ma dixième année quand ma sœur Irma, mon frère Lee et moi-même sommes allés vivre avec mon père. Il nous a pris avec lui à Minneapolis où nous sommes allés à l’école. Pendant la période des tournées  nous l’avons suivi avec le spectacle à travers le Kansas, Nebraska et Dakota du Sud, partout. »


La batterie


« J’ai joué de la batterie de dix à treize ans environ. J’ai arrêté parce que j’en avais assez de remballer tout le matériel. Je jetais un œil aux filles après le spectacle et, avant que j’ai tout rangé, elles étaient parties…


Pendant cinq ou six ans ensuite ( note du journaliste: n’essayez pas de vérifier les dates indiquées par Lester, ça ne coïncide jamais!)  J’ai joué de l’alto, puis du baryton quand j’ai rejoint l’orchestre de Art Bronson. ».


« J’ ai quitté mon père quand j’ai eu 18 ans. Nous étions à Salinas, Kansas et il était prévu une série de représentations au Texas et dans le Sud. Je lui ai fait savoir que je ne voulais pas descendre là bas et qu’on devrait chercher du travail plutôt dans le Nebraska, le Kansas ou l’ Iowa mais il n’a rien voulu savoir. J’étais prêt à voler de mes propres ailes.


 Art Bronson et les Bostoniens: 


J’ai joué avec eux pendant deux, trois ou quatre ans. Il vit à Denver maintenant et tous les gars de l’orchestre avait une famille; il ne voulaient pas s’éloigner de chez eux, tous sauf moi. De toute façon ce baryton était vraiment lourd…


Je suis très paresseux vous savez. Aussi quand le sax ténor nous a quittés j’ai pris sa place. Mais nous sommes restés dans le Nebraska et le Dakota du Nord. La seule fois où je suis allé dans le Sud, c’était avec Basie mais là c’était différent. »


«  Je travaillais au Nest Club de Minneapolis quand j’ai entendu l’orchestre de Basie pour la première fois. Un orchestre au Nest n’était pas n’importe lequel. Ils en changeaient toutes les semaines.  


J’avais l’habitude d’écouter l’orchestre de Basie régulièrement à la radio et je me demandais s’ils avaient besoin d’un ténor. Ils étaient alors au Reno Club de Kansas City. C’était fou, tout l’orchestre était super, sauf le sax ténor. J’ai pensé que c’était le moment propice et j’ai envoyé un télégramme à Basie. »


«  Il avait déjà entendu parler de moi. Nous nous croisions entre Minneapolis et Kansas city. Quand j’ai rejoint l’orchestre Il y avait trois cuivres, trois saxes et la rythmique. J’étais assis là toute la nuit à attendre pour jouer.


« Avec Basie c’était comme à l’école. A l’école je m’endormais, parce que je savais ma leçon et je n’avais donc rien à faire. Le maître ne s’occupait que de ceux qui n’avaient pas travaillé à la maison. Ce n’était pas mon cas donc je dormais. Le maître venait à la maison se plaindre à ma mère. J’ai laissé tomber tout ça.


Chez Basie c’était pareil, il y avait toujours quelqu’un qui ne connaissait pas sa partition. Il me semble que si un musicien ne sait pas lire à vue, il doit le dire et on doit l’aider, ou lui donner sa partition à étudier avant. Mais Basie ne faisait pas ça. Je lui en ai parlé plusieurs fois mais il n’en tenait aucun compte. Vous deviez rester assis là et jouer et rejouer le morceau encore et encore! »


Puis Fletcher Henderson


« J’ai rejoint Fletcher Henderson en 1934 à Detroit. Basie était à Little Rock alors et Henderson m’offrait plus d’argent. Basie m’a dit que je pouvais y aller.


Je suis resté avec Fletcher environ six mois. L’orchestre ne travaillait pas beaucoup. Avec Andy Kirk six mois à peu près, également. Travailler avec Kirk était merveilleux. Puis Basie à nouveau jusqu’à ce que je sois appelé à l’armée en 1944.


Qu’est-ce qui est arrivé d’autre dans cette période ? Vous voulez dire sur le plan personnel ? Non non il n’y a eu que la musique. C’est tout ce qui est arrivé.  « 



Puisqu’on vient de lire les propos de Lester vous voudriez c’est naturel entendre sa voix. Deux occasions: d’abord un morceau très rare sur lequel il chante! ( Two to Tango ), avec en bonus le faux départ.


Two to Tango ladies and gentlemen:




L’autre document est une partie de l’interview de Lester par François Postif en 1959, très peu de temps avant sa mort. Même si comme moi vous ne comprenez pas tout, compte tenu de la médiocrité de l’enregistrement et de la façon spéciale qu’a Lester de s’exprimer, ce document est particulièrement émouvant.


Lester Speaking ladies and gentlemen:




A bientôt petits amis...





mercredi 17 août 2011

New York et Chicago

Chers petits amis je vous ai dégoté un document de première dont vous me direz des nouvelles. Il s'agit d'une vidéo repiquée d'une émission de télé, vraisemblablement le Steve Allen Show, tournée en 1959 au Birdland qui recevait le big band de Count Basie.

L'émission est présentée par Steve Allen lui même qui fait montre d'une petite dextérité basienne au piano aux côtés du Count. Il faut rappeler que Steve Allen, outre un présentateur télé notable, a composé plus de Mille Chansons.

L'intérêt est la visite du Birdland évidemment. A l'entrée Allen croise et salue le présentateur vedette le MC Pee Wee Marquette, célèbre par sa petite taille et sa voix de fausset, c'est lui que vous entendez annoncer l'orchestre de Art Blakey avec Clifford Brown dans le célèbre Blue Note  A night at Birdland . PW était unanimement détesté des musiciens qu'il tentait d'escroquer au motif de leur réserver un bon traitement de présentation.

L'intérieur du Birdland n'est plus celui de son inauguration quand on avait suspendu des cages avec des oiseaux vivants, rapidement tués par la fumée et la chaleur des clubs de cette époque !

L'orchestre du Count est au mieux de sa forme. Vous reconnaitrez sa rythmique :Eddie Jones à la basse, l'inamovible Freddie Green à la guitare et le vif argent Sonny Payne à la batterie. Joe Newman prend le solo de trompette, vraisemblablement Benny Powell celui de trombone et peut être Frank Wess au ténor.


Le birdland existe toujours mais plus au même endroit historique, sur Broadway entre la 52 ème et la 53 ème rue. Ce club avait été nommé en l'honneur de Charlie Parker, dont les frasques avaient conduit le management du club à l' en bannir plus tard .

La qualité d'image et de son n'est pas optimum bien sur mais c'est à ma connaissance le seul document vidéo sur le Birdland. Il y a bien sur un disque, celui là, enregistré au Birdland mais deux ans plus tard en 1961.


Enjoy !



Sweet home chicago

Bonnes nouvelles de nos édiles. Après une rue Duke Ellington à Limoges (!) une rue Buddy Guy à Chicago. Ce deuxième baptème a évidemment plus de sens que le premier ; les liens entre Buddy Guy et Chicago étant plus évidents que ceux du Duke avec Limoges (!)


La rue en question, ne rêvons pas, ne sera qu'une portion de Wabash Street, celle qui justement passe devant le club que possède Buddy, le Buddy Guy's. J'ai passé une soirée en 2009 dans ce club dont le décor évoque les « joints » des années 50 mais dont la clientèle est majoritairement blanche et pour partie touristique. Pour autant la musique est elle sans concession et le groupe du chanteur harmoniciste Joe Drummer, peu connu ici, était de premier ordre. Tiens une photo de l'ambiance avec la légendaire guitare à pois du maître :


Buddy joue quelque fois dans son club entre deux tournées mais ces fois là il vaut mieux réserver...

Buddy Guy est un des derniers représentants en activité de la grande époque du Chicago Blues ; Muddy Waters, Little Walter, Willie Dixon qu'il a accompagnés dans l'écurie Chess avant une brillante carrière solo.
Cette décision est une des premières du nouveau maire de Chicago, Rahm Emanuel, qui est l'ancien chef de cabinet de Obama. Il a succédé au long règne de Richard M Daley dont le père Richard J Daley avait déjà été maire. Curieusement le fils du maire a obtenu un secrétariat d'état et ainsi Obama continue de controler son fief par Emanuel interposé.

Quoiqu'il en soit de cette cuisine électorale un maire qui donne le nom de Buddy Guy à une rue de la ville ne peut pas être complètement mauvais.

Un petit Buddy ?



A bientôt chers petits amis...

mardi 16 août 2011

Clark et Webster

Clark et Louis


Tout d’abord un mot de la santé de Clark Terry, Mr CeeTee . Opéré récemment de la jambe, à 90 ans les opérations ne sont jamais bénignes, il va pour le mieux. Tous les amateurs sérieux de Jazz, y en a-t-il qui ne le soient pas ?,ont forcément une tendresse particulière pour Clark Terry, merveilleux musicien dont le talent et l’exceptionnelle longévité musicale fait qu’on ne peut pas le rater dès qu’on s’intéresse à cette musique.


A son propos le bloggeur Doug Ramsey nous rappelle que CT est non seulement un grand musicien mais un homme de cœur et d’action. Circulant en bus dans la Nouvelle Orléans en 1969, il avait naturellement été choqué qu’aucune statue ne commémorât le plus illustre des enfants de Crescent City, Louis Armstrong évidemment, alors qu’un paquet de présidents Sud Américains y avait leur statue, en pied ou équestre. Cette injustice devait être réparée et CT a créé un fonds dans ce but  mais surtout a développé une intense action de lobbying auprès des édiles pour faire avancer son projet.  En 1980, sous l’œil approbateur et surement vaguement clientéliste du maire et d’un secrétaire d’état ainsi que de la veuve de Louis, Lucille, la statue était inaugurée dans un parc baptisé du nom de Pops. 


Depuis le départ de Dizzy il nous manque un Jazzman candidat à la présidence. Si Obama ne se représente pas en 2013, je suis partisan de la candidature de CT. CT président! CT président!


Un petit Clark Terry messieurs dames ?





Unsung Heroes


Ceux qui ont lu mon petit papier sur le tubiste Ray Draper ont peut être remarqué un trompettiste nommé Webster Young dans un des deux enregistrements de Ray. Peut être aussi aux côtés de Jackie McLean ou John Coltrane, toujours à la fin des années 50.


Encore un de ces météores dont Gaston a le secret vous dîtes vous. Genre mort à 25 ans après un début de carrière prometteur, brisé par la drogue, l’alcool, le schéma classique quoi!


Et bien vous n’y êtes pas du tout, Webster est mort dans son lit à 71 ans et dans l’Oregon s’il vous plait.




Je ne sais pas expliquer pourquoi un jeune trompettiste, reconnu de ses pairs disparait de la scène aussi rapidement qu’il y était entré. Pour autant Webster est resté dans la musique, bricolant à droite et à gauche, même un moment directeur musical du groupe de Ike et Tina Turner . Il aurait effectué une tournée européenne en 1980 avec le trio du pianiste Rein DeGraff. Bien qu’ amateur de Jazz actif à l’époque je n’en ai aucun souvenir.


Flashback: à dix ans le jeune Webster découvre la musique grâce au film Cabin in the sky, tanne sa mère pour obtenir une trompette, rencontre Louis Armstrong dans les coulisses d’un théatre et s’entiche de Dizzy Gillespie au point de s’habiller comme lui et de gagner le surnom de little Diz. Plus tard c’est à Miles Davis qu’il vouera son admiration au point de caler son jeu sur le sien.


Tout ça et ses enregistrements comme sideman ne vaudraient pas qu’on s’y arrête plus que ça si notre Webster avait produit un cher d’œuvre, ça:




Dédié intégralement à Billie Holiday dont le pianiste et arrangeur de la séance Mal Waldron était à l’époque l’accompagnateur, ce disque bénéficie d’un vrai bonheur de casting. Outre Mal, Paul Quinichette est au sax et vaut bien mieux que sa réputation de simple épigone de Lester Young. Les délicats entrelacs de Joe Puma à la guitare, les chansons de Billie et le phrasé intimiste de Webster viennent compléter les ingrédients pour une recette particulièrement réussie, à base de nostalgie brumeuse.




Pour la petite histoire, Webster pour cette séance avait emprunté le cornet de Miles lui-même.


Malgré ce petit bijou, notre ami a disparu du radar hormis un double disque consacré aux thèmes de Miles Davis sur lequel je n’ai jamais pu mettre la main.




Le disque en question est par contre à portée de la votre et je ne saurais trop vous le recommander.


Comme j’ai l’esprit de contradiction, j’ai sélectionné un extrait du disque de Jackie Maclean, avec Webster, qui comporte une curiosité. Ne vérifiez pas votre installation, tout est normal mais Jackie joue ici, ce qui est très inhabituel, du ténor.


Webster Young ladies and gentlemen 




A bientôt petits amis...