vendredi 17 juin 2011

Mauvais poil!

Où l'on reparle, bien que j'avais dit que je ne l'évoquerais plus jamais mais je ne peux résister à mes démons, de la maintenant célèbre révolution de Jazzmin.

Un texte à ce sujet est maintenant en ligne et qui se présente sous cette forme :

"Suite à un printemps de débats qui a remis la parole du musicien de jazz au centre de la filière, nous soumettons un texte à l'ensemble de la communauté des musiciens de jazz français et à tous ceux qui les soutiennent pour interpeller monsieur Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture, sur l'urgence à organiser des États généraux du jazz".

Vous remarquerez comme moi que "la parole a été remise au centre de la filière", ce qui comme baragouin se pose là. Mais ce n'est qu'un détail, l'essentiel ne vous aura pas échappé: Il s'agit des musiciens de jazz Français et français uniquement, ceux qui ont un béret et une baguette sous le bras. A quand la préférence nationale explicite ? Le blog d'Alex Dutilh publie ce texte illustré d'une photo de Dexter Gordon; prise certes à Paris, mais, dîtes moi, ce Gordon n'était ce point un de ces immigrés venus prendre le travail de nos vaillants musiciens français ? Bon ce corporatisme artistique m'horripile mais vous n'êtes évidemment pas obligés de partager mes irritations.

Plus sérieusement le texte de la pétition que vous êtes invités à signer dit notamment ceci :

"En effet, les musiciens de jazz sont dix fois plus nombreux qu'il y a vingt ans, en particulier les jeunes issus des écoles de(s) jazz et des musiques improvisées qui se sont multipliées. Or l'environnement professionnel dans lequel ils tentent de s'insérer s'est considérablement détérioré."

Le fond du problème, effleuré ici mais quand même entrevu, est bien celui là: Le public du Jazz est microscopique et décline. Si on forme dix fois plus de musiciens pour un public au mieux égal comment s'étonner qu'au bout du compte il y ait des déconvenues ? Mais je comprend bien qu'il soit plus "cool" de faire musicien de jazz que plombier ...mais de là à faire appel aux pouvoirs publics...

Unsung Heroes


Le pianiste Jack Wilson, disparu en 2007, n'est pas un total inconnu pour les amateurs et sa production en tant que leader, de plusieurs disques chez Blue Note avec des castings généralement de premier ordre, ont attiré sur lui l'attention des amateurs. Cela étant on ne peut pas dire que sa notoriété ait dépassé un cercle assez étroit.


Notre pianiste de Chicago a partagé son temps entre sa ville natale, la côte ouest et New york. Il a connu une vie de parfait professionnel accompagnant assez longuement Dinah Washington, mais aussi dans les studios d'enregistrement ou de télévision derrière Sammy Davis jr ou même Sonny and Cher.

Sa discographie débute en 1963 avec un disque en commun avec le jeune ( à l'époque ) vibraphoniste Roy Ayers, mais ce sont ses trois disques Blue Note qui le feront peut être passer à la postérité; particulièrement celui là:




Il bénéficie de l'entourage des meilleurs musiciens de l'écurie Blue Note de l'époque ( Lee Morgan, Jackie McLean, Billiy Higgins ) et déploie tout son talent de « hard bop/ Funky » pianiste . C'est assez difficile de comprendre pourquoi il est aussi sous estimé. Je n'ai moi même découvert Jack Wilson qu'en poursuivant sans répit ma quête de l'intégrale Lee Morgan.

One more for the road,
de l'album Easterly Winds:

Jack Wilson, ladies and gentlemen.






Le Livre du Jour:

j'ai récemment lu ça :





L'autobiographie de George Wein ( prononcez Ouine ) le célèbre promoteur de festivals et concerts de jazz. C'est lui qui a inventé à Newport le concept de Festival en 1954.

Fils de médecin, né dans la petite bourgeoisie juive de Boston, rien ne le prédisposait à une telle carrière, si ce n'est l'amour du Jazz qui ne l'a jamais quitté. Pianiste à l'origine, son formidable esprit d'entreprise l'a conduit pour servir la musique qu'il aime à ouvrir des clubs, d'abord à Boston ( le Storyville ) puis à lancer la mode des festivals, Newport d'abord puis un peu partout. Son festival est devenu ensuite itinérant et la France a reçu assez longtemps sa caravane à Nice avec la merveilleuse "Grande parade du Jazz". Il a été aussi l'imprésario des plus grands comme Thelonious Monk ou Miles Davis.

La force de George, toujours en activité à 86 ans, a été sa capacité à assurer la survie d'une entreprise très risquée et économiquement non viable grâce à un formidable entregent auprès des sponsors et un sens des affaires jamais démenti. Ce qui est admirable c'est qu'il ait réussi tout ça sans pratiquement jamais céder sur l'essentiel du point de vue musical. Son credo est de trouver des financements et des sponsors pour le Jazz et non pas essayer de trouver le Jazz qui conviendrait aux sponsors. La nuance est énorme bien sur. Le livre est une plongée dans le monde du Jazz business que George raconte sans jamais d' acrimonie envers aucun artiste, bien qu'on devine que la gestion de certains d'entre eux fut un brin compliquée.

Pianiste – Dixieland à l'origine- George profitait assez souvent de son statut de boss pour jouer très convenablement avec les meilleures pointures. Je l'ai vu faire ça à Nice. On peut retrouver son côté pianiste dans ça ( et ailleurs bien sur):





Puisque je suis dans mon jour de mauvaise humeur ( voir ci dessus ) j'en profite pour dire tout le mal que je pense de France Télévision. Pendant des années la "Grande parade" a été couverte, en particulier par JC Averty et des kilomètres de pellicules tournées sur les plus grands musiciens de l'époque dorment quelque part dans les caves de l'organisme public. Il y a plusieurs lurettes que la BBC a mis à disposition les trésors que sont ses émissions consacrées au jazz dans les années 60 et présentées par Humphrey Lyttleton. Ici rien; Nous avons pourtant l' INA, que le monde entier nous envie surement mais aucune de ces bandes n'est trouvable. Puisqu'on parle de l'INA laissez moi pousser un cri puisque cet organisme, public, met en ligne des émissions produites à l'époque par le service public, financées par la redevance, que vous devez payer si vous souhaitez les télécharger. Admirable non ? Personne ne proteste d'ailleurs.

Quittons nous de bonne humeur. Si vous vous êtes toujours demandés ce qu'est le Jazz, ne cherchez plus, la réponse est la dessous. Gene Harris, Ray Brown, Herb Ellis ( et je pense Jeff Hamilton aux tambours ) en roue, presque, libre en 1989. Enjoy!





A bientôt chers petits amis.

2 commentaires:

  1. Concert donné au festival de Berlin en novembre 1989 ! jeff Hamilton est le drummer. Il s'agit d'une tournée mondiale du Gene Harris Philip Morris SuperBand

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  2. Concernant Jack Wilson, je trouve cette séance bonne mais pas du tout du même niveau que l'album "Something Personal" ... beaucoup plus original avec des arrangements et "voicings" frot recherchés et difficiles ...

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