East coast, West Coast. La traditionnelle opposition entre deux styles, deux couleurs et deux modes de vie a été parfaitement illustrée par deux musiciens aux noms proches et tous les deux saxophonistes ténors: JR Monterose et Jack Montrose.
C’est le premier qui m’intéresse aujourd’hui: JR. D’abord une explication sur ce qui ressemble à un acronyme mais qui ne l’est pas. JR ne signifie pas « jeune révolutionnaire » ni « japonais radin » mais tout simplement « Junior » . Tout ceux qui se souviennent de Dallas et de l’horrible JR joué par Larry Hagman viennent brusquement de tilter!
Alors que son presque homonyme Jack se la coulait douce dans les studios d’Hollywood ou sur les scènes d’Hermosa beach, JR crapahutait dans le New York de l’époque, tout sauf cool et même franchement speed…
Notre JR avait toutefois une particularité pour la East Coast, il était, comme Jack, tout ce qu’il y a de blanc; Ce qui pour Jack était commun, l’école West Coast étant majoritairement blanche, ne l’était guère pour JR ; ses commensaux New Yorkais étant tous tout ce qu’il y a de noirs.
Plongé dans un mouvement, le soi disant « Hard Bop », qui avec le R&B et la soul a sans doute été le plus revendicativement noir de l’histoire, notre JR détonait puisqu’avec le baryton Pepper Adams il était un des rares blancs à s’exprimer avec et comme les musiciens noirs de l’époque.
Pourtant né dans une famille ouvrière de Detroit, rien ne prédisposait notre Junior à jouer les sax hard bop aux côtés d’Horace Silver, Art Blakey ou Charles Mingus. Chez ce dernier il enregistrera avec Jackie McLean le très célèbre Pithecanthropus Erectus, avant de rejoindre les Jazz Prophets de Kenny Dorham, dont il nous reste une trace discographique , live au cafe bohemia.
Il avait rencontré Philly Joe Jones au début des années 50 quand celui-ci doublait Buddy Rich dans son big band et JR soufflait dans la section de saxes. On peut imaginer que la connection vers le milieu particulier du Hard Bop viennent de là. Malheureusement pour JR de là est venue également la connection vers la drogue dont Philly Joe était un consommateur/ pourvoyeur de première.
Son heure de gloire sera un magnifique disque en 1956 pour Blue Note avec Horace Silver, Philly Joe, Wilbur Ware et le ( cette fois car il joue de tout ) trompettiste Ira Sullivan . JR joue dans une veine Coleman Hawkins/ Sonny Rollins avec un style personnel énergique et dense.
Il enregistrera une poignée d’autres disques dont The Message en 1959 ( réédité chez Fresh Sound ) mais, certainement en raison de son mode de vie erratique et de son addiction ,il se contentera d’un role de sideman avant de se réfugier en Europe où il passera huit ans dans un petit village près de Bruxelles. De retour aux Etats Unis il sera essentiellement enseignant avant de disparaître victime d’un cancer en 1993.
Bon sujet de blindfold test ( qui est le sax ténor là, avec Mingus ou Silver ? ), JR n’aura pas eu, comme beaucoup d’autres, la carrière que son talent méritait Mais il nous reste ses quelques disques comme celui de 1956 chez Blue Note ou celui de 1959, dont vous trouverez ci-dessous, devant vos oreilles émerveillées, un extrait de chacun .
JR Monterose ladies and gentlemen:
JR Monterose ladies and gentlemen:
concours de pochettes exceptionnelles:
celle là n'est pas mal:
A bientôt chers petits amis...
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