mardi 13 septembre 2011

Mat Mathews

Accordion Mat


Le pianiste Pete Jolly, qui jouait aussi de l’accordéon disait : "Un homme bien élevé est quelqu’un qui sait jouer de l’accordéon mais qui ne le fait pas".


J’ai longtemps partagé cet avis tranché. Pour des raisons culturelles que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui. La rupture générationnelle, en matière de musique notamment, n’a sans doute pas d’équivalent historique avec celle des soi disant "Baby boomers" . Né et élevé dans une famille populaire de la banlieue parisienne, l’accordéon, quand j’étais adolescent, représentait tout ce que j’abhorrais, bal musette, moules frites et rouge qui tache quand j’en étais au rock and roll, jeans et coca cola.


Ma découverte du Jazz n’a pas réellement arrangé les choses. Peu persuadé à l’écoute de Gus Viseur, contemporain et compagnon de Django, ni de Marcel Azzola malgré ses tentatives Jazzifiantes, tout cela sentait encore la java honnie…


Mon premier contact avec un accordéon swinguant a été l’écoute d’un disque de Duke Ellington des années 30; l’orchestre accompagnant sur deux titres le chanteur-accordéoniste Joe Cornell, particulièrement  Accordion Joe très dansant et enlevé. Il était donc possible de faire quelque chose de Jazzique avec le piano à bretelles. Mais pouvait on imaginer autre chose que l’agréable mais limité Joe Cornell ?


La réponse viendra de Mat Mathews qui sera le premier à utiliser cet instrument dans le nouvel idiome be bop. Ses disques ne sont pas nombreux et le meilleur est celui-ci :






Avec un personnel de premier ordre, en 1956 ( Art Farmer, le corniste Julius Watkins, Gigi Gryce à l’alto , Herbie Mann, Oscar Pettiford et Kenny Clarke ).


En fait j’ai appris plus tard que Mat n’était pas du tout américain mais Hollandais et qu’il avait découvert le Jazz à la libération en fréquentant les bases et radios américaines. Son vrai nom était Mathieu Schwartz, patronyme qu’il détestait et prénom imprononçable en Amérique, d’où notre Mat Mathews…


Emigré aux Etats Unis comme ses voisins belges Bobby Jaspar ou Toots Thielmans, il y fera une petite carrière, accompagnant notamment la chanteuse Carmen McRae.


Son succès ayant été très limité il rentrera at home au début des années 60 et poursuivra une petite carrière de musicien ordinaire, arrangeant des choses pour la radio et jouant ici ou là. Il disparaîtra en 2009 à l’âge de 84 ans.


Il a eu le mérite d’essayer le premier d’adapter son instrument à la nouvelle tendance du Jazz, non sans une certaine réussite. L’accordéon depuis a repris un peu de poil de la bête, particulièrement en France avec Richard Galliano, ou ailleurs avec Art Van Damme.


Il reste que si on peut théoriquement swinguer avec n’importe quoi, l’accordéon avec son attaque paresseuse et sa sonorité…on va dire typée pour ne pas mécontenter les accordéonistes, ne se prête guère à l’exercice. Le talentueux  Mat Mathews n’en avait que plus de mérite. Filmé bien après son retour des States ( en 1997 précisément )…


Mat Mathews ladies and gentlemen:


A bientôt petits amis...

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