dimanche 25 septembre 2011

A bientôt...

Depression blues


J’ai lu récemment un papier intitulé Jazz et Pauvreté. Malheureusement j’ai oublié le nom de l’auteur et celui du journal, quelle tête de linotte fais- je !


Quoi qu’il en soit je me souviens par contre parfaitement du sujet. En cette période de craintes sur les économies, plafond de la dette, chute boursière, crise des finances publiques, menace de récession, l’auteur s’interrogeait sur le lien entre la prospérité économique ou la récession voire la dépression et la santé du Jazz. Un peu futile certes devant des menaces autrement sérieuses mais sujet intéressant. Selon lui le rapport est loin d’être évident, voire inverse à ce qui pourrait être imaginé.


L’exemple est celui de la grande dépression des années 30 où le Jazz n’a jamais été aussi florissant, big bands à gogo tournant dans tout le pays, clubs comme le Cotton Club ou le Savoy bondés, ventes de disques record, succès phénoménal du nouveau média: la radio.


Il est vrai que cette observation a pu être faite à d’autres époques, de l’intense vie artistique et culturelle berlinoise de la république de Weimar dévastée économiquement aux nuits fébriles des heures de l’occupation à Paris quand les cinémas étaient pleins.


Voilà un bon sujet pour le CNRS; j’imagine bien une équipe pluridisciplinaire d’économistes et d’historiens de la musique travaillant sur ce sujet. Le seul problème est que leurs travaux ne seraient en rien prédictifs; le passé n’étant pas garant de l’avenir.


Le jazz depuis son origine a survécu à tout, crises, guerres, prospérité même. Il est vrai qu’historiquement ce n’est pas dans les périodes les plus fastes qu’il se porte le mieux; la période de prospérité des 30 glorieuses aux Etats Unis a plutôt favorisé l’émergence de musiques bâtardes comme le Rock n Roll que le Jazz. 


Personne de sensé ne souhaiterait une cure d’austérité sévère pour favoriser sa musique préférée, ce ne serait pas sérieux. 


Pour accompagner ces propos sinistres, je ne vois que le Recession Blues de BB King.


BB King Ladies and Gentlemen :




Chers petits amis,

Vous vous souvenez sans doute, lecteurs attentifs, que pendant que vous rôtissiez ce mois d' Août sur les plages ensoleillées, votre amis Gaston postait messages sur messages, à propos de petits musiciens oubliés, dont la lecture agrémentait votre sieste !

Ce bon temps est temporairement fini car Gaston prend lui aussi des vacances figurez vous ! Gaston part en Chine, Gaston sera trois semaines à Shanghai et ses environs pendant que vous pesterez dans les embouteillages urbains ou que vous subirez les mauvaises humeurs de votre N+1...

Ce blog est donc « fermé pour congés annuels » mais stay tuned car, dès mon retour, je reprendrai le collier.(1)

A bientôt donc et bon courage aux héroïques travailleurs qui continueront à produire le PIB que je dépenserai sans compter auprès de sournois commerçants chinois...

(1) je prévois de recommencer avec un papier sur Joe « be bop » Carroll, c'est pas du teasing ça ?

vendredi 23 septembre 2011

Unsung Heros : Oscar Aleman



Savez-vous de qui le critique ( alors encore anglais ) Leonard Feather a écrit en 1939 dans Melody Maker: « Il est vraiment un guitariste sensationnel. Il joue d’un instrument entièrement métallique ( une « National » ); sa sonorité, son phrasé, son swing et son attaque sont tels que si quiconque mentionne Django Reinhardt devant moi je lui lancerai un regard glacé. Même dans ses brefs chorus, on peut affirmer qu’il possède plus de swing que tout autre guitariste du continent » ? 


Pour vous aider, la même année, dans Down Beat, l’américain James Holloway écrivait du même artiste : «  Argentin aux traits durs, il paraît sur scène, grimpe sur un haut tabouret et se plante sous un micro avec un projecteur faisant ressortir sa chemise blanche, sa guitare métallique et ses cheveux ondulés immaculés. Comme homme de section il produit un swing colossal et je ne suis pas certain de ne pas le préférer à Reinhardt. Comme soliste également il est renversant avec un son et un style particuliers. »


Vous y voyez plus clair maintenant. Et oui, notre argentin calamistré est le guitariste, bien méconnu aujourd’hui, Oscar Aleman.




A Buenos Aires notre Oscar a connu une enfance très malheureuse pendant laquelle il a exercé trente six métiers et trente six misères mais a appris a jouer du cavaquiho, sorte de ukulélé puis de la guitare; ce qui lui a ouvert les portes d’une carrière de musicien. Comme Django avec lequel il a énormément de similitudes il découvrira le Jazz, alors en plein essor,  Après une tournée dans le monde entier avec la troupe du danseur à claquettes Harry Fleming, il se fixera à Paris où il exercera  son talent dans l’orchestre de Joséphine Baker puis à son compte dans de nombreux cabarets parisiens. IL croisera évidemment son rival Django et prendra même l’habitude de le remplacer dans le quintet du HCF quand notre manouche oubliait de se réveiller, ce qui n’était pas inhabituel…


La guerre mettra un terme à cette brillante carrière européenne dont il nous reste des images et des enregistrements. Oscar retournera en Argentine où il fera une seconde carrière, moins nettement marquée Jazz et sombrera peu à peu dans l’oubli, ne subsistant qu’en donnant des cours de guitare, jusqu’à sa mort d’une cirrhose du foie en 1980.


Certain Oscar Alemanistes ont prétendu que notre héros avait influencé Django et était le  premier à jouer dans ce style. A mon avis ça ne résiste pas à l’analyse chronologique et Aleman était loin de la stature du génial manouche. Tel un caméléon, il s’était imprégné du style de Django à l’époque mais avec une personnalité propre indéniable et un charme certain. Comme Django plus tard, il avait séduit Duke Ellington qui souhaitait l’utiliser comme attraction dans l’ orchestre ( on sait qu’avec Django, après guerre, ça ne marchera pas vraiment en raison du caractère fantasque du guitariste ) mais en définitive le projet avorta. 


Il nous reste les enregistrements d’un artiste original qui faisait sonner sa guitare métallique comme personne. A la différence de Django, les quelques séquences filmées que nous avons ( ci-dessous ) extraites de films de l’époque ( vraisemblablement d’un obscur film français des années 30 et d’un film argentin de 1949 ) montre un « showman » incontestable qui en donnait au public pour son argent!


Quelques illustration musicales de la période européenne puis argentine de notre Oscar.


Oscar Aleman mesdames et messieurs:


Informations pratiques


Dans son journal l’os à moelle le regretté Pierre Dac donnait des infos pratiques surréalistes du genre : dimanche prochain la pharmacie Lopez de Santiago du Chili sera fermée !!


Je vous communique donc une info pratique moi aussi :


Vous avez encore le temps de vous rendre ce jour à 18 heures à la Abyssian baptist Church de Harlem ( 132 odell park place ) où se tiendra une célébration en mémoire de Frank Foster avec la participation de: Jimmy Heath, Cecil Bridgewater, Frank Wess et beaucoup d’autres. Point non négligeable le service sera assuré par le révérend Dr Calvin O. Butts III. Pour vous y rendre prenez le train 2,3,B ou C ou le bus M2 ou M7. 


C’est pas de l’info couleur locale ça ??


A bientôt chers petits amis…

mercredi 21 septembre 2011

JR Monterose

East coast, West Coast. La traditionnelle opposition entre deux styles, deux couleurs et deux modes de vie a été parfaitement illustrée par deux musiciens aux noms proches et tous les deux saxophonistes ténors: JR Monterose et Jack Montrose.

C’est le premier qui m’intéresse aujourd’hui: JR. D’abord une explication sur ce qui ressemble à un acronyme mais qui ne l’est pas. JR ne signifie pas « jeune révolutionnaire » ni «  japonais radin » mais tout simplement « Junior » . Tout ceux qui se souviennent de Dallas et de l’horrible JR joué par Larry Hagman viennent brusquement de tilter!

Alors que son presque homonyme Jack se la coulait douce dans les studios d’Hollywood ou sur les scènes d’Hermosa beach, JR crapahutait dans le New York de l’époque, tout sauf cool et même franchement speed…

Notre JR avait toutefois une particularité pour la East Coast, il était, comme Jack, tout ce qu’il y a de blanc; Ce qui pour Jack était commun, l’école West Coast étant majoritairement blanche, ne l’était guère pour JR ; ses commensaux New Yorkais étant tous tout ce qu’il y a de noirs.

Plongé dans un mouvement, le soi disant « Hard Bop », qui avec le R&B et la soul a sans doute été le plus revendicativement noir de l’histoire, notre JR détonait puisqu’avec le baryton Pepper Adams il était un des rares blancs à s’exprimer avec et comme les musiciens noirs de l’époque.

Pourtant né dans une famille ouvrière de Detroit, rien ne prédisposait notre Junior à jouer les sax hard bop aux côtés d’Horace Silver, Art Blakey ou Charles Mingus. Chez ce dernier il enregistrera avec Jackie McLean le très célèbre Pithecanthropus Erectus, avant de rejoindre les Jazz Prophets de Kenny Dorham, dont il nous reste une trace discographique , live au cafe bohemia.


Il avait rencontré Philly Joe Jones au début des années 50 quand celui-ci doublait Buddy Rich dans son big band et JR soufflait dans la section de saxes. On peut imaginer que la connection vers le milieu particulier du Hard Bop viennent de là. Malheureusement pour JR de là est venue également la connection vers la drogue dont Philly Joe était un consommateur/ pourvoyeur de première.

Son heure de gloire sera un magnifique disque en 1956 pour Blue Note avec Horace Silver, Philly Joe, Wilbur Ware et le ( cette fois car il joue de tout ) trompettiste Ira Sullivan . JR joue dans une veine Coleman Hawkins/ Sonny Rollins avec un style personnel énergique et dense.


Il enregistrera une poignée d’autres disques dont The Message en 1959 ( réédité chez Fresh Sound ) mais, certainement en raison de son mode de vie erratique et de son addiction ,il se contentera d’un role de sideman avant de se réfugier en Europe où il passera huit ans dans un petit village près de Bruxelles. De retour aux Etats Unis il sera essentiellement enseignant avant de disparaître victime d’un cancer en 1993.

Bon sujet de blindfold test ( qui est le sax ténor là, avec Mingus ou Silver ? ), JR n’aura pas eu, comme beaucoup d’autres, la carrière que son talent méritait Mais il nous reste ses quelques disques comme celui de 1956 chez Blue Note ou celui de 1959, dont vous trouverez ci-dessous, devant vos oreilles émerveillées, un extrait de chacun .

JR Monterose ladies and gentlemen:



concours de pochettes exceptionnelles:

celle là n'est pas mal:


A bientôt chers petits amis... 

lundi 19 septembre 2011

De bien étranges soirées

J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de la programmation du festival de Jazz de Montlouis sur Loire. Malheureusement, chaque année je déchante une fois que j'ai assisté à un des concerts de ce festival, me promettant de l'éviter la prochaine fois. L'année d'après j'ai oublié et la qualité de la programmation me fait y retourner, je (re)déchante et ainsi de suite depuis des années.

Qu'est ce qui vous défrise à ce point cher Gaston interrogez vous poliment ? J'explique :

Imaginez un parallélépipède d' une taille supérieure à celle d'un terrain de foot ball ; Des murs de parpaings recouvert d'une superstructure de tôle ondulée et un sol désespérément plat sur la plus grande partie du lieu. L'avantage incommensurable du sol plat dans les salles de spectacle est qu'il vous fait bénéficier de la vision des nuques et des coiffures des spectateurs vous précédant mais en aucun cas, je dis bien en aucun cas, du spectacle sur scène. Conscient de cette lacune les organisateurs dans leur mansuétude ont fait installer d'immenses écrans de chaque côté de la scène ; vous pensiez voir un spectacle vivant, vous verrez la projection d'un DVD sur écran géant ! Le prix à payer pour cette soirée de rêve est quand même de 29,95 € ( vingt neuf euros et quatre vingt quinze cents ) per capita !!

J'oubliais le public- précisons que généralement la salle est pleine ; tant mieux pour les artistes, il est déprimant de jouer devant une salle presque vide, mais tant pis pour moi - dont le côté Rock and Roll est marqué : tout droit sortis d'une assemblée du Lion's Club ou du Rotary on devine les messieurs clerc de notaire, entrepreneur en bâtiment, cadres bancaires locaux ou capitaine des pompiers . Les dames sont les dames qui vont avec les messieurs ; leurs plus beaux atours choisis sur le catalogue de la Redoute. La moyenne d'âge, selon mes calculs, est de 53 ans et trois mois...


Enfin, last but not least, une régie de cauchemar. Le son n'est évidemment pas facile à rendre dans une telle configuration de comice agricole et le résultat est à la hauteur des (dés)espérances ; bien qu' entendant convenablement l'anglais je n'ai pas compris un traître mot aux chansons de Liz McComb. Mais le clou est l'éclairagiste, dont je me demande encore s'il s'était échappé le matin même d'une maison spécialisée ou si l'abus de substances hallucinogènes pouvait seul expliquer sa créativité forcenée. Transformer la prestation de Liz McComb en pyrotechnie lumineuse ( chandelles vénitiennes, ah la belle bleue, ah la belle rouge!!) est un tour de force certes légèrement agaçant mais qui demande à être salué à la hauteur de la performance. Heureusement le lendemain, pour la prestation de Roy Hargrove il semblait avoir disparu du paysage. Je craignais déjà le pire .

Et la musique me demandez vous ? Rien à dire la Liz a délivré avec beaucoup de maestria son spectacle habituel. La présence d'un guitariste un peu chiqué a légèrement gâché les choses mais vu les conditions décrites plus haut je n'étais plus à ça près. Pour Roy Hargrove j'ai eu la chance d'être placé dans les premiers rangs et l'éclairagiste fou avait été rattrapé par ses gardiens. Très bon concert avec le groupe habituel où brille le sax Justin Robinson. J'aime beaucoup Roy qui m'avait épaté déjà il y a vingt ans lors de ses premières apparitions. Ma femme s'est ennuyée «  trop de Ballades » dit elle. C'est pourtant sur les ballades (1), genre difficile s'il en est, qu'on apprécie le mieux les qualités d'un musicien ou d'un groupe . Décidément je ne comprendrai jamais les femmes !

Je compte sur le temps, qui guérit toutes les blessures, pour me faire oublier tout ça et, la qualité de la programmation bla bla bla, j'y retournerai l' année prochaine...

Allez un petit Roy, avec Justin Robinson,

Roy Hargrove ladies and gentlemen:


A bientôt chers petits amis...

(1) à propos de ballades Roy a chanté la belle ballade «  never let me go », ce qui à ma connaissance est inhabituel chez lui.

samedi 17 septembre 2011

the legendary Hasaan

Il est peu probable que vous ayez jamais entendu parler de Hasaan Ibn Ali ; à moins que vous ne soyez, comme moi, un inconditionnel de Max Roach. En effet notre Hasaan n'a enregistré qu'un seul disque, celui là, justement sous l'égide de Max.


Arrêtons nous un moment sur ce patronyme bizarre : Hasaan Ibn Ali, qui n'était pas son vrai nom, notre lascar s'appelait en réalité William Henry Langford. Dans les années 50 et 60 les noms musulmans, avec la religion qui va avec, était plus que tendance dans la communauté africaine américaine, particulièrement chez les artistes, musiciens etc . L'influence de Elijah Muhammad puis de Malcom X était forte, forme de résistance au racisme ambiant et distinction identitaire mêlées. Après la mort de Malcom et la fin de la lutte pour les droits civiques, ce qu'il faut bien appeler une mode est passée. De nombreux scandales qui ont émaillé la vie du mouvement The Nation of Islam, forme institutionnelle de l'islamisme Africain Américain, n'en ont évidemment pas accru l'attractivité. Le 11 Septembre n'a rien arrangé de ce point de vue et les troupes de Louis Farrakhan, actuel leader du mouvement ont fondu comme neige au soleil de La Mecque. Les fréquentations douteuses, et vraisemblablement les financements qui allaient avec, de Farrakhan avec Kadhaffi ont fini de ternir sa réputation.

Louis Farrakhan

Quoiqu'il en soit, à l'époque, de nombreux musiciens ont adopté un patronyme islamique. C'est ainsi que Fritz Jones est devenu Ahmad Jamal, William Evans, Yusef Lateef et Art Blakey Buhaina. Si ce dernier a gardé son nom de scène les deux premiers sont restés scotchés avec leur nom musulman jusqu'à ce jour alors que leur foi musulmane est peut être aujourd'hui questionnable. A propos de Ahmad et Yusef ils ont joué ensemble cet été à Marciac ; Evènement considérable qui a été retransmis par France Musique mais qui, pour de fumeuses raisons de contrats, n'est pas disponible en Poadcast. Une fois de plus que font les pouvoirs publics ?

Revenons s'il vous plait à Hasaan dont il faut le dire nous nous sommes bien éloignés. Notre homme était de Philadelphie comme beaucoup de musiciens, de John Coltrane à Philly Joe Jones en passant par Lee Morgan. A propos de ce dernier, Philadelphie était une telle mine que le célèbre ensemble de 1958 des Jazz Messengers était, hormis Art, constitué uniquement d'originaires de Philly. Localement Hasaan était une « légende », un peu comme Willy Jones à Chicago ; le genre de type capable d'accompagner tous les musiciens de passage et qui néanmoins possédait un style personnel étrange. Son style s'inscrivait dans la lignée Thelonious Monk, Herbie Nichols, Elmo Hope. Il rend d'ailleurs hommage à ce dernier sous le titre Hope so Elmo. Dès l'age de 15 ans il jouait dans l'orchestre de Joe Morris où il croisera Johnny Griffin qui ne tarissait pas d'éloge sur lui.

Lassé d'une seule gloire locale il tentera sa chance à New York, déjà âgé de 33 ans ( l'age du Christ à sa mort ce qui en soi n'était pas un bon présage ) et, sur la recommandation de Kenny Dorham enregistrera ce disque avec Max Roach qui sera fréquemment réédité sous le nom de Max ( Max Roach trio ). En 1965 un second disque sera réalisé, avec son élève d'alors le sax Odeon Pope. Malheureusement non sorti à l'époque et les bandes disparaîtront dans l'incendie de l'entrepôt de la firme Atlantic en 1974. Décidément malchanceux il retournera dans sa ville natale où il disparaîtra en 1981 à l'age de 50 ans.

Il nous a laissé ce disque dont des générations d'amateurs se sont demandé qui était ce Hasaan et en quoi il était légendaire. Vous avez aujourd'hui une partie de la réponse !

Un petit extrait DU disque .

Hasaan Ibn Ali ladies and gentlemen.



Le vidéaste amateur de Jazz Bert Primack tient un blog vidéo chaque jour. Vous pourrez le trouver là :

Ci dessous celui d'aujourd'hui consacré à Cannonball Adderley. La question du jour : quel est votre disque préféré de Cannonball et votre solo préféré du susdit. Ma réponse personnelle : Celui avec Nancy Wilson et le solo sur Waltz for Debby avec Bill Evans . Et vous ?



A bientôt chers petits amis...

jeudi 15 septembre 2011

Elek Bacsik

On fait maintenant des sondages sur tout. La période qui vient, avec les élections qui s'annoncent, ne va pas faillir à la règle et nous allons sans nul doute être abreuvés de chiffres dans tous les sens.

Rassurez-vous je ne vais pas vous parler des élections ni d'autres choses approchant mais comme à mon habitude du jazz qui lui aussi fait l'objet de sondages. Ça vous la coupe !

Une des nombreuses associations américaines a reçu un don de 200 000 $ pour effectuer une enquête d'opinion sur la fréquentation des concerts de jazz aux États-Unis. La jazz audience initiative, puisque c'est son nom, vient de rendre publiques les conclusions d'une enquête menée auprès des acquéreurs de tickets d'entrée dans 19 villes des États-Unis. Cela concerne essentiellement les grands événements comme jazz at the Lincoln center,Monterey jazz festival etc...


Un des enseignements de cette étude, qui n'est pas des plus réjouissantes par ailleurs, concerne la typologie de la population concernée : l'audience est essentiellement composée d'hommes, d'age moyen et à 80 % blanc. Seulement 17 % des sondés avaient moins de 45 ans !

Par ailleurs les acheteurs de tickets plus jeunes semblent avoir des goûts plus éclectiques que leurs aînés ; ce qui signifie moins de véritables amateurs de jazz purs et durs parmi la jeunesse, pourtant déjà mal représentée.

En réalité, comme souvent, les résultats d'une telle étude, à 200 000 $ rappelons le,ne sont guère surprenants et sont à l'image de ce que chacun peut observer en assistant à un concert. Peut-être que la jazz audience initiative aurait fait 200 000 $ d'économie en me demandant simplement mon avis !

Le seul point positif de cette étude et qu'il apparaît que « 70 à 80 % des sondés souhaiteraient assister à plus de concerts de jazz qu'ils ne le font actuellement ». Enfin je ne sais pas si c'est réellement positif car pris à l'envers cela signifie que 20 à 30 % des sondés trouvent que c'est largement suffisant ; peut-être ne viennent-ils à ces concerts que pour se montrer, accompagner leurs conjoints, ou avoir quelque chose à dire pour le prochain dîner en ville.

Je ne sais pas trop ce que les organisateurs peuvent tirer d'une telle étude. Pour ma part je crois que le jazz a montré son caractère cyclique ; on a prédit sa mort de nombreuses fois et il s'en est toujours relevé.

Unsung Heros

il y a peu de musiciens à la carrière aussi curieuse que celle d' Elek Bacsik. En effet, ce tzigane hongrois a connu une petite célébrité en France au début des années 60, puis a replongé ensuite dans l'anonymat quasi total.

Grand voyageur comme tous les tziganes (on le disait cousin de Django Reinhardt, ce qui était vraisemblablement faux) il était arrivé à Paris, après avoir visité la Suisse, le Liban, l'Espagne et l'Italie, en 1959. Intégré à la communauté des musiciens de jazz très rapidement, son grand talent de guitariste, inspiré à l'époque par Tal Farlow ou Jimmy Raney, lui a ouvert les portes d'une certaine notoriété . Il faut se rappeler que l'époque est plutôt favorable au jazz ;Jacques Loussier, les double six ou Lou Bennett connaissent plus qu'un succès d'estime. ça ne durera malheureusement pas.

Après avoir gravé plusieurs disques pour la défunte marque fontana, il accompagnera des vedettes de « variétés » comme Serge Gainsbourg qui écrira des lyrics sur une de ses musiques, ou Jeanne Moreau sur son unique disque de chanteuse. Il passera fréquemment à la télévision, représentant le jazz sur les écrans.


La série Jazz in Paris a réédité ses disques Fontana, qu'on doit donc trouver assez facilement.

Sentant sans doute que le marché était saturé et que le bon temps parisien ne durerait pas, notre héros s'empressera de filer aux États-Unis avec un orchestre tzigane. Désormais consacré complètement au violon électrique, il ne connaîtra malheureusement pas la carrière d'un Jean Luc Ponty. Il disparaîtra à Chicago en 1994.

Une illustration musicale où l'on voit notre Elek par la grâce du re-recording et du Play Back jouer simultanément de la guitare d'accompagnement, de la lead guitare et du violon.


Elek Bacsik ladies and gentlemen :


A bientôt chers petits amis...

mardi 13 septembre 2011

Mat Mathews

Accordion Mat


Le pianiste Pete Jolly, qui jouait aussi de l’accordéon disait : "Un homme bien élevé est quelqu’un qui sait jouer de l’accordéon mais qui ne le fait pas".


J’ai longtemps partagé cet avis tranché. Pour des raisons culturelles que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui. La rupture générationnelle, en matière de musique notamment, n’a sans doute pas d’équivalent historique avec celle des soi disant "Baby boomers" . Né et élevé dans une famille populaire de la banlieue parisienne, l’accordéon, quand j’étais adolescent, représentait tout ce que j’abhorrais, bal musette, moules frites et rouge qui tache quand j’en étais au rock and roll, jeans et coca cola.


Ma découverte du Jazz n’a pas réellement arrangé les choses. Peu persuadé à l’écoute de Gus Viseur, contemporain et compagnon de Django, ni de Marcel Azzola malgré ses tentatives Jazzifiantes, tout cela sentait encore la java honnie…


Mon premier contact avec un accordéon swinguant a été l’écoute d’un disque de Duke Ellington des années 30; l’orchestre accompagnant sur deux titres le chanteur-accordéoniste Joe Cornell, particulièrement  Accordion Joe très dansant et enlevé. Il était donc possible de faire quelque chose de Jazzique avec le piano à bretelles. Mais pouvait on imaginer autre chose que l’agréable mais limité Joe Cornell ?


La réponse viendra de Mat Mathews qui sera le premier à utiliser cet instrument dans le nouvel idiome be bop. Ses disques ne sont pas nombreux et le meilleur est celui-ci :






Avec un personnel de premier ordre, en 1956 ( Art Farmer, le corniste Julius Watkins, Gigi Gryce à l’alto , Herbie Mann, Oscar Pettiford et Kenny Clarke ).


En fait j’ai appris plus tard que Mat n’était pas du tout américain mais Hollandais et qu’il avait découvert le Jazz à la libération en fréquentant les bases et radios américaines. Son vrai nom était Mathieu Schwartz, patronyme qu’il détestait et prénom imprononçable en Amérique, d’où notre Mat Mathews…


Emigré aux Etats Unis comme ses voisins belges Bobby Jaspar ou Toots Thielmans, il y fera une petite carrière, accompagnant notamment la chanteuse Carmen McRae.


Son succès ayant été très limité il rentrera at home au début des années 60 et poursuivra une petite carrière de musicien ordinaire, arrangeant des choses pour la radio et jouant ici ou là. Il disparaîtra en 2009 à l’âge de 84 ans.


Il a eu le mérite d’essayer le premier d’adapter son instrument à la nouvelle tendance du Jazz, non sans une certaine réussite. L’accordéon depuis a repris un peu de poil de la bête, particulièrement en France avec Richard Galliano, ou ailleurs avec Art Van Damme.


Il reste que si on peut théoriquement swinguer avec n’importe quoi, l’accordéon avec son attaque paresseuse et sa sonorité…on va dire typée pour ne pas mécontenter les accordéonistes, ne se prête guère à l’exercice. Le talentueux  Mat Mathews n’en avait que plus de mérite. Filmé bien après son retour des States ( en 1997 précisément )…


Mat Mathews ladies and gentlemen:


A bientôt petits amis...

dimanche 11 septembre 2011

Louis-Ferdinand et le Jazz

"Voltaire faisait une remarque très judicieuse et, à mon sens, importante, très importante, très importante dans c'te petit domaine...Il disait, dans une certaine nation, à une certaine époque, il naît trois, quatre, cinq illuminations de caractère...Par exemple, il comptait Eschyle, Sophocle, Euripide, qui traitaient les mêmes tragédies à peu de chose près, n'est ce pas...Puis après, plus rien...Ben regardez le siécle d'Elisabeth, Marlowe, Shakespeare, Ben johnson, et pis après pft ! Fini...On tombe dans le casse graine...On tombe dans le...N'est ce pas, ça dégringole...C'est à dire qu'il n'y en a pas beaucoup, n'est ce pas, de ...Regardez les impressionnistes...Ben, il y a les impressionnistes, pis après, on a mangé de la sucée d'impressionnistes, pis maintenant, on finit dans l'abstrait, dans rien du tout n'est ce pas...ça pompe n'est ce pas...Y a ...Evidemment, un bonhomme ne peut pas faire tout le temps des preuves de passion, n'est ce pas...Au bout d'un moment, la passion est morte, y retombe et il a envie de dormir ou d'aller se reposer, n'est ce pas...Alors, c'est un peu ce qui se passe ...un bonhomme ne peut pas faire tout le temps des preuves de passion, n'est ce pas...Après on a beau agiter le morceau, n'est ce pas, pour arriver à...à dire le mot...une éjaculation, ben on ne la produit pas...voilà...L'bonhomme infiniment, se...se travaille énormément, pis y n'fait rien, parce qu'il n'a plus la puissance..."

Ce texte de 1960 n'est pas un texte écrit par Louis Ferdinand Céline, mais un entretien sur magnétophone avec l'ermite de Meudon recueilli et retranscrit par Jean Guénot. Bien qu'on s'imagine à tort que le style écrit de Céline s'apparentait au langage parlé, sa parole est fort différente de son écriture, quoique pas complètement.

Mais je ne suis pas là pour vous parler de Céline, l'homme qu'on adore haïr et l'écrivain qu'on admire, mais du Jazz. Voyez pas le rapport ? Bien sur Céline n'a jamais écrit sur le Jazz ni à propos du dit Jazz ni, à mon avis, su exactement de quoi il s'agissait . Quoi qu'il utilisât le mot parfois, essentiellement pour caractériser le style de certains écrivains américains, et, je crois, celui de Paul Morand ; ce qui n'avait guère de signification. Sans doute pour Louis Ferdinand le Jazz était une musique enjuivée qui participait du vaste complot contre l' occident chrétien, lequel d'ailleurs ne trouvait guère grâce à ses yeux non plus. Sacré Ferdine !

Non, le propos est le sens du texte lui même qui s'applique parfaitement au Jazz. Le Free Jazz, par exemple, produit des maîtres, Archie Shepp- Marion Brown- Albert Ayler- et des chefs d 'oeuvre dans la dernière partie des années 60 ( des tas de scories également ) puis plus rien ; Dans les années 70 la musique s' abâtardit complètement dans la fusion qui a été le pire que le Jazz ait donné, comme si le siècle était épuisé et, comme dit Céline, "la passion est morte". Il y a évidemment des raisons extra musicales à tout cela ; la période considérée est celle du grand remue ménage de la jeunesse baby boomeuse, de la guerre du Viet-Nam et tutti quanti. D'autres que moi ont sans doute analysé le phénomène.

Ce que dit Céline est vrai des périodes mais également de certains musiciens. Examinons le cas de Coleman Hawkins : Après ses années de tâtonnements chez Fletcher Handerson, il enregistre Body and soul en 1939 ; tout est dit. Hawkins ne changera plus sa manière qu'à la marge. Sa sonorité changera pour une raison triviale de changement de bec mais il continuera imperturbablement de faire du Body and Soul jusqu'à sa mort trente ans plus tard. "un bonhomme ne peut pas faire tout le temps des preuves de passion, n'est ce pas." nous dit Céline qui pourtant ne connaissait pas Coleman Hawkins. On pourrait multiplier les exemples : Thelonious Monk en est un autre, après quelques tentatives lui aussi, auprès de Hawkins justement, il apparaîtra dès les années 50, habillé de pied en cap du système monkien auquel il ne changera plus un iota. Ecoutez les premiers enregistrements chez Blue note et les derniers, vous comprendrez "Au bout d'un moment, la passion est morte, y retombe et il a envie de dormir ou d'aller se reposer, n'est ce pas dit le maître avec justesse puisqu' au bout du compte Thelonious est allé se reposer, puis mourir.


Même les musiciens mineurs ou considérés comme tels n'échappent pas à cette règle . Johnny Griffin définit sa manière précisément, dès son premier disque leader, en 1956. Toute sa vie il jouera, jusqu 'à son dernier souffle musical enregistré, en 2008, d'une façon identique, restant insensible aux différents et nombreux courants, genres et expériences qu'il pourra côtoyer durant sa longue carrière.

Puisqu'on fait dans le littéraire aujourd' hui laissez moi vous recommander le dernier Paul Auster : Sunset Park que je lis en Anglais mais qui vient de sortir traduit chez Actes Sud ( à 22,80 € tout de même, vive le prix unique, vive Jack Lang ! ). Un des personnages est batteur de Jazz parce que, dit il, le Jazz est mort et ne concerne plus qu'une élite. Cela me rappelle le mot de Frank Zappa : "Jazz is not dead, it just smells funny "

Pour terminer un petit cadeau, Tony Bennett au Steve Allen Show.

Tony Bennett ladies and gentlemen:


A bientôt petits amis...

vendredi 9 septembre 2011

New Orleans

Pour ceux qui ont suivi le traumatisme post-Katrina et ceux qui ont vu la série Treme ( cf mes précédents messages ) un message d’espoir lu dans le New Orleans Times-Picayune, sous la plume de Keith Spera:


Inauguration du Centre musical Ellis Marsalis.


Mercredi après midi, Harry Connick jr et Brandford Marsalis ont coupé le traditionnel ruban au centre musical Ellis Marsalis, le nouveau centre communautaire pour les arts et l’éducation, au budget multi millionnaire en dollars. 


Comme ils présentaient le centre aux journalistes, ils semblaient aussi heureux de le montrer qu’impatients de l’utiliser: «  C’est incroyable pour nous d’être finalement là, nous sommes réellement enthousiastes. »


Brandford et Harry


S’il n’y avait pas eu l’ouragan Katrina, il n’y aurait pas eu de centre Ellis Marsalis.


"Je me sentais coupable du même défaut que notre ville a eu pendant cent ans : Se cramponner aux traditions et penser que les choses resteraient éternellement les mêmes " dit Connick " Personne n’imaginait qu’un ouragan puisse mettre la ville sous l’eau. Personne n’imaginait que nos traditions musicales puissent être en danger " .


"L’ouragan a en définitive permis d’ouvrir le dialogue."


A la suite de la catastrophe le logement a été le problème le plus criant. Connick et Marsalis ont trouvé un partenariat avec  New Orleans Area Habitat for Humanity pour développer un village pour les musiciens. Depuis le début, dit Connick, le projet incluait un centre musical et culturel. Les 72 logements du village ont été construits avec l’aide de centaines de volontaires. La construction a coûté près de 7.5 millions de dollars. "Nous n’avons lésiné sur rien" dit Connick "tout est de première classe !" .




La salle de spectacle est cablée pour l’enregistrement et le "streaming on line"  . Avec son écran rétractable, le lieu peut être utilisé en salle de projection.. Brandford nous indique qu’il a l’intention d’enregistrer ses albums sur place.


Il y a également un laboratoire informatique, une petite librairie musicale et des salles de répétition.




Le parc Toddler, qui fait face au centre, est équipé de structures sonores et d’une promenade décorée de touches de piano et des notes de "When the saints go marchin’ in".


Les mères peuvent s’installer dans le parc avec leurs enfants pendant que les grands frères prennent leurs leçons de musique à l’intérieur.


Le centre a été partiellement financé par une taxe spéciale sur les spectacles et des donations.


Le Dave Matthews band a mis en place un "challenge grant" de 1,5 millions de dollars; c’est-à-dire qu’il doublait chaque donation de ses fans jusqu’à ce montant. En reconnaissance la cafétéria, envisagée comme un lieu de réunion des musiciens locaux, prendra le nom du Matthews band.


Selon Connick, le nom de Ellis Marsalis pour le centre s’est imposé unanimement. Ellis a passé des décennies dans l’éducation musicale, y compris un long passage au New Orleans Center for Creative Arts- où il a enseigné au jeune Connick- ainsi qu’à l’université de la Nouvelle Orléans.


Brandford voit cet honneur comme "un symbole  pour tous les professeurs inconnus qui ne reçoivent pas de reconnaissance pour leur travail fait pour l’amour de la musique et de leurs étudiants."


Ellis est très impliqué dans le programme du Centre, et devrait être présent la plupart du temps.


La directrice du centre, Michele Jean-Pierre, nous dit que " les adolescents à la Nouvelle Orléans ont besoin d’activités post-scolaires structurées. La musique est une part de notre tradition et les gosses adorent ça. L’enseignement de la musique n’est plus aussi facile qu ’avant Katrina. L’enseignement de l’art et de la musique est ce qu’on supprime en premier lieu quand les temps sont difficiles. "  


Connick et Brandford Marsalis font partie du conseil d’administration du Centre. Bien que Connick vive à New York et Brandford en Caroline du Nord, ils entendent bien utiliser le centre quand ils seront présents et le promouvoir activement lors de leurs voyages.


" Il y a beaucoup de gens qui font des choses formidables à travers le monde et c’est bien " dit Connick " Mais nous sommes dévoués entièrement à notre ville. C’est l’engagement d’une vie. " 


Marsalis raconte l’histoire de sa rencontre avec un coiffeur dont le rêve d’enfant était d’ étudier la musique classique mais à laquelle il n’a eu aucun accès.


Le centre dit Marsalis est "une façon de changer les choses ".


Vous l’avez compris c’est une belle histoire à l’américaine. Il ne manque plus que l’invocation de Dieu pour faire totalement couleur locale. Ne soyons toutefois pas trop sarcastique; les américains dans l’adversité nous donnent souvent une leçon d’optimisme et d’esprit positif dont nous sommes généralement dépourvus.


Pour illustrer musicalement cette revue de presse, la famille Marsalis au grand complet: Ellis, Wynton , Brandford, Delfayo au trombone et Jason à la batterie. Je plains le bassiste qui doit se sentir exclu, à moins que ce ne soit un cousin !


The Marsalis family ladies and gentlemen:




A bientôt petits amis...

mercredi 7 septembre 2011

Ambrose et Jerry

Crise financière


Comme à mon accoutumée je me suis rendu à la FNAC pour les achats indispensables à la vie de l’homme du XXIème siècle ( cartouches d’encre pour imprimante, Bouquins etc…) . Détour par le rayon CD Jazz, de plus en plus maigre soit dit en passant, mon attention est attirée par le dernier CD de Ambrose Akinmusire, jeune prodige dont on dit le plus grand bien et dont je n’ai jusque là pas entendu encore une seule note. Zou, je rajoute le prodige à ma pile d’achats et ce n’est qu’à la caisse que je m’enquiers du prix. Tenez vous bien chers petits amis = 17,50€ , vous lisez bien dix sept euros et cinquante centimes!!!  Conscient de l’arnaque j’ai reposé le prodige soigneusement sur son rayon, et ai perdu ma place dans la file du coup; je vis une vie exceptionnellement aventureuse. Réfléchissons ensemble et imaginons un jeune homme désargenté comme nous l’avons tous été plus ou moins. Imaginons ce jeune homme mélomane soit quatre ou cinq disques par mois pour assouvir sa soif culturelle. A ce blot là c’est un budget , insoutenable, de 100 euros mensuel. Que font les pouvoirs publics ? 




A propos de pouvoirs publics je viens de voir le président à la télévision; costume sombre, cravate du même métal, sérieux comme un jeune pape. C’est incroyable à quelle vitesse les choses changent. Ses frasques de débuts de quinquennat semblent totalement oubliées. Les folies ancillaires du prétendant socialiste le font maintenant passer pour un parangon de vertu; presque pépère quoi! Mais s’il veut ma voix il doit préalablement faire quelque chose pour le prix des CD de Ambrose A. Je n’en démordrai pas, il est maintenant prévenu.


Allez Ambrose "17,50 €" Akinmusire ladies and gentlemen:




RIP

On vient d’apprendre la disparition de Jerry Leiber à l’age de 78 ans. Ce nom ne vous dit probablement rien sauf qu’accolé à celui de Mike Stoller ça donne Leiber et Stoller et peut être ça commence à vous parler.

Si vous pensez aux glaces Ben et Jerry vous avez tout faux. Leiber et Stoller étaient des auteurs/compositeurs de centaines de chansons, dans la grande tradition américaine depuis les frères Gershwin. La différence était que leur art ne s ‘appliquait pas aux comédies musicales comme d’habitude mais aux racines du rythm & blues.


Jeune juifs californiens, Mike et Jerry, qui avaient le même âge, trainaient dans les établissements noirs de Central Avenue à Los Angelès aux début des années 50. Leurs goûts pour la musique populaire noire et le Jazz était tel que Mike avait même pris des leçons de piano avec le grand James P. Johnson.

Doués et parfaitement complémentaires, Mike à la musique et Jerry aux paroles, ils ont commencé à fournir des chansons aux groupes de Rythm and blues. C’est par hasard qu’ un jeune bouseux du Sud a piqué une de leurs chansons à Big Mama Thornton. Le bouseux était Elvis Presley et la chanson Hound Dog qui est devenue un succès. Nos héros n’aimaient guère la version de Elvis mais le succès appelant le succès ils écriront un paquet de titres pour le King, dont Jailhouse Rock.

Mais c’est chez le label Atlantic des frères Ertegun qu’ils donneront leur pleine mesure d’auteur compositeur mais aussi de producteurs de groupes comme les Coasters ou les Drifters, d’artistes comme Ruth Brown ou Big Joe Turner. A cette occasion ils écriront un standard indémodable du R&B: Kansas City ( here I come…) et auront un succès énorme avec le Stand by me de Ben E. King. Ils sont également les responsables du très astucieux On Broadway ou du poétique Spanish Harlem.

Cette tradition des duettistes de ce genre, très répandue aux Etats Unis n’existe guère ici, si on excepte la fugace collaboration, dans un tout autre genre, de Prévert et Kosma.

Un petit Hound Dog, l’original par Big Mama :



A bientôt petits amis...