Après avoir tenté de vous parler jusque là du meilleur de (mon) Jazz, aujourd’hui soyons paradoxal, parlons du pire. Parce que le pire, bien qu’il ne soit, dit on, pas toujours sur, existe bel et bien. Quand je dis "le pire" je ne fais pas référence à tel artiste mineur et généralement peu inspiré, ni à tel enregistrement raté ou telle prestation calamiteuse. On a tous vu ou entendu ça sans s’en offusquer outre mesure; cela fait partie au mieux de la prise de risques, au pire des aléas du show business. Non j’entends bien le vrai pire, le pire du pire, le pire intentionnel.
Pourquoi parler de ça vous insurgez vous, vous n’avez qu’à vous concentrer sur ce que vous aimez et laisser ce que vous appelez le pire à ceux qui aiment ça. Quel mal cela peut il vous faire ?
D’abord parce que j’ai un mauvais fond et que j’aime dire du mal et ensuite parce que l’existence de ce pire me dérange. Les deux exemples auxquels je vais me référer sont : Kenny G et Candy Dulfer. Et bien imaginez une seconde que je me fasse une nouvelle relation et que cette dernière, découvrant mon intérêt pour le Jazz, entame la conversation par " ah oui le jazz je connais, J’aime bien Kenny G et Candy Dulfer…c’est cool!" . Vous imaginez aisément les conséquences d’une telle entrée en matière: une nouvelle amitié prometteuse détruite à jamais. Et vous voudriez que je garde mon calme devant l’existence de Kenny G et celle de Candy Dulfer ?
Impossible évidemment.
Peut être, le goût surement formé par une famille protectrice et attentive à vous éviter les mauvais livres, les mauvaises fréquentations et la musique exécrable, vous ignorez tout de Kenny G et Candy Dulfer. Cela ne va pas durer, comptez sur moi pour pervertir les âmes les mieux protégées contre le mal.
En fait il n’y a pas énormément de choses à dire de Kenny G. Il suffit de l’écouter pour que la nausée vous prenne. Influencé au départ par Groover Washington Jr, le jeune Kenny par une espèce de dégénérescence programmée a fini par produire la musique la plus sirupeuse, irritante et écœurante qui soit, tout en vendant, il n‘y a pas de justice, des paquets de disques.
Il est d’ailleurs très difficile de comprendre comment il arrive à réussir ce tour de force. Certes il se contente de jouer la mélodie sans plus mais, dans sa dernière période parisienne, Sidney Bechet faisait ça aussi et c’est encore écoutable sans déplaisir aujourd’hui. Non Kenny G y ajoute un mauvais goût spécial, quasiment insoutenable, qui confine au prodige.
Et croyez vous que ce garçon simule, qu’il le fait exprès, uniquement pour le pognon, ce qui serait éminemment pardonnable ? Il ne semble pas. Extrait court mais significatif d’une interview de Kenny G en 2002 :
Quelle sorte de musique retient particulièrement votre attention actuellement ? Est ce que vous écouter beaucoup de musique ?
Réponse de l’impétrant: "Non, je n’écoute pas des masses de musique. Je suis en fait plutôt dans…je ne sais pas. Je suis plutôt Golf vous voyez ? Ça c’est un grand truc le golf. Je travaille ma musique, j’enregistre mes albums, et quand c’est fini, c’est fini c’est tout."
Donc non seulement Kenny G joue de la musique de crétin pour des crétins mais EST un crétin.
Maintenant faites vous une idée par vous-même, Kenny "beurk" G, ladies and gentlemen.
Exécutons plus rapidement Candy Dulfer. Blondasse batave, la jeune Candy avait pourtant été à bonne école avec un père honnête saxophoniste sur la scène hollandaise mais rien n’y fait quand le destin est tracé dans le médiocre et le tape à l’œil on ne peut y échapper.
A preuve, ses premières apparitions ont pourtant été avec Prince et Eurythmics, qui ne sont quand même pas ce qu’il y a de pire dans le genre.
Elle a depuis développé un genre à elle seule: le genre saxophoniste bimbo. Je ne vais pas vous entretenir des heures de Candy; il suffit de l’écouter . Ce n’est pas tellement le genre de sa musique qui est en cause, Tower of Power ou Maceo Parker font ça très bien, mais elle, elle fait ça très mal. Regardez et écoutez, vous n’êtes évidemment pas obligés d’aller jusqu’ au bout, elle me fait irrésistiblement penser à ces lapins, jadis mécaniques, qui s‘agitent jusqu‘à usure totale de la pile :
Candy Dulfer les gars:
Pour me faire pardonner un vrai "Candy" cette fois , la version de la délicieuse chanson par l’immense Lee Morgan!
Unsung Heroes
Ce qui précède démontre que je suis d’une humeur de chien. Est-ce la conséquence de la calamiteuse journée de la musique, que le monde entier nous envie, d’hier ( comme tous les ans rien de plus ni moins ) ? Pas impossible allez savoir.
J’en profite donc pour vous faire part du passage dans l’histoire de la musique d’un musicien dont je ne sais pratiquement rien, ce qui rend donc son existence particulièrement intrigante et mon propos un rien cocasse.
Rocky Boyd, puisque c’est lui dont il s’agit, a enregistré en 1961 un disque sous son nom, celui là:
Ce garçon devait quand même avoir des références sur la scène musicale de l’époque puisque ses comparses ne sont rien moins que: Kenny Dorham -tp- Walter Bishop jr -piano- Ron Carter -bass- Pete LaRoca -dms-.
Aves de tels lascars le disque ne pouvait pas être tout à fait mauvais ce que de fait il n’est pas. Oui, mais Rocky Boyd me dîtes vous ? Des exégètes plus savants que moi ont comparé sa manière à un mix de Hank Mobley et de John Coltrane. Bof, je n’entends guère de Mobley ici. Coltrane, de l’époque, surement, peut être avec une légère gueule de bois. Mais c’est plus que convenable.
Compte tenu des participants, la question de la réédition s’est posée mais à qui vendre un Rocky Boyd dont la notoriété est égale à zéro ? Le label Black Lion a résolu le dilemme en le rééditant sous le nom de Kenny Dorham, avec la photo de Kenny et un autre titre d'album.
Pas sympa pour Rocky non ?
Qu’ est-ce qu’on sait d’autre sur Rocky ? Il était de Boston, avait migré vers New York. Le batteur Sunny Murray dit lui devoir les débuts de sa carrière. Il aurait aussi aidé ainsi Sam Rivers dont il aurait été très proche ainsi que Tony Williams .
Encore un fantôme du passé.
Si quelqu’un en sait plus ?
Rocky Boyd ladies and gentlemen.
A bientôt chers petits amis.
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