La dernière édition dominicale du New york Times publie un papier, assez court quand même, sur l'état de dégradation de la dernière maison de John Coltrane et les efforts de réhabilitation entrepris par un jazzfan local. Comme vous êtes paresseux je vous ai fait une rapide traduction de l'article agrémentée de quelques unes des photos qui l'accompagnent. L'article est paru sous le titre "A love still supreme but a house in ruins" ( sans doute un clin d' œil au slogan publicitaire des rééditions Impulse : "the House that Trane built" )
« C'est une maison de campagne au milieu de Long Island, à Dix Hills, au sud de l'autoroute, où vivait John Coltrane, là où sa famille s'est constituée et où il a composé "A love supreme" dans la chambre à coucher. L'album est un hymne de louange et d'action de grâce par un homme qui avait trouvé Dieu et la paix après l'alcool et l'héroïne. Cette œuvre a contribué à le rendre immortel. Pour la maison c'est une autre histoire. Elle est restée vide pendant sept ans. Les briques se désagrègent. Les ratons laveurs ont été exterminés, mais pas les termites. Un ventilateur brasse vainement l'air pour combattre la moisissure; La question de sa restauration est posée.
En 2003, un amoureux du jazz de la région, Steve Fulgoni, a réussi à l'arracher des mains des promoteurs qui convoitaient les trois hectares boisés. Grâce à ses efforts, la ville de Huttington a préservé le terrain. Une fondation est propriétaire de la maison, qui est enregistrée au "National register of historic places", mais le site est listé parmi ceux les plus menacés.
M.Fulgoni, un ingénieur, apprend sur le tas à devenir historien et conservateur. Il rêve de faire du lieu une destination culturelle comme l'est devenue la maison de Louis Armstrong dans Queens. Il ne rencontre guère d'enthousiasme localement, il semble que les résidents détestent l'idée de l'arrivée de cars de touristes et de concerts sur la pelouse.
Long Island a son lot de sites historiques mais ne s'en préoccupe guère. La maison natale de Walt Whitman est perdue dans l'ombre du centre commercial Walt Whitman. Il y a très peu de sites historiques liés à l'histoire des africains américains, à part la maison de campagne de Booker T. Washington et quelques cimetières.
On peut aisément partager la passion de M.Fulgoni à la vision du tapis vert citron à poils longs dans la salle de musique et des panneaux de bois précieux du living room. Il estime les fonds nécessaires à la rénovation à un million de dollars. Toutefois s'il y avait des maçons ou des charpentiers amoureux du Jazz qui se proposaient pour faire les travaux, il adorerait ça! »
Le principe directeur des éditions dominicales des journaux anglo saxons implique l'abondance de matières. Cela explique sans doute cet article que pour ma part je ne trouve pas franchement bouleversant malgré toute l'admiration que je porte naturellement à John Coltrane. D'après les photos la masure n'a aucun cachet particulier ni aucun mérite architectural. Tout compte fait je suis assez content de n'être ni maçon ni charpentier, je n'ai pas à culpabiliser de ne pas aller prêter la main.
Un autre lieu historique du Jazz est le Stanhope Hotel de New york, où la baronne Nica de Koenigswarter avait une suite dans laquelle Charlie Parker est décédé en 1955. Je ne sais pas si cet établissement existe encore.
Par contre la maison qu'il occupait dans l' East Village avec Chan Parker existe encore et est, à ce titre, classée.
On peut voir une statue de Duke Ellington à Central Park à New York mais le lieu est si excentré dans le parc que je n'ai pas eu le courage d' y aller. Enfin on peut admirer une allée Duke Ellington à Limoges! Oui à Limoges. A quand une rue King Kong au Vatican ?
Les plus beaux sites liés à des personnages "historiques" restent incontestablement l'appartement de Sherlock Holmes au 221b Baker Street à Londres ( on peut visiter! ) et la fontaine de Montfermeil où Jean Valjean a rencontré Cosette...Il me revient également le cachot où étaient emprisonnés Edmond Dantès ( alias le comte de Monte Cristo) et l'abbé Faria- je crois qu'on visite aussi !
Le jour où l'opus dei avait piégé Buddy
Un des "marronniers" les plus fréquemment rencontrés chez les jazzblogueurs est : La pochette de disque la plus hideuse de l'année, du siècle, de la décennie; au choix. Cette rubrique est généralement assez savoureuse et permet d'exhumer des horreurs graphiques, ou simplement des tentatives marketing de la part des studios qui, avec le recul, confinent souvent au grotesque. Le concept le plus usité est simplement ce qu'on nommait jadis une "pin up" photographiée avec la pose la plus suggestive mais qui, nonobstant les attraits visuels qu'elle procure, n'a souvent qu'un rapport très lointain avec la musique proposée à l'intérieur de la pochette. Vous avez tous vu ça et je ne vais pas rééditer l'exploit.
Toutefois je tiens à votre disposition la pochette cette fois non pas la plus hideuse, mais la plus scandaleusement stupide et dégoûtante. Comment est ce possible vous récriez vous que le Jazz, musique raffinée s'il en fut, ait pu produire un emballage digne des épithètes employés ?
Toutefois je tiens à votre disposition la pochette cette fois non pas la plus hideuse, mais la plus scandaleusement stupide et dégoûtante. Comment est ce possible vous récriez vous que le Jazz, musique raffinée s'il en fut, ait pu produire un emballage digne des épithètes employés ?
Je prouve ce que je dis illico , voilà:
Ce disque enregistré en Avril 1958 à Los Angeles par Buddy de Franco a été présenté comme vos yeux ébahis le découvrent. Au moment de l'ordonnancement de la pochette, un crétin du service Marketing du label , cherchant une accroche géniale , a eu l'idée d'utiliser le patronyme de Boniface Ferdinand Leonardo de Franco, dit Buddy, en le reliant à ce que sans doute il croyait être simplement un personnage célèbre comme Abraham Lincoln ou la reine d'Angleterre: Le général Franco. Rappelons que nous sommes en 1958 et qu 'évidemment le décérébré du marketing n' a vraisemblablement aucune intention de faire de la propagande pour le caudillo. Le plus extraordinaire de l'histoire est que cette idée plus que saugrenue passe tous les filtres. Le service photo trouve une idée avec la majorette et la clarinette, tout ça est réalisé et reçoit, supposons nous, l'aval de toute la chaîne de décision qui soyons en sur ne compte aucun franquiste même clandestin.
Quelques jours après l'enregistrement de cette séance Buddy réalisera un second disque "Live Date", dont l'emballage ne sera pas une réussite non plus. C'est là dessous :
Je garde le meilleur pour la fin, le label en question n'était pas une obscure compagnie du Milwaukee mais bel et bien "Verve", oui le "Verve" de Norman Granz!
Ces disques sont pour autant excellents avec Sweets Edison, Barney Kessel, Jimmy Rowles et même le tout jeune Scott LaFaro, curieusement dénommé "Scotty" sur la pochette originale. Tout cela a été réédité , pour ajouter à l'affront, par les catalans de Lone Hill Jazz.
Un mot de Buddy, qui est mon clarinettiste préféré et qui n'avait évidemment aucune part dans ce scandale marketing. Pour ceux qui ne le connaitraient pas je conseille ses enregistrements de 1956 avec Art Tatum, toujours chez Verve.
Âgé de 88 ans aujourd'hui il a semble-t-il toujours bon pied bonne clarinette. J'ai eu le privilège de le voir jouer il y a deux ans au Festival de Chicago, dont voici un témoignage avec une photo prise par mes blanches mains.
Enfin si vous faites encore, pas pour longtemps, partie de ces béotiens qui pensent qu'on ne peut pas jouer le Be Bop à la clarinette, régalez vous de la vidéo ci dessous ( faîtes abstraction du décor de Western, on s'attend à tout moment de voir les indiens attaquer ) :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire