jeudi 30 juin 2011

Earl and Ray

Nostalgie Blues

Comme tout amateur de jazz vous vous souvenez évidemment du premier concert auquel vous avez assisté, ou du premier club dans lequel vous avez pénétré.

Dans mon cas le premier concert a été en fait les deux premiers concerts puisque j'ai vu deux fois le même artiste à la suite pour le début de ma vie d'afficionado. Il s'agissait rien moins que du grand Earl Hines lui même. C'était en 1966, je n'avais pas 20 ans, et les évènements jazz dans ma ville de province étaient à peu près aussi fréquents que les éclairs d'intelligence dans les propos de Frédéric Lefebvre. C'est vous dire.

Le premier artiste programmé localement de ma vie de presque adulte était donc Earl Hines. Je ne savais de lui que ce que j'avais lu dans les livres, vous savez le fameux "piano-trompette style"- ( je n'étais toutefois pas idiot au point d'imaginer qu'il soufflait dans le piano quand même!) et j'avais du l'entendre aux côtés de Louis Armstrong dans les Hot 7. Mais à cette époque Earl ne jouait plus du tout comme ça, enfin presque plus du tout.

Le concert s'est déroulé comme dans un rêve, et cela m'a tellement emballé que Earl étant programmé quelques temps plus tard dans un bled à 100 km de chez moi, nous sommes allés, moi et quelques autres, le revoir.

La tournée était organisé par le Hot Club de France et d'ailleurs Hugues Panassié lui même accompagnait Earl, qui se produisait en piano solo, certainement pour des raisons économiques plus qu' artistiques.

Depuis cette période j'ai toujours aimé Earl Hines avec lequel je suis devenu familier et je possède sinon tous du moins beaucoup de ses disques enregistrés, dans tous les formats, le piano solo étant celui qui, à mon avis lui convenait le mieux.

Pourquoi nous parler de ça, vous impatientez vous!

Parce que figurez vous que je viens par le plus grand des hasards de trouver un disque d'un label argentin, éditant un concert enregistré par Earl le 17 Avril 1966 à Epinal, soit très peu de temps avant ou après ma découverte du Jazz vivant. Il s'agit d' un "bootleg" mais l'enregistrement d'un pianiste seul ne présentant pas de difficultés même à l'époque, le son est tout à fait correct.



Est ce conforme à mon souvenir ? Je n'en sais rien. Par exemple l'interprétation de " St Louis Blues" avec le "truc", qu'il devait refaire chaque soir vraisemblablement ( trille à la main droite pendant que la main gauche improvise avec citations ) m' avait paru beaucoup plus spectaculaire que ce que j'entends sur le disque. Etais je plus impressionnable à l'époque ou est ce que le climat ( forcément rude ) d' Epinal avait joué un rôle ? Je n'en sais rien mais je penche pour la première explication; quand on est petit, c'est bien connu, les choses paraissent plus grandes.

Je suis très content d'avoir réentendu Earl jouer, et chanter, presqu' un demi siècle après, dans les mêmes conditions que celles de mes premiers émois musicaux.

Je vous ai trouvé une vidéo du Earl à peu près à la même époque, jouant "memories of you". Vous remarquerez qu' à plus de 60 ans Earl portait toujours beau, ce qui est bien mon souvenir. Comme vous êtes attentifs, vous remarquerez aussi que Earl, coquet sans doute et atteint d'une calvitie irrémédiable, portait une perruque comme on les faisait à cette époque, c'est à dire qu'on voyait nettement qu'il avait une perruque. ..Les grands hommes ont aussi leurs petits travers.

Earl « Fatha » Hines ladies and gentlemen.


Unsung heroes

Parmi les instruments de musique peu utilisés historiquement par les musiciens de Jazz , la harpe a déjà été traitée ici , forcément magnifiquement, avec un magistral portrait de Dorothy Ashby. Continuons dans le bizarre avec le tuba.

Tout comme la harpe le tuba n’est pas étranger au jazz, notamment pour les arrangements nécessitant une masse sonore inhabituelle. Mais contrairement toutefois à la harpe, le tuba a été associé au jazz dès ses origines, quand le gros instrument jouait à la Nouvelle Orléans le rôle dévolu plus tard à la contrebasse. Sur cette dernière il possédait deux avantages compétitifs: relativement facile à transporter pendant les parades de rue, et plus facile à enregistrer quand la technologie balbutiait. Lorsque le Jazz a quitté la rue pour les clubs et que les ingénieurs du son sont (1) devenus performants, le big brass a définitivement quitté la scène. Il n’avait toutefois pas dit son dernier mot. Un jeune tubiste, Ray Draper, a réhabilité l’instrument à la fin des années 50, avant qu’ une nouvelle génération emmenée par Howard Johnson, et son ensemble de Tubas "Gravity", et par le fabuleux Bob Stewart ne prennent le relais. En France le tromboniste Marc Steckar a été un pionnier de l’ensemble de tubas- sans être toutefois à mon avis aussi convaincant que la phalange d’Howard Johnson.

Revenons à Ray Draper qui est notre "Unsung Hero" du jour. Avec le recul ses débuts sont absolument incroyables. Pensez que ce gamin, il a à peine 17 ans à l’époque, grave pour Prestige son premier disque : "Tuba Sound". Un extrait ici:




 avec Mal Waldron au piano, Jackie McLean au sax et le rare trompettiste Webster Young ( un de mes futurs Unsung Heroes sans doute ). Comment est il arrivé à convaincre le patron de Prestige, Bob Weinstock, de réaliser un tel disque, en leader, sur un instrument aussi improbable que le Tuba ? Je n’en sais fichtre rien.

Je ne sais rien non plus des chiffres de vente d’un tel album mais le label le réenregistrera la même année et l’année suivante avec deux nouveaux disques, dont le prestigieux sideman sera cette fois rien moins que John Coltrane. C’est d’ailleurs certainement la raison pour laquelle ces disques ont été fréquemment réédités. Ecoutez les interpréter le "Sous le ciel de Paris":





En 1958 toujours, rappelons que ce gamin n’a que 18 ans, il intègre le petit ensemble que reconstitue Max Roach après la tragique disparition de Clifford Brown et l’exil Californien de Harold Land. Avec Oscar Pettiford à la basse, le jeune George Coleman  au sax et surtout le météore Booker Little à la trompette, Max enregistrera "Deeds not words" (2) avec son quintette augmenté de Ray au tuba. L’idée est parfaite car la formule quintette be bop commence à sérieusement s’essouffler et le tuba de Ray apporte une nuance nouvelle à la palette sonore. Avec le même dispositif, un extrait du disque "Award Winning Drummer" sur le Milano de John Lewis.




Ray n’était pas un grand soliste; l’instrument ne s’y prête guère et réussir un chorus be bop au tuba c’est un peu comme essayer de gagner les présidentielles avec Ségolène Royal comme candidate. C’est possible mais pas franchement gagné…( bien que aujourd’hui Bob Stewart fasse ça parfaitement , pas les présidentielles le chorus de tuba voyons!)

Malheureusement, comme notre récent Dupree Bolton, Ray a été pris dans les filets de la drogue et il a galéré un peu partout, de la côte Est à la côte Ouest, avec semble t il, une incursion à Londres. Il ne subsiste qu’un disque, genre rock fusion, en 1968 chez Epic, que j’avoue ne pas connaître. La même année toutefois il participait à un des meilleurs enregistrements de Sonny Criss "Sonny's dream" sur des arrangements de Horace Tapscott.


Sa fin a été à la fois tragique et stupide. Sortant d’une banque où il venait d’encaisser un chèque d’avance sur une future orchestration, Ray a été braqué par une bande de jeunes africains américains en quête de cash facile. Bien qu’il eut donné l’argent il a du faire un geste inconsidéré et le chef de la bande ( 13 ans !) l’a tué à bout portant. Il n’avait que 42 ans.

Contrairement à ce que vous semblez penser je ne suis pas un adepte forcené des tranches de vie misérabilistes et la prochaine fois je m’y engage je vous causerai d’un musicien mort très vieux, couvert d’honneurs et plein aux as ( pas facile à trouver mais on verra. Je peux toujours me rabattre sur Duke Ellington).


Au revoir et à bientôt chers petits amis.
__________________________________________________________

(1) son sont ? Sonson ? Sonson!

(2) "Deeds not words" signifie en gros : "pas de paroles, des actes!", je crois que je vais souffler ce slogan à François Hollande pour sa campagne. Qu’en pensez vous ? 


mercredi 29 juin 2011

Pops

Depuis plusieurs jours nous sommes entrés dans une véritable frénésie Louis Armstrong. C’est l’effet Ricky Riccardi qui joue à plein. C’est qui Ricky ? Psalmodiez vous plaintivement. Vous ne suivez pas, j’en ai déjà parlé à propos de son blog mais cette fois c’est bien plus sérieux qu’un petit blog de rien du tout puisque Ricky a sorti son livre, Le Livre "What a wonderful world " 







Ricky se démène depuis plusieurs jours comme un jeune diable dans un bénitier pour assurer la promotion du bouquin; il est partout où il peut être, presse, radio et tout le toutim.


Je m’inquiète pour lui, sérieusement. Pensez que ce garçon non seulement est dans les affres de l’édition mais aussi dans les affres d’une toute récente paternité. Je crains qu’il ne perde les pédales , comme cette photo semble en attester:






Mais parlez nous plutôt du livre entends je de toutes parts. Il se trouve que j’ai ce livre, grâce au "Amazon Kindle" pour lequel je ne fais aucune publicité, mais c’est quand même épatant, et que j’ai commencé à le lire sérieusement.


Il existe déjà de nombreux livres sur Louis Armstrong depuis sa propre autobiographie jusqu’au récent bouquin de Terry Teachout paru en 2010, qui est très bien. 






Mais le propos de  Ricky n’est pas  d’ajouter une nouvelle bio à ce qui existe déjà, même si évidemment de nouveaux éléments de l’aventure Satchmo sont mis à jour par le dépouillement systématique des précieuses archives laissées par Louis ; et léguées par sa veuve Lucille. Louis est un sujet en or pour un historien car il enregistrait énormément de choses sur bandes magnétiques, qu’il laissait parfois tourner lors d’entretiens avec des amis.


Le sujet du livre est la réhabilitation de l’œuvre d’après guerre de Louis Armstrong, centrée autour de l’existence du "All Stars", certes pas toujours bien nommé, et des nombreux enregistrements de cette époque, qui se termine avec "Hello Dolly" et justement " What a wonderful world".


Dès les années 50, sous l’impulsion de critiques comme Gunther Schuller, le travail de Louis à cette époque a été caractérisé comme démagogique, bassement commercial et musicalement très inférieur à ses chefs d’œuvre des années 20 et 30. Lui-même était décrit comme un pitre, voire comme un oncle Tom mangeant dans la main des blancs racistes. L’auteur entend faire litière des accusations d’oncle tomisme et les enregistrements sur bandes montrent à quel point Louis était préoccupé par la question raciale.


Ricky Riccardi démontre que l’idée selon laquelle il y aurait eu deux Louis Armstrong, celui des Hot 5 et Hot 7 créateur génial, et l’ "entertainer" des  années 50, sorte de vieux clown fatigué et pénible, pour commode qu’elle soit, ne tient pas la route. Selon lui, Armstrong a été depuis ses débuts un "entertainer", et les années 5O/6O ont été les plus productives musicalement de sa carrière.


D’après ce que j’ai lu jusque là, je suis assez d’accord avec l’auteur; le mépris dans lequel était jusqu’à une période récente tenue, dans  certains cercles critiques, cette partie de l’œuvre de Louis est proprement incroyable. Ce qu’il faudra bien se mettre dans la tête est que l’appréciation de l’influence de Louis Armstrong sur la musique du XX éme siècle ne fera forcément que grandir. Ce bouquin marque sans doute le début d’une réévaluation après le purgatoire que connait parfois la postérité dans les années qui suivent la disparition d‘un artiste. 


Sans doute Ricky se laisse parfois emporter pas son sujet et qualifie de chefs d’œuvre certains enregistrements qui certes sont du pur Armstrong mais n’ajouteront peut être rien à sa gloire.


Le bouquin fourmille également d’anecdotes sur le merveilleux être humain qu’était Louis, comment il a protégé toute sa vie Clarence, le fils handicapé mental d‘un de ses cousins décédé, l’amitié qui le liait à sa partenaire de longue date Velma Middleton ( aucun rapport avec Pippa, enfin pas à ma connaissance ). Velma reconnaissons le n’était pas une très bonne chanteuse mais elle apportait la bonne humeur nécessaire au spectacle de Louis. Et puis Velma faisait le "Split". Comment vous ne connaissez pas le Split, ignorants que vous êtes ? Regardez ce clip où Louis joue ( très bien ) , accompagné d’un big band ( celui de Luis Russel ) comme on les faisait à l’époque et surtout, vers la fin, Velma fait le Split. Je vous laisse découvrir la chose:






Pour terminer sur ce sujet, mais en terminera-t-on jamais avec Louis Armstrong, une anecdote qui me fait toujours poiler est la visite au Pape. Sur le chemin vers l’audience Louis avait allumé un pétard ( il en était très consommateur ) pour se mettre en train. Pendant l’audience à la question- anodine - du Pape " Avez-vous des enfants ? "Louis avait répondu au Saint Père " Non, mais avec ma femme, on prend du bon temps à essayer" . Pas très catholique comme réponse non ? A la sortie de l’audience Louis ayant exprimé la nécessité d’un besoin naturel urgent, on l’avait guidé vers les toilettes les plus proches. Après un moment Louis était sorti dans le couloir, interpellant, à la Louis, sa femme  "Lucille, viens vite, viens voir les chiottes du Pape !"  


Allez, pour la route, un petit Louis. M’en direz des nouvelles. Une curiosité extraite du très hollywoodien "a song is born" en 1948 avec Louis et Lionel Hampton, seuls blacks de service pour illustrer la naissance du jazz expliquée par le professeur Danny Kaye. Il y a les trois chefs d’orchestre "swing" les plus populaires du moment: Tommy Dorsey, Charlie Barnet et Benny Goodman. Louis et ce dernier se détestaient et en sont quasiment venus aux mains à plusieurs reprises. Enjoy


Louis «  Satchmo », « Pops » Armstrong, ladies and gentlemen




A bientôt chers petits amis.

mardi 28 juin 2011

Nanar et Dupree

Nanar sur canapé.


Laissez moi vous conter une de mes aventures: repris de boulimie cinéphilique j’ai visionné récemment un (mauvais) film de 1964 du réalisateur Richard Quine. Le titre de ce semi navet est "sex and the single girl" sorti en France à l’époque sous l’appellation "une vierge sur canapé". Imagine t on un titre pareil aujourd’hui ? Non bien sur, ce qui prouve les ravages de la bien pensance militante. Enfin ce n’est pas le sujet.


Malgré un casting éblouissant- Tony Curtis, Henry Fonda, Mel Ferrer, Lauren Baccall- particulièrement grotesque dans ce rôle- et surtout Nathalie Wood ( ah Nathalie!..) cette comédie est franchement poussive, le scénario bâclé et la réalisation plus que mollassone. Richard Quine avait été mieux inspiré dans "Paris when it sizzles"  ( "deux têtes folles"  ici ) avec William Holden et Audrey Hepburn, il est vrai que l’action était censée se dérouler à Paris et que Julien Duvivier et Henri Jeanson avaient mis la main au scénario.


Ce film présente toutefois un double intérêt: le premier est que la musique, certes un peu transparente est signée de Neal Hefti, l’arrangeur de Count Basie, en particulier du génial E=MC2. Le deuxième motif d’intérêt est la présence dans deux scènes de l’orchestre de Count Basie lui-même.


Le cocasse de la chose est que dans une des scènes, les musiciens de l’orchestre sont censés être très émus par l’action, qui se voudrait pleine d’émotion, qui se déroule devant leurs yeux. On leur a donc demandé de pleurer et vraisemblablement des moyens artificiels qu’on n’ose imaginer ont été utilisés.


Comme je ne recule devant aucun sacrifice pour parfaire votre éducation j’ai réalisé trois captures d’écran de ce chef d’œuvre où vous reconnaîtrez, ou pas, Sonny Payne le batteur pleurant, Marshall Royal (1) l’altiste sanglotant et un troisième pleurnicheur que je n’identifie pas formellement mais qui pourrait bien être Frank Foster.


 Crying the blues ladies and gentlemen.








(1) Marshall Royal était le frère de l’excellent trompettiste Ernie Royal. Mais, malgré les assertions de certains généalogistes, il n’avait aucun lien de parenté avec Ségolène Royal. 




Unsung Heroes.

Le trompettiste Dupree Bolton est un des personnages les plus énigmatiques qui soit dans l’histoire du Jazz.

Son deuxième prénom était "Bolden", comme le nom d’un autre trompettiste, des débuts de l’histoire celui là, Buddy Bolden; mythique mais jamais entendu car jamais enregistré. La carrière de Dupree n’est pas sans rappeler celle de Buddy..

Dupree Bolton n’a réellement enregistré que deux disques, comme sideman.

Le premier en 1959 à Los Angeles, est "The Fox", sous le nom de Harold Land alors californien. L’orchestre est composé de musiciens de premier plan; outre Harold et Dupree, Herbie Lewis est à la basse, Elmo Hope ( le grand Elmo Hope ) est au piano et Frank Butler ( le grand Frank Butler ) est à la batterie. Soyons définitifs pour une fois, ce disque est un réel chef d’œuvre . Grâce en partie à Elmo Hope, mais tout le monde joue très bien et on découvre un extraordinaire trompettiste. Dans la lignée fulgurante de Fats Navarro et Clifford Brown, Dupree fait un sans faute d’exubérance, goût, d’idées clairement articulées.. Un parfait classique du néo bop californien ( la black californie pas ce qu’on appelle communément la west coast ) . En voilà un extrait:



Nul doute que les auditeurs de l’époque , enfin je n’en sais rien, aient salué l’apparition d’une nouvelle étoile de la trompette. En fait l’étoile allait s’avérer une étoile filante.

Certes deux ans plus tard, Dupree Bolton faisait une nouvelle apparition discographique. Cette fois aux côtés du sax ténor Curtis Amy, toujours à Los Angelès, sur le bon disque "Katanga". Ses commensaux étaient le guitariste Ray Crawford et le pianiste  Jack Wilson ( encore lui pour ceux qui suivent ). Dupree y confirme tout le bien qu’on pouvait penser de lui.




 La suite ! la suite ! martelez vous avec insistance. C’est bien le problème; il n’y aura jamais de suite. Dupree Bolton n’enregistrera plus jamais rien bien qu’il vivra jusqu’en 1993.

Attrapé par l’héroïne dès son adolescence, très jeune trompettiste ( il a commencé la route à 14 ans chez Jay Mcshann et Buddy Johnson ) notre héros vivra la triste vie des junkies, des années de prison et sa dernière occupation avant sa mort était de jouer de la trompette pour une pièce dans les rues de san Francisco. Indigent, il ne possédait à sa mort en tout et pour tout qu’un poste de télévision et ses cendres reposent au crématorium commun de SF.

Il a participé au célèbre orchestre de la prison Saint Quentin avec Frank Morgan et Art Peeper notamment. La seule photo qu’on ait de lui à cette époque n’est pas proprement engageante:



L’historien du Jazz Ted Gioia avait retrouvé notre homme en 1989 et réussi à le faire parler mais les tentatives de nouvel enregistrement ont tourné court.

Il existe toutefois un troisième disque :



Qui reprend la bande son d’une apparition dans une émission de télévision en 1960, aux côtés de Ray Crawford et du pianiste Dolo Coker ( toujours pour ceux qui suivent ) + des titres du "Oklahoma Prison Band", prison dans laquelle Dupree avait purgé une de ses nombreuses peines.

Voici, chers petits amis, un extrait de l’émission de télé en question - Notez le propos confus du présentateur qui cherche désespérément le nom de la vedette du film "Laura" (1), on a envie de lui souffler! ):

Dupree Bolton ladies and gentlemen.



Une des nombreuses très tristes histoires humaines de l’histoire du jazz et à coup sur une énorme perte pour la musique.

A bientôt chers petits amis.
________________________________________________________________


(1) Ne perdez pas votre temps à chercher, la vedette du film "Laura" était la sublissime Gene Tierney.  Apropos de Laura, Don Byas en avait fait son cheval de bataille. A un interviewer qui lui demandait ce que lui évoquait Laura, Don Carlos répondit " une petite pute à poil sous un ciré noir" .Authentique, sacré Don. Faîtes moi penser de vous parler du personnage un jour.

dimanche 26 juin 2011

Treme


Vous vous souvenez bien sur de mes louanges récentes à propos du nouveau magazine "JazzNews". Vous vous souvenez aussi que dans le sommaire je vous signalais un papier sur la musique actuelle de la Nouvelle Orléans, à propos d’un feuilleton de la chaîne américaine HBO, "TREME", du nom d‘un quartier de Crescent City.


Comme je suis curieux de nature et très porté, entre autres, sur la musique de la Nouvelle Orléans, j’ai essayé d’en savoir plus sur cette série qui semble recevoir un bon accueil aux USA.


JazzNews signalait que la saison 1, comme on dit paraît il, sortait en France. Il semble que ce soit sur des chaînes comme Orange auxquelles je n’ai pas accès. De toutes façon je n’allais pas transiger sur mes principes de ne jamais regarder la télé, fut ce pour la musique de la NO!


Je me suis donc procuré par d’autres moyens connus de moi seul le DVD de la saison 2 ainsi que le CD de la B.O de la saison 1. Je l’ai écouté et j’ai regardé le premier épisode de la série.


Alors? Demandez vous haletants.


Bon c’est une série américaine très bien faite sur des personnages vivants le traumatisme de l’après Katrina, mais ce n’est évidemment pas un docu.  Le fil conducteur est l’itinéraire d’un tromboniste professionnel, Antoine Batiste (1), qui va de gigs en gigs. Autour de lui s’agglutinent les héros habituels: flic au grand cœur, Roméo et sa Juliette, les vilains aussi, promoteurs peu scrupuleux tentant de faire du pognon sur la reconstruction. Enfin rien de très original dans l’univers des séries américaines. 


Mais il y a la Nouvelle Orléans qui est au centre de l’histoire et surtout sa musique. Jouant leur propres rôles, les musiciens ont été particulièrement bien choisis pour représenter l’ incroyable diversité musicale de NO. Du jazz contemporain avec Donald Harrison au Rythm and Blues de Irma Thomas avec Allen Toussaint ( et même une apparition du vétéran Dave Bartholomew, mentor de Fats Domino ) en passant par les fanfares du Dirty dozen brass band. Dr john est forcément là, Trombone Shorty aussi. Le caractère unique de cette musique colorée, swinguante, mélange de blues, rumba, vaudou, jazz etc est très bien restitué.  De ce point de vue c’est vraiment une réussite.


Si vous ne pouvez pas mettre la main sur le DVD, essayez, et ce doit être tout à fait réalisable, de trouver le CD de la BO. Bien sur cette musique ne s’écoute pas la tête entre les mains. Le cœur et surtout les pieds sont les organes les plus, joyeusement, sollicités.






Pour vous mettre en appétit, un petit extrait musical.






Du coup, alors que j ‘avais temporairement rayé de ma liste touristique la Nouvelle Orléans après Katrina et sa suite, préférant la côte Est ou Ouest au Good Ol’ South, je me demande si…


Cela prouve deux choses: d’abord que je suis extrêmement influençable, et ensuite que TREME est une vitrine publicitaire assez réussie.


Cela étant il est quand même assez peu probable que je m’infuse toute la série, n’exagérons pas.


__________________________________________________________


(1) Antoine batiste, voilà un nom qui rappelle les grands musiciens de la Nouvelle Orléans:  Alphonse Picou le clarinettiste , Alcide « slow drag » Pavageaux le bassiste, Honoré Dutrey le tromboniste asthmatique, johnny Saint Cyr et même Ferdinand Lamenthe ( ou Lamotte selon les sources) dit Jelly Roll Morton. 



Coup de cœur

Je vous avais déjà fait le coup du "coup de coeur" il y a quelques temps avec un disque du pianiste Willie The Lion Smith paru dans la défunte série Jazz in Paris.

Ce disque faisait partie des parutions que j’avais ratées. Un autre resurgit, que je n’avais pas remarqué plus que ça à l’époque, enregistré ici en 1975 par Gérad Badini.



Vétéran de la scène Jazz en France, Gérard Badini qui a maintenant 80 ans a joué avec tout le monde de Sidney Bechet à Johnny Griffin. Clarinettiste et surtout saxophoniste, Badini était, comme Guy Lafitte avant lui, un adepte du gros son et reflétait dans son jeu tous les souffleurs non lestériens des années 30, 40 et 50. Adepte de l’idée que l’on peut faire prendre du bon temps au public , ce qui n’est tout compte fait pas un mauvais concept, il a tenté de faire vivre un big band. Le modèle économique de la chose est franchement hasardeux mais il a été aidé dans cette entreprise par l’humoriste Michel Leeb, comique catastrophique mais sincère amateur de Jazz, qui a utilisé le big band dans ses tournées assez lucratives à l’époque.

Revenons au disque en question. Badini est très bien, le Pianiste Raymond Fol beaucoup plus discutable à mon avis mais le grand intérêt de cet enregistrement est la présence de Sam Woodyard. Echoué à Paris et assez mal en point du point de vue santé ( je l’ai vu jouer à l’époque ) Sam avait été chez Duke Ellington sans doute le batteur de big band le plus original qui soit et surement le meilleur que le Duke ait jamais eu ( Ceux qui me parleront de Sonny Greer auront un gage!).

En petit formation Sam est délectable, son imagination, son originalité et son swing presque extravagant font de ce disque un vrai régal.

Un seul bémol il en faut bien un : Admiratif sans doute de Sam, Gérard Badini lui laisse prendre sur "Cute" ( qui était le cheval de bataille chez Basie du rival de Sam, Sonny Payne ) un solo de presque 10 mn. Le solo de batterie est un genre très difficile, ça plait généralement au public pour des raisons non élucidées à ce jour, mais ça m’assomme le plus souvent. Sam est Sam mais 10 mn…

Tout ça n’est pas gênant. Ce disque est un témoignage de premier ordre sur un des plus grands batteurs de Jazz.
Comme j’ai eu la flemme de vous uploader un titre du disque, une vidéo du big band de Gérard Badini accompagnant Johnny Griffin, dont les apparitions devant un big band ne sont pas légion tout compte fait, fera l‘affaire. Vous remarquerez qu‘une fois de plus les musiciens ( forcément talentueux ) de l‘orchestre ont le costume et la mine qu‘on utilise habituellement pour les enterrements.

Gerard Badini ladies and gentlemen


A bientôt chers petits amis.

vendredi 24 juin 2011

Revue de presse, tout ou presque sur Eddie.

Un nouveau magazine consacré au jazz est toujours une bonne nouvelle pour les amateurs. Pratiquement depuis l’origine, de Jazz tango de Hugues Panassié,dans les années 30 au petit dernier "Jazz News" , l’aventure du Jazz, du moins ici en France, a été accompagnée par des publications réalisées par des animateurs passionnés. Il serait fastidieux d’énumérer les grandes plumes qui ont fait leurs armes dans la littérature consacrée à cette musique. 


J’ai l’âge d’avoir suivi pas mal de ces opuscules. Jeune, dans ma province profonde, Jazz Hot et Jazz  Magazine étaient souvent le seul lien avec le monde des musiciens. J’en ai vu toutes les évolutions parfois bonnes, parfois calamiteuses; comme les années 70 durant lesquelles les rédacteurs se préoccupaient parfois plus de leur littérature personnelle que de servir l’information sur la musique. Devant la réduction cyclique du lectorat, la tentation a été parfois grande d "élargir" le spectre et de traiter d’autres musiques ( "du monde "... ou d’ailleurs ) , ce qui aboutit généralement à faire fuir le public spécialisé sans en gagner de nouveau. Un autre écueil qui n’a pas toujours été évité est l’esprit de "coterie" soit auprès d’un microcosme parisien, très réduit au demeurant, soit auprès des musiciens locaux avec ce que ça comporte de lutte d’égos et de nombrilisme; cette dernière tendance naturellement très présente conduit généralement à oublier que le Jazz est essentiellement une musique américaine.


Ce préambule pour saluer le petit nouveau "Jazz News", dont je viens de lire le N° 2 ( j’ai raté le n° 1, qui dans 50 ans se vendra peut être sur eBay 10.000 $).


A sa lecture il semble bien que les écueils cités plus haut aient été évités. Les sujets sont intéressants et bien choisis. Chroniquer ( très bien ) le Blue Note Clifford Jordan / John Gilmore de 1957 est une excellente idée. Idem pour la réédition du Freddie Hubbard au Keystone Corner.


La sortie sur la chaîne américaine HBO de la série TREME dont l’action se situe à la Nouvelle Orléans post Katrina est l’occasion d’un remarquable papier sur les musiciens de la cité du Croissant, Allen Toussaint et les autres, responsables de la BO. Mais aussi la sur famille Neville et particulièrement Aaron qui est un de mes chanteurs préférés. Si vous ne le connaissez pas essayer de vous procurer ça:






Vous n’y trouverez que du bonheur. Une voix "avec un timbre qui tutoie les anges dans un corps d’hercule" écrit le rédacteur, dans une formule un peu ampoulée mais très juste dans le fond. J’y ai appris que le modèle de Aaron était Sam Cooke, ce qui rétrospectivement ne m’étonne pas plus que ça. 


Enfin un magazine où l'on peut lire un papier sur la dernière révélation , le trompettiste Ambrose Akinmusire, mais également des chroniques sur les disques de Booker T ou Pee Wee Ellis. Egalement une interview d’Archie Shepp. Certes ce n’est ni la première ni j’espère la dernière que je lis mais il est toujours intéressant de l’entendre rappeler ses racines.


Bon je ne vais pas vous détailler le sommaire. Pour ma part je vais attendre, prudent, deux ou trois nouveaux numéros et, si…, je m’abonnerai.


Quelques réserves ? Bien sur. Un détail: annoncer Ramsey Lewis comme " Le grand pianiste Ramsey Lewis", bigre, que dira-t-on de Phineas Newborn quand  on abordera ce sujet ?  Plus sérieusement, l’éditorialiste  reprend la thématique à la mode sur l’air du "c’était mieux avant" , avec l’évocation d’un espèce d’âge  d’or des musiciens de Jazz situé dans les années 60. La "paupérisation de professionnels maîtres de leur art" est surement une réalité mais elle l’était déjà dans les années 60 ( Bud Powell et Kenny Clark jouant devant dix personnes au Blue Note de la rue d’Artois…). Oublions ça et courez acheter Jazz News, vous en aurez pour votre argent! 



Unsung heroes : Eddie Diehl


Peut être le nom d’Eddie Diehl ( ou Ed Diehl selon les sources ) vous dit quelque chose ? Après vous être vigoureusement gratté la tête en signe d’intense perplexité, vous en concluez que non, tout compte fait ce nom ne vous dit rien.


Si vous êtes comme moi familier de l’œuvre de Hank Mobley, un déclic doit se faire. Mais oui ça y est. Dans le "Thinking of Home"(1) de 1970 , le dernier disque de Hank ( si on excepte le Breakthrough de 1972 en Co leader avec Cedar Walton ) vous avez entendu un délicat guitariste nommé Eddie Diehl.




 C’est là que j’ai repéré notre homme la première fois. Il y joue peu mais très bien à telle enseigne que ma première réaction a été de me demander si ce n’était pas un nom d’emprunt sous lequel se dissimulerait un musicien sous contrat avec un autre label; ce qui était fréquent, rappelez vous de Charlie Chan ( Charlie Parker) ou de Buckok Lefonque ( Cannonball Adderley ). J’ai écarté assez vite cette mauvaise pensée, Blue Note , à la différence de labels moins scrupuleux ne s’est jamais livré à de telles acrobaties. Alfred lion, qui était Allemand, prussien peut être, ne plaisantait pas avec le règlement.


Je sais maintenant le pourquoi de la présence d’Eddie à cette séance. Outre son talent, Eddie était ami avec Hank et l’autre dirigeant de Blue Note, Frank Wolff, souhaitait vivement que Kenny Burrell soit le guitariste. Fidèle en amitié Hank a tenu bon et a imposé son ami. C’est beau  comme du Jules Romain non ?


Rappelons nous que nous sommes en 1970. Mais Eddie n’était pas un débutant puisque la machine à remonter l’histoire du Jazz me le fait retrouver en 1962 sur une séance Gene Ammons / Jack McDuff, celle là:






La même année, toujours avec l’organiste "Brother" Jack McDuff mais cette fois accompagnant Sonny Stitt:








Dans tous les cas, le jeu d’ Eddie Diehl retient l’attention par une technique sans faille, un remarquable à propos dans l’accompagnement et une grande délicatesse dans l’exercice du solo.


Malheureusement je n’ai pas d’autres disques avec sa participation, sauf du George Braith mais ça ne compte pas. Il a enregistré un ( et un seul ) disque sous son nom, avec Hank Jones et Mickey Roker à la batterie. Je le cherche! 






Il a aussi participé avec le bassiste Bill Crow et les trombonistes Eddie Bert et Roswell Rudd à un groupe appelé "The Kansas City Sound" qui a enregistré deux disques publiés de façon indépendante et certainement introuvables ailleurs que sur eBay si on a du bol. Il y a aussi trace d’une participation à un disque de l’organiste Johnny "Hammond"Smith:


Je sais qu’il a aussi enregistré avec Al Haig ( album "Manhattan memories" en 1977 et Sam Jones "Something in common" la même année ) mais je ne connais pas non plus ces disques. Egalement des enregistrements Prestige avec George Braith.




Eddie a plus de 7O ans maintenant et New Yorkais depuis 1956. Une longue carrière de pro derrière lui: orchestres de danse cubains et portoricains, accompagnement de Harry Belafonte et Miriam Makeba; il est là dedans:






Il a aussi exercé longtemps le métier de réparateur de guitares. On le voit ici dans son atelier:








Assez parlé d’Eddie passons à la musique. J’ai trouvé par hasard une vidéo assez récente de notre gaillard, filmé sans doute par un ami. Il joue vraiment très bien :


Enjoy et notez que toute information sera prise en considération.




Eddie Diehl ladies and gentlemen.







A bientôt  chers petits amis.


________________________________________________________________
(1) Thinking of home marque doublement la fin d'une époque puisque c'est le dernier d'une longue série de Hank sur le label mais aussi le dernier enregistrement de Blue Note en tant que label indépendant.


jeudi 23 juin 2011

Kenny, Candy, Lee, Rocky et les autres.

Après avoir tenté de vous parler jusque là du meilleur de (mon) Jazz, aujourd’hui soyons paradoxal, parlons du pire. Parce que le pire, bien qu’il ne soit, dit on, pas toujours sur, existe bel et bien. Quand je dis "le pire" je ne fais pas référence à tel artiste mineur et généralement peu inspiré, ni à tel enregistrement raté ou telle prestation calamiteuse. On a tous vu ou entendu ça sans s’en offusquer outre mesure; cela fait partie au mieux de la prise de risques, au pire des aléas du show business. Non j’entends bien le vrai pire, le pire du pire, le pire intentionnel.


Pourquoi parler de ça  vous insurgez vous, vous n’avez qu’à vous concentrer sur ce que vous aimez et laisser ce que vous appelez le pire à ceux qui aiment ça. Quel mal cela peut il vous faire ? 


D’abord parce que j’ai un mauvais fond et que j’aime dire du mal et ensuite parce que l’existence de ce pire me dérange. Les deux exemples auxquels je vais me référer sont : Kenny G et Candy Dulfer. Et bien  imaginez une seconde que je me fasse une nouvelle relation et que cette dernière, découvrant mon intérêt pour le Jazz, entame la conversation par " ah oui le jazz je connais, J’aime bien Kenny G et Candy Dulfer…c’est cool!" . Vous imaginez aisément les conséquences d’une telle entrée en matière: une nouvelle amitié prometteuse détruite à jamais. Et vous voudriez que je garde mon calme devant l’existence de Kenny G et celle de Candy Dulfer ? 


Impossible évidemment.


Peut être, le goût surement formé par une famille protectrice et attentive à vous éviter les mauvais livres, les mauvaises fréquentations et la musique exécrable, vous ignorez tout de Kenny G et Candy Dulfer. Cela ne va pas durer, comptez sur moi pour pervertir les âmes les mieux protégées contre le mal.


En fait il n’y a pas énormément de choses à dire de Kenny G. Il suffit de l’écouter pour que la nausée vous prenne. Influencé au départ par Groover Washington Jr, le jeune Kenny par une espèce de dégénérescence programmée a fini par produire la musique la plus sirupeuse, irritante et écœurante qui soit, tout en vendant, il n‘y a pas de justice, des paquets de disques.


Il est d’ailleurs très difficile de comprendre comment il arrive à réussir ce tour de force. Certes il se contente de jouer la mélodie sans plus mais, dans sa dernière période parisienne, Sidney Bechet faisait ça aussi et c’est encore écoutable sans déplaisir aujourd’hui. Non Kenny G y ajoute un mauvais goût spécial, quasiment insoutenable, qui confine au prodige.


Et croyez vous que ce garçon simule, qu’il le fait exprès, uniquement  pour le pognon, ce qui serait éminemment pardonnable ? Il ne semble pas. Extrait court mais significatif d’une interview de Kenny G en 2002 :


Quelle sorte de musique retient particulièrement votre attention actuellement ? Est ce que vous écouter beaucoup de musique ?


Réponse de l’impétrant: "Non, je n’écoute pas des masses de musique. Je suis en fait plutôt dans…je ne sais pas. Je suis plutôt Golf vous voyez ? Ça c’est un grand truc le golf. Je travaille ma musique, j’enregistre mes albums, et quand c’est fini, c’est fini c’est tout."


Donc non seulement Kenny G joue de la musique de crétin pour des crétins mais EST un crétin.


Maintenant faites vous une idée par vous-même, Kenny "beurk" G, ladies and gentlemen.





Exécutons plus rapidement Candy Dulfer. Blondasse batave, la jeune Candy avait pourtant été à bonne école avec un père honnête saxophoniste sur la scène hollandaise mais rien n’y fait quand le destin est tracé dans le médiocre et le tape à l’œil on ne peut y échapper.


A preuve, ses premières apparitions ont pourtant été avec Prince et Eurythmics, qui ne sont quand même pas ce qu’il y a de pire dans le genre.


Elle a depuis développé un genre à elle seule: le genre saxophoniste bimbo. Je ne vais pas vous entretenir des heures de Candy; il suffit de l’écouter . Ce n’est pas tellement le genre de sa musique qui est en cause, Tower of Power ou Maceo Parker font ça très bien, mais elle, elle fait ça très mal. Regardez et écoutez, vous n’êtes évidemment pas obligés d’aller jusqu’ au bout, elle me fait irrésistiblement penser à ces lapins, jadis mécaniques, qui s‘agitent jusqu‘à usure totale de la pile :


Candy Dulfer les gars:




Pour me faire pardonner un vrai "Candy" cette fois , la version de la délicieuse chanson par l’immense Lee Morgan!




Unsung Heroes 


Ce qui précède démontre que je suis d’une humeur de chien. Est-ce la conséquence de la calamiteuse journée de la musique, que le monde entier nous envie, d’hier ( comme tous les ans rien de plus ni moins ) ? Pas impossible allez savoir.


J’en profite donc pour vous faire part du passage dans l’histoire de la musique d’un musicien dont je ne sais pratiquement rien, ce qui rend donc son existence particulièrement intrigante et mon propos un rien cocasse.


Rocky Boyd, puisque c’est lui dont il s’agit, a enregistré en 1961 un disque sous son nom, celui là:




Ce garçon devait quand même avoir des références sur la scène musicale de l’époque puisque ses comparses ne sont rien moins que: Kenny Dorham -tp- Walter Bishop jr -piano- Ron Carter -bass- Pete LaRoca -dms-.


Aves de tels lascars le disque ne pouvait pas être tout à fait mauvais ce que de fait il n’est pas. Oui, mais Rocky Boyd me dîtes vous ? Des exégètes plus savants que moi ont comparé sa manière à un mix de Hank Mobley et de John Coltrane. Bof, je n’entends guère de Mobley ici. Coltrane, de l’époque, surement, peut être avec une légère gueule de bois. Mais c’est plus que convenable. 


    Compte tenu des participants, la question de la réédition s’est posée mais à qui vendre un Rocky Boyd dont la notoriété est égale à zéro ? Le label Black Lion a résolu le dilemme en le rééditant sous le nom de Kenny Dorham, avec la photo de Kenny et un autre titre d'album.


Pas sympa pour Rocky non ?


Qu’ est-ce qu’on sait d’autre sur Rocky ? Il était de Boston, avait migré vers New York. Le batteur Sunny Murray dit lui devoir les débuts de sa carrière. Il aurait aussi aidé ainsi Sam Rivers dont il aurait été très proche ainsi que Tony Williams


Encore un fantôme du passé.


Si quelqu’un en sait plus ?


Rocky Boyd ladies and gentlemen.




A bientôt chers petits amis.