samedi 29 octobre 2011

le déclin du Jazz ou le pourquoi du comment...

Mon message sur Joe Carroll m'a valu un commentaire très chaleureux de Christian, qui m'a fait chaud au cœur comme on dit. Les commentaires sur les blogs deviennent de plus en plus rares. Est ce un signe de la montée de l'individualisme ? je ne sais, mais le commentaire est la seule réelle récompense du blogueur, même les désagréables. Il est vrai que ce blog, vu l'étroitesse de son sujet, n'a pas pour vocation de trouver un immense lectorat mais n'hésitez pas à laisser un ( même bref ) mot si vous passez par là ; c'est mon seul encouragement.

Christian se pose ( et me pose par là même ) la question du déclin marqué du Jazz dans les années 50. C'est un sujet éternel sur lequel j' ai mes convictions. Ce déclin n'est vraisemblablement pas du , comme fréquemment, à une cause mais bien à la convergence de plusieurs.

On avance souvent l'idée que la sophistication accrue, avec le be bop et ce qui a suivi – On ne pouvait plus danser sur cette musique – a détourné le public du Jazz. C'est incontestable mais pas totalement convaincant. Le be bop à ses tous débuts était à la mode et avait trouvé son public. Si ça n'a effectivement pas duré, la musique qui a suivi dans les années 60, le soul jazz avec Cannonball Adderley par exemple était, si on fait un effort minimum d'écoute, parfaitement dansante.


Les profondes modifications dans les modes de vie apparues dans les années 50 dans la société américaine – développement des banlieues pavillonnaires , suburbs, emprise croissante de la télévision – ont éloigné le public de la vie nocturne ( clubs , concerts ) qui était le lieu par excellence de l'épanouissement du Jazz.

Le retour, enfin, d'une forme marquée de prospérité a favorisé le rock and roll naissant au dépens du Jazz ; Un hédonisme musical conciliant le besoin d'oublier les temps difficiles, la grande dépression puis la guerre, et une forme infantile de révolte contre l'american way of life conservateur et conformiste.


Enfin il est impossible de faire l'impasse sur la question raciale. N'oublions pas que le succès du Jazz dans les années 30 et 40 a été largement fondé sur des vedettes blanches : le roi du swing était Benny Goodman et non pas Louis Armstrong ; les bigs bands les plus populaires étaient ceux des frères Dorsey ou d'Harry James pas Count Basie ou Duke Ellington. Si à l'époque les musiciens noirs ont pu rencontrer un certain succès dans le sillage de leurs homologues blancs, le déclin de ces derniers pour les raisons citées plus haut les a privé des locomotives indispensables dans la société américaine encore largement fondée sur le mépris racial.


Le Jazz a toutefois continué de prospérer, de façon plus souterraine, dans les années 50 et 60 ; A preuve le nombre incalculable de disques, dont des chefs d'oeuvre, enregistrés à cette époque. Le public n'était certes plus mainstream mais composé d'une part de jeunes gens blancs « hip » qui voulaient ainsi se démarquer de la culture ambiante et d' un public noir qui restera partiellement fidèle à cette musique jusqu'à ce que le relais soit pris par le R&B et la soul music, qui tireront définitivement le tapis sous le pied des Jazzmen.

En France, comme toujours, le phénomène sera plus tardif. L'engouement pour le Jazz dans la période précédente n'avait pas été de même nature qu'aux Etats Unis et la prospérité sera plus lente ( souvenons nous de la terrible crise du logement et que des tickets de rationnement pour certains produits ont existé jusqu'en 1949 ). La popularité du Jazz s'affirmera au contraire dans les années 50 avec le formidable succès de Sidney Bechet et du « revival » en général mais aussi des concerts de Lionel Hampton ou de la tournée en 1958 des Jazz messengers. En 1962 la fin de la guerre d'Algérie et l'arrivée au pouvoir économique des baby boomers sonneront le glas de la musique noire syncopée. Un rock and Roll francisé et abatardi prendra le relais.

Et aujourd'hui me dîtes vous ? J'avoue n'en fichtrement rien savoir. Ce qui est certain est qu'aujourd'hui aux Etats Unis il n'y a jamais eu autant d'enseignement du Jazz et de musiciens, professionnels et amateurs, de Jazz. Pourtant paradoxalement il n'y a jamais eu aussi peu d'auditeurs. Pour le reste comme le disait Pierre Dac « il est difficile de faire des prévisions surtout quand il s'agit de l'avenir » !!...


Unsung heros – Nick Brignola

Si vous aimez le sax baryton ( Pepper Adams – Joe Temperley – Gerry Mulligan – Serge Chaloff – Ronnie Cuber ) J'ai quelqu 'un pour vous qui ne vous décevra pas. L'ami Nick Brignola, disparu en 2002, a été un des grands de l'instrument qu'il a pratiqué au cours d'une carrière bien remplie, en soliste ou dans les bigs bands, dont celui de Woody Herman.



J'ai découvert l'animal à l'occasion d'une tournée européenne avec son pote Ted Curson au Chat Qui pêche de Mme Ricard en 1967. Nostalgie, nostalgie... J'ai, depuis, toujours admiré cet artiste discret mais dont la discographie est remarquable. Allez un peu de Brignola dont un extrait de son excellent disque avec le tromboniste Bill Watrous plus une bonne prestation en quartet.

Nick Brignola ladies and gentlemen, enjoy !



Puisque vous semblez aimer le baryton vous en reprendrez bien un peu avec la plus belle sonorité qui soit à l'instrument, je veux parler de maître Harry Carney of course.


Pour en finir avec cette barytonnite aigue, le meilleur spécialiste français dont vous pouvez vous procurer je crois cet excellent disque :



Xavier Richardeau, en showcase :



A bientôt petits amis...



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