Je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais de certains blogs indispensables consacrés au jazz, rassurez vous j'en ai d'autres en réserve, en particulier celui de Ricky Riccardi intégralement dédié à Louis Armstrong.
En lisant ce blog ce matin je m'interrogeais gravement sur la pérennité de tout ça. Réfléchissons ensemble: jusque là, lorsque les historiens voulaient traiter un sujet, une époque déterminée ou une série d'évènements historiques, ils se ruaient sur les ressources disponibles de la presse de l'époque étudiée. Les archives nationales ou départementales, celles de la presse, le dépôt légal permettent toutes ces recherches. Aujourd'hui une part non négligeable de l'information, générale ou spécialisée, passe par Internet. Formidable progrès, démultiplication des sources, des connaissances, des points de vue. Donc parfait aujourd'hui. Mais que deviendront toutes ces pages internet dans 50 ans, 100 ans ?
Hello everyone, quelqu'un a t il une réponse ? Tout le monde s'en moque semble t il.
Heureusement ce progrès technologique n'a pas affecté les grands intervieweurs du passé et leur travail sera toujours disponible. Je pense particulièrement au meilleur d'entre eux, le français François Postif.
Amateur (très) éclairé de jazz mais aussi de toute la musique africaine américaine, François Postif a réalisé ce qui est sans doute les meilleures interviews de musiciens de jazz . Heureusement ces travaux réalisés au fil du temps pour les magazines jazz magazine ou Jazz Hot ont été réunis dans un livre (avec un peu d'effort ça doit être trouvable chez un vendeur ):
Les entretiens avec Charles Mingus, Ellington, Horace Silver, Sonny Rollins, Lee Morgan et des dizaines d'autres sont des témoignages très précieux.
Parmi toutes ces interviews une est particulièrement importante, c'est celle de Lester Young. Ce document est tellement rare que sa version audio a été reprise dans la réédition de l'intégrale Verve du Président:
C'est particulièrement émouvant d'entendre la voix de Lester. Je dis entendre car, même si on comprend l'anglais convenablement, ce n'est pas toujours intelligible. Il y a plusieurs sorte d' Anglais: l'anglais britannique, américain, australien etc. Et puis il y a une autre catégorie d' Anglais : l'Anglais Lester Young, où les hommes sont appelés "lady", les instruments de musique également et où l'expression "ding dong" a une signification particulière.
Terminons avec Lester. Une vidéo, très rare, dont je ne sais pas à quoi elle était destinée réellement. Vraisemblablement financé par Norman Granz ce clip nous montre, outre Lester, le jeune Hank jones au piano, Ray Brown et son épouse de l'époque Ella Fitzgerald, Bill Harris alors trombone vedette chez Woody Herman et qui ressemble étonnamment à un chef comptable, Buddy Rich qui lui ressemble à ce qu'il était, un voyou de Brooklyn, Flip Phillips, qui lui ressemble à l'acteur Kevin Spacey, et Harry "sweet" Edison qui ressemble à Harry "sweet" Edison.
Terminons avec Lester. Une vidéo, très rare, dont je ne sais pas à quoi elle était destinée réellement. Vraisemblablement financé par Norman Granz ce clip nous montre, outre Lester, le jeune Hank jones au piano, Ray Brown et son épouse de l'époque Ella Fitzgerald, Bill Harris alors trombone vedette chez Woody Herman et qui ressemble étonnamment à un chef comptable, Buddy Rich qui lui ressemble à ce qu'il était, un voyou de Brooklyn, Flip Phillips, qui lui ressemble à l'acteur Kevin Spacey, et Harry "sweet" Edison qui ressemble à Harry "sweet" Edison.
Il est vraisemblable que tout n'a pas été tourné d'un seul plan séquence, La couleur de la chemise de Lester ( bien que ce soit en noir et blanc) ne semble pas être la même d'un plan à l'autre . Quant à la bande son elle a vraisemblablement été réenregistrée en studio puisqu'on entend des unissons trombone/trompette lorsqu'il n'y a qu'un tromboniste. Pareil pour la batterie qui fait entendre un son de cymbale "ride" alors qu'on ne voit que la charleston à l'écran!
Peu importe, enjoy! ( c'est en 1950 et Lester est cool!)
Unsung heroes – encore une curiosité.
Mes petits héros méconnus, ou insuffisamment à mon goût, doivent parfois leur malchance à des carrières trop courtes ou à des comportements non solubles dans le show business ; le plus souvent au simple fait de ne pas avoir été au bon endroit au bon moment.
Outre des choix de vie, de style ou de résidence, le choix de l'instrument est parfois un handicap lorsqu'il n'entre pas dans les canons habituels du jazz. Vous vous souvenez du cornemusiste ( ou doit on dire cornemuseux ? ) Rufus Harley dont je vous ai parlé. Un(e) autre musicien a fait un choix aussi surprenant. Il s'agit de la harpiste Dorothy Ashby.
Cette native de Detroit était pianiste au départ et s'est ensuite dirigée vers l'instrument le moins « jazz » qu'on puisse imaginer: la harpe. Fut ce l'influence de Harpo Marx populaire à l'époque de la jeunesse de Dorothy ? Je ne fais qu'en émettre l'hypothèse, peu vraisemblable j'en conviens.
Bien sur la harpe avait déjà été utilisée dans le jazz mais à titre purement décoratif. Essentiellement pour des arrangements un brin sirupeux destinés à faire écrin pour un soliste dont la notoriété permettait d'envisager un tel traitement. Tout ça a généralement assez mal vieilli et on n'écoute plus ces disques que pour le soliste. C'est par exemple le cas du "Clifford Brown with strings" bien que Neal Hefti en fut l'arrangeur.
Revenons à Dorothy; dans son cas il s'agit de tout autre chose puisqu'elle traite la harpe en instrument soliste; ce qui est vachement difficile.
La poignée de disques qu 'elle a enregistrée sous son nom du milieu des années 50 à celui des années 80 donne des résultats assez mitigés . Franchement ceux de la dernière partie, notamment le "The Rubaiyat of Dorothy Ashby" de 1970 sont tout sauf convaincants, avec un côté world music qui fait parfois penser à une autre harpiste: l'inénarrable Alice Coltrane.
Mais plusieurs enregistrements sont étonnants et cet instrument si décalé dans ce contexte arrive à swinguer parfois, et à apporter une sonorité évidemment inouïe, particulièrement efficace dans les ballades.
De ce point de vue la réussite est ce disque là, enregistré en 1958, sous les noms conjoints de Dorothy et de Frank Wess, à la flûte uniquement:
Ici un extrait de ce disque, la très belle ballade "alone together". Un mot sur "Alone together" .Tout d'abord les auteurs s'appelaient Dietz et Schwartz, que viennent faire ces alsaciens ici ? Enfin si vous écoutez attentivement le "pont", joué ici par Dorothy, ça va vous rappeler quelque chose peut être. C'est en effet assez sensiblement le même pont que celui de la composition de Sidney Bechet "Petite Fleur". Notre bon et quasi national Sidney aurait il été un plagiaire ? Il s'agit plus vraisemblablement de ce qu'on appelle une "réminiscence" quand on a des soucis avec la Sacem.
Dorothy Ashby ladies and gentlemen ...
Pour être un peu plus complet sur le sujet Dorothy Ashby il est juste de signaler qu'elle a eu aussi une autre carrière dans les studios californiens en étant la harpiste de service derrière Dionne Warwick, Diana Ross et d'autres du même genre.
A bientôt chers petits amis.
Tiens, je ne crois pas la connaître, l'interview du Président. Sa voix si, sur le "Two to Tango" qu'il chante avec le trio d'Oscar.
RépondreSupprimerCette vidéo, il me semble bien que c'est un morceau du "Jammin' the blues" de Gjon Mili, non ? Où on voit le Zoizeau tout au début ? Barney Kessel était dans le coup aussi, même que Mili a dû ruser parce qu'il avait vraiment l'air trop blanc pour être là. Donc il l'a collé dans un coin un peu moins éclairé (j'aime bien l'anecdote, ça fait un peu arroseur arrosé même s'il n'y était pour rien, ce pauvre Barney).
Dorothy Ashby... mouais. Me semble que j'ai quelque part sur K7 un album avec Ed Thigpen, mais... bon. Ça se laisse écouter, quoi.
c'est bien la séance où on voit charlie parker, et coleman hawkins mais je ne crois pas qu'il s'agisse du tout de la même chose que le court métrage de Gjon Mili.
RépondreSupprimer