Coup de cœur quotidien
Je suis tout sauf un collectionneur . Pourtant la collectionnite nous frappe tous insidieusement quelques soient les efforts que l'on fasse pour s'en prémunir. C'est ainsi que, malgré moi, je me suis surpris à rechercher l'intégrale des enregistrements de certains musiciens. Parfois pour des raisons évidentes : John Coltrane ou Duke Ellington ont laissé une œuvre qui chronologiquement a du sens- ou du moins c'est ce que je m'objecte pour justifier ma collectionnite frénétique. Parfois une tendresse pour un musicien que j'aime particulièrement peut excuser la manie- c'est le cas d' Hank Mobley ou Jimmy Forrest par exemple. Mais comment expliquer que je ne puisse résister à une nouvelle réédition du chanteur Jimmy Rushing, alors que je sais à l'avance que je n'y découvrirais strictement rien de nouveau ? Il paraît qu'il existe des traitements pour ça !
Tout ça pour expliquer mon coup de cœur du jour. Je croyais avoir pratiquement tous les enregistrements de Sonny Rollins - qui lui peut entrer dans la première catégorie ; celle qui s'explique par le "sens" de l'oeuvre complète.
A mon grand étonnement j'ai découvert ça :
Un enregistrement de 1976 que je n'avais pas. Peut être y a t' il, au fin fond de mon subconscient, une explication. Vous avez vu la photo de la couverture ? Sonny s'est fait le look d'époque .Véritable Frégoli des jazzmen, Sonny s'est présenté tout au long de sa carrière sous toutes les apparences possibles. Ci dessous quelques exemple des transformations du Sonny :
Considérant que les années 70 ont été ce qu'il y eu de pire dans l'histoire de la musique de jazz enregistrée, n'ai je pas inconsciemment ne pas voulu voir ce disque, doublement repoussant, de par sa date d'enregistrement et de par le look seventies accentué jusqu' à la caricature de notre héros ? Allez savoir. Je vais consulter sans attendre.
Revenons au disque. Effectivement l'environnement musical est bien ce que l'on pouvait redouter. Lee Ritenour et Billy Cobham convoqués pour exécuter des arrangements à la sauce de l'époque, une pincée de simili disco et des claviers électriques en veux tu en voilà . C'est incroyable ce que tout ça a (très mal ) vielli. C'est Orin Keepnews, généralement mieux inspiré, qui a produit ça.
Mais, vous exclamez vous, où est le coup de cœur revendiqué au début ? Hé bien mes amis c'est que Sonny, le bougre, malgré tous ses efforts, est bien incapable de faire un mauvais disque. Placez le au milieu de la fanfare de la Garde Républicaine dans son meilleur répertoire, rajoutez y les petits chanteurs à la croix de bois et les choeurs de l'ex-armée rouge ( ou de l'armée ex-rouge ) et vous obtiendrez toujours du Sonny toujours impérial.
Donc j'ai été très agréablement surpris par le résultat. SR est un tel géant que dans le fonds ce qui ce passe autour n'a pas plus d'importance que ça...
A propos de Sonny, dans ma rubrique "people", j'ai lu quelque part , rapporté par un de ses road managers habituels, que Sonny voyageait généralement accompagné de sa femme Lucille , malheureusement décédée aujourd'hui. Pendant tout le trajet en bus Sonny et Lucille se chamaillaient constamment sur des sujets politiques ; Sonny plutôt libéral ( au sens américain du terme) et Lucille plutôt républicaine ( toujours au sens américain ). Malgré la virulence de leurs échanges, ils sortaient du bus main dans la main , amoureux comme au premier jour, comme avait dit Anne Sinclair après la première affaire. A ce propos j'ai lu dans "Le Point" sous la plume du chroniqueur Patrick Besson qu' un des bons résultats de l'affaire ( la deuxième, celle où il n'y a pas mort d'homme ) c'est qu' Anne Sinclair ne tient plus son blog. Selon lui elle écrivait comme un pied, enfin ce n'est pas l'expression qu'il a employée mais je traduis. Curieux de tout je suis allé vérifier. Le fait est. Allons n'écrasons pas les gens à terre c'est mal.
Tiens Sonny et Lucille dans les années primesautières:
Un petit Sonny pour la route ? un documentaire promotionnel de Universal music pour ce superbe disque là ( compil des meilleurs concerts de Sonny ces dernières années):
Sonny Rollins Ladies and gentlemen!
A bientôt chers petits amis.
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