mercredi 20 juillet 2011

Nica

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il sort plus de films qu’on peut en voir, plus de disques qu’on peut en écouter, plus de bouquins qu’on peut en lire. C’est frustrant non ?


Parlons bouquins. Je viens à peine de finir le "What a wonderful world" de Ricky Riccardi ( faîtes moi penser de vous en causer ), de commander les "grandes interviews de Down Beat", qu’on m’annonce une nouvelle bio de Nica de Koenigswater, l’égérie des boppers. J’avais déjà lu celle, française, de Pauline Guéna " Pannonica", bon livre mais plus un roman qu’un bouquin de spécialiste. Que feriez vous à ma place ? Je l’ai commandé. Quand vais-je lire tout ça ? Tout le monde s’en fiche. Que voulez vous la presse ne traite pas les vrais problèmes, comme les miens, et préfère nous bassiner avec Benoit Hamon et Nadine Morano. Il faut s’y faire c’est tout!


Pour que vous soyez complètement informés ci-dessous une traduction du papier paru ces jours ci sur le site de la radio publique américaine NPR:


Elle a été mariée à un baron, piloté des avions et combattu pour la résistance française en Afrique du Nord. Elle utilisait un fume-cigarettes, conduisait une Rolls-Royce et sirotait du Chivas dans une flasque en argent.

Connue comme la "baronne du Jazz", elle a été l’amie de Thelonious Monk et Art Blakey et Charlie Parker est décédé dans sa chambre d’hôtel. Aujourd’hui une nouvelle biographie intitulée "Nica’s Dream" raconte l’histoire de Kathleen Annie Pannonica de Koenigswarter. » David Amram l’a rencontrée en 1956 quand il était alors un jeune corniste dans l’ensemble du bassiste Oscar Pettiford. Il se souvient que Nica, ainsi qu’elle était communément appelée, prenait le Jazz au sérieux. 

"C’est trop facile de se moquer d’elle, de dire qu’elle était une personne fortunée, sophistiquée et privilégiée qui voulait simplement s’encanailler" dit il. "Ce n’était pas le cas. Elle s’élevait avec ces musiciens. Les jeunes comme moi à l ‘époque savaient qu ‘elle faisait partie de quelque chose d’important qui allait durer".

Nica savait ce qu’était la fortune. Elle était née dans une des plus riches familles du monde dit son biographe David Kastin.

"Elle était une Rothschild " raconte-t-il "Elle a grandi dans un monde de conte de fée. Luxe, grandes propriétés à la campagne, manoirs à Londres. Précepteurs, valets de pied et gouvernantes."

Une révélation

Mais en 1951 Nica a une révélation. Elle était en route pour rejoindre de Londres son mari, Jules, qui était à l’époque ambassadeur de France au Mexique. "A l’escale de New York", dit Kastin, "elle reçut un appel d’un ami de la famille qui donnait des leçons de piano à son frère" .

"C'était Teddy Wilson, le grand pianiste de l’ère swing, qui l’a rencontrée sur la route de l’aéroport" raconte- t- il "Et l’histoire dit qu’ il lui a assuré qu’elle devait absolument connaitre ce nouveau pianiste. Il l’a faite assoir et lui a fait écouter Round Midnight".

Elle a éclaté en sanglots et lui a fait jouer le disque vingt fois. Elle a raté son avion, est restée à New York plusieurs semaines supplémentaires; peu de temps après elle était de retour à New York définitivement.  

Bird

Nica déménagea au Stanhope Hôtel sur la cinquième avenue et s’immergea complètement dans le monde du Jazz.

Elle allait dans les clubs de la 52 ème rue avec sa Rolls-Royce chaque soir et se fit plein d’amis chez les musiciens. Un soir Charlie Parker se présenta à sa porte.  

"Il est tombé malade au Stanhope, refusa d’aller aux urgences et décéda quelques jours après le 15 Mars 1955. La baronne fit la une des tabloïds de l’époque."


Le scandale amena Jules de Koenigswarter a demander le divorce. Elle fut chassée du Stanhope et déménagea à l’hôtel Bolivar près de Central Park. Là elle prit soin de ses amis musiciens, paya pour retirer leurs instruments du clou, leur acheta voitures et pianos et leur donna un endroit pour se poser et "jammer ".

L’ami de Monk

Peut être la plus grande contribution de Nica au Jazz fut de prendre soin de la carrière de celui qui avait été son inspiration: Thelonious Monk. A cette époque, Monk était grandement sous estimé et se débattait avec ses problèmes de drogue, ses ennuis judiciaires et sa maladie mentale.

"Les gens le méprisaient comme pianiste et ne plaçait pas sa musique au même niveau que Bud Powell par exemple"  dit Kastin "Il n’avait pas la même virtuosité technique et était si différent"

Il avait également été privé de sa licence pour jouer dans les clubs de New York pour de longues périodes- six ans puis deux ans- pendant lesquelles elle l’a aidé, lui et sa famille à survivre..

En hommage Thelonious composa "Pannonica" qui figure parmi la douzaine de titres composés en son honneur.

Kathleen Annie Pannonica de Koenigswarter disparut en 1988. A sa demande ses enfants ont dispersé ses cendres sur l’Hudson River un soir " Round Midnight"…
.


 Et pour illustrer musicalement tout ça bien sur, Pannonica de T. Monk ( exceptionnellement au célesta dans l’album "Brilliant corners" , avec Sonny Rollins) et le Nica’s Dream , troisième album Blue Note de Horace Silver.


Songs for Nica ladies and gentlemen:



A bientôt chers petits amis.

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