Vous vous souvenez de cette série Américaine à propos de laquelle le nouveau magazine "JazzNews" a fait un (bon) papier sur la musique de la Nouvelle Orléans. Je me suis rendu possesseur du DVD, c’est ma femme qui a mis la main dessus ( 20 heures de séries ) et donc je ne suis plus nourri et personne ne s’occupe de moi. Passons !
Il y eu un papier dans un blog du Monde ( le journal ) là-dessus. Le lien est là:
http://seriestv.blog.lemonde.fr/2011/07/06/treme-oeuvre-ethnographique-de-simon/
Le critique Will Layman dans son blog "Big Butter and Egg man" (1) ( ce titre nous ramène à Louis Armstrong et donc à la nouvelle Orléans ) fait un papier sur la série et je vous en ai fait une traduction ET un commentaire. C’est Noël non ?
Jazz aujourd’hui: Est-ce que TREME hait le Jazz moderne ?
Je suis un fan absolu de TREME. J’aime la musique présentée, qui en est essentiellement l’âme profonde et le R&B qui est associé aux plus grands comme le Professeur Longhair ou Allen Toussaint.
Mais, comme critique de Jazz, il est parfois déconcertant de constater la manière dont le Jazz-ou du moins le Jazz moderne tel qu’il existe depuis 1950 et dont la capitale mondiale est New York- ,est représenté comme une sorte de "méchant".Il est, symboliquement sinon explicitement, l’incarnation du manque d’âme et de l’abandon des racines. Le personnage qui joue le "Jazzman moderne", Delmond, est le fils du chef de la "tribu des indiens Mardi Gras" qui ne peut pas accepter la vision musicale de son fils.
Le Jazz est traité dans la série de manière à la fois complexe et fascinante….d’une certaine façon le Jazz représente l’abandon des traditions et le symbole de l’abandon de la Nouvelle Orléans en tant que ville nécessitant d’être secourue après Katrina. Comparé à Antoine Batiste, le merveilleux et chaleureux tromboniste qui constitue son orchestre des "Soul Apostles", Delmond semble un enfant gâté dans son costume tiré à quatre épingles qui joue une musique technique mais sans âme.
A la fin, Treme termine la seconde saison en permettant à Delmond et à son père d’être enfin réunis dans une musique hybride de Jazz moderne et de "Mardi Gras". Cependant le prix d’une telle réunion est que Delmond quitte New York après avoir réalisé que "papa avait raison" et que la musique tout simplement ne peut pas être réalisée ailleurs qu’à la Nouvelle Orléans.
C’est certainement plus compliqué que ça mais de fait le Jazz moderne est caricaturé comme froid et ennuyeux: le genre de musique que le grand public n’aime pas ou qui requiert de "penser" plutôt que de prendre du bon temps avec. C’est injuste pour le Jazz, qui demeure une musique diverse et passionnée plus qu’une simple performance technique.
C’est peut être aussi un signe des temps qui me fait penser à certaines prises de positions politiques qui tourne en dérision les gens éduqués, préférant ceux qui peuvent communiquer "avec le peuple".
Oups, de TREME au populisme l’écart est grand et il est franchi. Ce que décrit Will Layman n’est pas faux et m’avait frappé à la vision de certains épisodes de la série. Par exemple le choix d’Ornette Coleman comme musique de fonds du club où joue Delmond n’est certainement pas du au hasard. Il y a clairement une volonté de caricaturer.
Mais n’est-ce pas un ( juste ou injuste est hors sujet ) retour de bâton quand on se souvient avec quelle désinvolture les critiques ont généralement traité la musique populaire africaine américaine pendant des années. Je me souviens des magazines de Jazz dans lesquels Fats Domino était une sorte de gros mot. Comme souvent dans l’histoire le balancier risque de revenir aussi loin qu’il a été dans l’autre sens. L’académisme Marsalisien ( pas mal non ? ) a suivi une période d’abandon des racines du Jazz pour se figer lui-même. Comme souvent dans toute l’histoire du Jazz le bateau risque de tanguer. Si le retour au devant de la scène de la musique populaire noire peut nous débarrasser d’une partie du Jazz "engoncé" que nous subissons parfois actuellement, pourquoi faire la fine bouche et convoquer le populisme?
Pour vous faire oublier tout ça, une vidéo d'une parade à TREME avec le Rebirth brass band et Trombone Shorty. Enjoy!
Et si vous voulez vous amuser intelligemment, un petit film promotionnel sur La Nouvelle Orléans de 1940 au ton très "Plan Marshall" ( Thanks to Barbarella ):
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(1) Vous trouverez ce blog dans ma liste à droite.
Unsung heroes
Jimmy Woods, puisque c’est lui dont il s’agit aujourd’hui, est un des plus méconnus des musiciens du début des années 60. Non pas méconnu au sens où son travail aurait été scandaleusement sous estimé, mais tout simplement parce que on ne sait rien de lui; ou du moins je ne sais rien de lui ou pas grand-chose.
Résumons: ce gaillard, Missourien d’origine et sax alto de profession, a passé ses belles années de musicien sur la côte Ouest, essentiellement à Los Angeles.Après l’armée et l’inévitable passage dans des groupes de rythm & blues comme celui de Roy Milton, il a travaillé avec Horace Tapscott, Chico Hamilton et le big band de Gerald Wilson. Après 1963 il disparait totalement de la scène musicale et on n’a plus jamais entendu parler de lui, sans pour autant qu’il ne soit porté disparu. On l’a signalé en Alaska, sans que cette information soit réellement vérifiée.
Une des rares photos de lui au milieu de l'orchestre de Gerald Wilson.
Pourquoi ,Gaston, vous bassinez nous avec ce Woods si il n’y a rien à en dire ? Entends je de toutes parts. D’autant, ajoutez vous avec une pointe de sarcasme, que ce ne sont pas les grands saxophonistes alto de la côte ouest de cette époque qui manquent. De fait Sonny Criss par exemple, merveille des merveilles, a enchanté nos oreilles.
Oui petits amis mais pendant cette brève période notre Jimmy a enregistré quelques disques, très peu mais quand même . En tant que sideman avec par exemple le trompettiste Joe Gordon et surtout deux disques sous son nom pour la firme généralement aventureuse du producteur Lester Koenig, Contemporary Records:
Le premier en 1962 "Awakening" » avec Joe Gordon notamment.
Le second l’année suivante "Conflict" avec Carmell Jones -tp- Harold Land -ts- Andrew Hill -p- et Elvin Jones -dms-
Alors, alors ? Et bien on découvre un musicien en avance sur les conceptions musicales généralement partagées et, de mon point de vue, proche de Jackie McLean , avec une légère pointe d’ Ornette Coleman. Les deux disques ne sont certes pas complètement réussis, les acolytes malgré leur grande réputation ne se défoncent pas la nénette. Mais on se prend à rêver à l’évolution qu’aurait pu avoir la musique de Jimmy Woods si les circonstances en avaient décidé autrement.
Pour vous faire une idée, deux extraits, le premier du disque "Awakening", le second de sa participation au disque de Joe Gordon:
Jimmy Woods ladies and gentlemen:
A bientôt chers petits amis.
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