En principe je ne donne pas dans la chronique de disques ; ce n’est pas mon métier je ne vais pas m’ y mettre maintenant; trop vieux. Bon une exception. Je viens d’écouter ( deux fois ) le dernier enregistrement de James Carter. Ce type est un dieu, d’ailleurs rien que les initiales JC hein ? Je fais gaffe à ce que j’écris car avec ma femme c’est un sujet délicat. Elle est folle de James Carter, allez savoir pourquoi. Toutes réserves même mineures peuvent vite se transformer en casus belli. C’est tout les femmes ça. Excessives en diable. Il faut dire que de surcroit nous avons , de conserve, vu JC en chair et en os au Yoshi’s de San Francisco ( au passage un des clubs les plus cozy avec le Ronnie Scott’s de Londres- le nouveau pas l’ancien ). Était ce l’effet du Merlot que nous avions consommé sans trop de modération ? Le fait est qu’en plus de tous ses dons elle l’a trouvé beau!…Qu’est-ce que vous voulez que je fasse contre ça ? J’écrase donc sur le sujet James Carter.
Sérieusement JC est surement ce qui arrivé de mieux au Jazz ces vingt dernières années. Dès ses premiers disques j’ai été stupéfait, non seulement par sa technique mais par ce qu’il faut bien, faute d’autre chose, appeler une présence, comme John Wayne au cinéma qui emplit l’écran dès qu’il apparait sans qu’on puisse objectivement expliquer pourquoi.
Je baisse un peu la voix pour les raisons explicitées plus haut mais j’ai quand même une légère réserve sur sa capacité à transmettre de l’émotion à l’état brut, comme le faisaient Miles ou Lester ou Coltrane par exemple.
Quoiqu’il en soit, vaguement agacé de cette idolâtrie, je le guette au tournant depuis des années à chaque nouvelle sortie discographique. J’ avais cru le tenir à l’annonce il y a quelques années d’un disque hommage à Django " Chasin’ the gipsy", assuré que j’étais qu’un Yankee ne pouvait en aucun cas saisir la subtilité européenne de Django. J’ai vite déchanté à l’écoute: un chef d’œuvre.
Là j’étais sur de tenir mon gaillard. Un projet quasi symphonique avec l’impétrant en soliste sur un fond de musique concoctée par un obscur compositeur portoricain, genre maniérisme académique. Le cassage de gueule assuré. Stan Getz lui-même s’y était brisé les dents avec le "Focus" orchestré pourtant par Eddie Sauter. Et alors ?
Je n’ai pas tous les codes pour juger de la musique de Roberto Sierra. Sur que ça donne fréquemment dans le grandiloquent pompeux mais JC est, comme à son habitude, grandiose et impérial. Beaucoup de passage a capella et ad lib en même temps ou notre lascar exhibe tout ce qu’il sait faire et il sait tout faire. Pour rattraper le côté parfois congelé des compositions de Sierra le premier violon a été confié à la cousine de Detroit de James, Regina Carter. Elle est déjà impressionnante en seulabre mais les deux cousins ensemble c’est effrayant!
En prime un bijou: "Carribbean rhapsody" où notre compositeur revient à ses origines et James délivre ce qui me semble bien être un magistral hommage à Sonny Rollins.
Si Frédéric Miterrand n’était pas si occupé à lire les pétitions des aspirants musiciens de Jazz Français ( ou musiciens français de Jazz français c’est comme on veut ), il se magnerait de décerner à James la légion d’honneur avant que les Anglais ne lui refilent, à juste titre, la Victoria Cross. Dare dare!
Si vous avez une vieille grand tante qui vous a légué trois sous pour des investissements fructueux et que vous ne les avez pas encore dépensés, c’est le moment. Filez à la FNAC ou sur Amazon ou ce que vous voulez. Il vous faut ce disque. Vous me remercierez ensuite.
Ceci n’était pas une chronique de disque!
Allez un petit Carter rigolo. James au camping, à l’heure de l’ apéro avec trois gratteux rabouins médusés:
James Carter ladies and gentlemen:
A bientôt chers petits amis.
J'avoue que JC me scotche depuis la première fois que je l'ai entendu (et pour le côté esthétique du jeune homme, eh bien... je serais plutôt d'accord avec Madame, héhé). Parce que, je vire peut-être vieille chouette, mais j'ai l'impression qu'ils sonnent tous pareil, les jeunes (enfin, les "relativement jeunes"). Alors que JC, c'est comme Webster, Hawkins, Rollins et les autres : trois notes, et tu sais que c'est lui.
RépondreSupprimerJ'ai a-do-ré sa rencontre avec le jazz manouche. Il est expansif, excessif, indéniablement "moderne", mais tellement ancré dans la tradition en même temps (je suis sûre qu'il en connaît un rayon sur l'histoire du jazz, le bonhomme, ce qui n'est pas le cas de tous ses collègues), qu'il cadre incroyablement bien avec le jazz à la Django... qui est pourtant un genre qui n'a pas tellement évolué au cours des décennies.
Je n'arrive toujours pas à comprendre comment l'alliage JC + jazz manouche peut être aussi détonnant et réussi. Alors, je me contente d'écouter et d'apprécier !
J'ai pas mal vu JC dans les années 90 et début 2000, il était SCOTCHANT... sa capacité à démarrer un set immédiatement "à fond" ... 180 bpm... et sa manière de jouer dans tous les styles... puis il est moins revenu à Paris, semble t'il... j' l'ai revu au Ronnie Scott (qui n'est pas une boite qui m'enthousiasme beaucoup... beaucoup de VRP, de limonade, de boustifaille, de caisses enregistreuses...) et il a joué un peu en fonction du public... mais, néanmoins il y a eu deux moments forts, où je l'ai retrouvé !!!
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