RIP Frank Foster
Un grand nom du Jazz vient de nous abandonner à 82 ans, bien jeune pour tirer sa révérence. Son nom était bien connu des amateurs de Jazz et associé plus ou moins à l’orchestre de Count Basie, nouvelle manière quand le Count après des vaches maigres en petite formation a relancé sa machine à swing.
Avec l’autre Frank ( Wess celui là ) ils ont reconstitué la paire de ténors telles que Basie les aimait, depuis le couple infernal Lester Young/Herschel Evans. Mais tel le Dr Jekill, Frank cachait un, ou même deux ou trois, Mr Hyde.
Non content de jouer excellemment le ténor mainstream chez le comte, Frank, dans les interstices de ses engagements basiens ou ultérieurement, cultivait une manière un peu différente, influencée essentiellement par John Coltrane. Cela lui a valu d’être également le sax ténor d’ Elvin Jones pendant un temps au début des années 70. Du comte au genre Elvin , Frank a ensuite effectué des allers et retours, reprenant un long moment l’animation du "Ghost orchestra" de Basie après la disparition de ce dernier et que Thad Jones ait déserté le job. J’ai vu cette formation plusieurs fois, dont une avec George Benson. Certes Basie n ‘était plus là mais quel pied!
Toujours dual, il a ensuite conduit son propre big band le "Loud Minority", nom qui vient de la lutte pour les droits civiques, et continué à jouer, coltranien, en petite formation.
Le troisième versant de Frank est son rôle éminent d’arrangeur, chez Basie, et pour son propre big band.
Enfin, dernière facette de ce multi talentueux, le compositeur de nombreux titres dont le célébrissime "Shiny Stockings". Tiens le voilà par la dernière mouture du Basie Band, pas la meilleure mais c’est Shiny et Basie :
Son talent de compositeur a été, financièrement, trahi. Comme il l’expliquera plus tard " Jusqu’à 50 ans, vu la vie qu’on menait, je pensais que je mourrai jeune et je ne me suis pas préoccupé de l’avenir". Le résultat de cette insouciance l’a laissé sans ressources, ses droits ayant été pillé, quand les mauvais jours sont venus. Devenu incapable de jouer après une attaque en 2001 il a été réduit au minimum vieillesse.
Triste histoire mais qui a eu quand même un heureux épilogue. Une équipe de jeunes étudiants en droit l’ont choisi comme cas emblématique pour leur thèse sur les droits d’auteurs. Le résultat a été un rétablissement de Frank dans ses droits, un peu tard vu la triste nouvelle d’aujourd’hui mais sa famille sera à tout le moins protégée.
Ci-dessous, extrait d’un film sur Frank Foster, le maître dirigeant le loud minority depuis son fauteuil roulant. Il a certes l’air vachement diminué mais regardez le bien et vous constaterez que, musicalement, il ne faisait pas de la figuration.
A propos de ce film hommage, réalisé par Brian Grady, voilà la bande-annonce. Je crains qu’à ce jour ce film n’ait pas encore trouvé de distributeurs. Si parmi vous se trouvent des mécènes aux poches profondes, n’hésitez pas, à vot’ bon cœur…
Que conseiller de Frank à qui ne connaîtrait rien ?
Comme Basien surement le CD "Chairman of the board" » qui regroupe deux disques, l’éponyme et "Easin it" dont tous les thèmes sont composés et arrangés par Frank ( 1959/1962 ):
Comme soliste "avancé" l’album "Leo Rising" de 1996 avec Chris McBride, Stephen Scott et Lewis Nash me parait parfait.
Le voici le voilà, en 1955 chez Prestige, avec le grand pianiste Elmo Hope .
Frank "shiny stockings" Foster, ladies and gentlemen
unsung heroes
Si l’adjectif "sous estimé" n’était pas aussi galvaudé- notamment par moi - il pourrait aller comme un gant à Harold Vick.
En effet notre héros du jour, malgré une disparition précoce à 51 ans, a derrière lui une longue carrière comme sideman ou comme leader. Je ne vous raconte pas sa vie qui ne présente aucun relief notable, sauf le fait qu’il soit né dans le même patelin que Thelonious Monk mais cela ne semble pas avoir influencé décisivement son jeu.
Notre Harold, au prénom très anglais, était en fait un saxophoniste ténor et flûtiste "tout terrain" capable de s’adapter à toutes les circonstances des époques traversées. Du big band de Ray Charles aux combos orgue/ténor très en vogue, de la figuration intelligente dans le Stardust Memories de Woody ou le Cotton Club de Coppola à l’accompagnement d’ Abbey Lincoln pour un hommage à Billie Holiday. Cela sans oublier le compagnonnage réussi avec le maître Grant Green sur plusieurs disques.
Présenté comme ça, notre Harold a une allure de caméléon, imméritée. En effet, outre une immense technique, particulièrement à la flûte, il possédait un son très personnel, hérité du R&B de ses débuts et pouvait rivaliser avec les meilleurs.
Je l’ai découvert, il faut bien commencer, sur son premier album " Steppin’ out " à l’époque de ma frénésie Blue Note.
En somme un grand professionnel qui n’a pas conquis les faveurs d’un très grand public mais celui de ses pairs.
Sonny Rollins lui-même ne s’y est pas trompé qui a composé et enregistré en 2000 ( sur l’album " This is What I do" ) un morceau intitulé:" Did you see Harold Vick ". Bel hommage posthume d’un des plus grands à un musicien, allez je me lâche, injustement sous estimé.
Pour vous faire une idée, trois extraits musicaux. Son premier disque en leader, le "Steppin out" en 1963 avec Grant Green, "HNIC" de 1974 où l'on peut apprécier son talent de flutiste avec Victor Feldman au piano et Mickey Roker aux drums et enfin un extrait de l’album "After the dance" en 1977 dans lequel on peut admirer sa belle sonorité ( faîtes abstraction des synthés et de tout le bazar de l’époque )
Harod Vick, ladies and gentlemen
A bientôt chers petits amis.
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