lundi 31 octobre 2011

Nathan Davis et des dames bien décevantes.

je viens de lire un livre de Philip Roth, Indignation, de 2008 c'est vous dire si je suis en avance dans mes lectures !... Quoi qu'il en soit le héros du livre, jeune étudiant modèle au début de l'intrigue, finit par périr à la guerre de Corée par la grâce ( ou plutôt la disgrâce ) d'un enchaînement de décisions qui paraissaient rationnelles sur le moment mais qui, additionnées, le conduisent à sa perte. Cela m'a fait penser, une fois le bouquin terminé à l'excellent musicien que vous connaissez peut être : Nathan Davis. La transition est audacieuse mais j'explique :

Nathan Davis alors résident européen comme beaucoup de saxopohonistes ténors avant ou après lui ( Coleman Hawkins, Don Byas, Johnny Griffin, Ben Webster, Dexter Gordon qui, le saviez vous, parlait convenablement le danois, étonnant non ? ) avait eu l'opportunité de faire une tournée européenne avec les Jazz Messengers, suite à la défection de Wayne Shorter en 1965. Séduit par son jeu et sa grande technique musicale Art Blakey lui avait proposé de prendre la suite de Wayne dans les Messengers, non seulement comme sax vedette mais comme compositeur et directeur musical. Il aurait ainsi succédé à Wayne et Benny Golson et précédé Winton Marsalis. Pas mal comme proposition non ? Que croyez vous que Nathan répondit à cette aubaine ; sur le plan musical, car sur le plan financier Art était réputé pour payer avec un lance pierres ?

Notre Nathan, excipant de femme et enfants en France refusa tout net et du coup est infiniment moins connu que son talent le justifierait.

Nathan Davis avait deux similitudes avec Charlie Parker : Comme lui il était né à Kansas City, précisément dans le même quartier et, comme le Bird, il avait commencé sa carrière dans l'orchestre de Jay McShann. Les similitudes s'arrêtent là, notre homme était un ténor hard bop plutôt Coltranien tendance première période. Outre le ténor il brillait au soprano, à la flûte et au baryton.

Si aujourd'hui des ténors comme Ricky Ford ou David Murray peuvent résider en Europe et avoir des carrières internationales, il n'en était pas de même à l'époque où les moyens de communication, physique et virtuelle n'étaient pas ce qu'ils sont aujourd'hui. Malgré la fréquentation des expatriés comme lui, notamment Woody Shaw qui, atteint par le mal du pays, retournera rapidement chez lui, Nathan n'a pas participé de près à la grande aventure du Jazz outre Atlantique.

Il se rattrapera plus tard en fondant avec Arthur Blythe, Chico Freeman et Sam Rivers le ( un peu ) célèbre groupe Roots. Mais, toujours soucieux de préserver sa vie familiale et sa sécurité et refusant l'aventure, il finira dans la peau d'un éducateur musical à l'Université de Pittsburgh. Agé de 74 ans je pense qu'il a pris sa retraite de ce poste qu'il a occupé très longtemps mais après tout je n'en suis pas sur .

Bien que Nathan ne soit pas réellement plus aventureux dans sa musique que dans ses choix personnels, j'avais un faible pour les disques qu'il a enregistrés ici dans les années 60 ( Peace Treay et Happy girl notamment avec Woody Shaw dans les deux cas ). Plus jeune que les autres résidents comme Dexter ou Griffin, Nathan apportait une touche d'avant garde, modérée certes, au paysage parisien, avant le déferlement du Free Jazz.


On peut peut être trouver ses disques de l'époque, ou ceux où il apparaît en sideman auprès de Slide Hampton ou encore Benny Bailey ( Soul Eyes avec Mal Waldron ).

Pour vous donner une idée au cas où, quelques extraits musicaux

Nathan Davis ladies and gentlemen :



Des dames bien décevantes

Connaissez vous la chanteuse hollandaise, disparue maintenant, Rita Reys ? Je la connaissais que de nom et viens conséquemment pour ne pas mourir idiot d'acquérir ce disque ( la présence de Johnny Griffin a certes aidé ). 




Malgré tout le bien que je pense des dames en général et des chanteuses en particulier je dois avouer ma grande déception devant une voix confidentielle assez loin du talent d'autres européennes comme Karin Krog ou Dame Cleo Laine. A réécouter donc !

Autre semi déception, le dernier opus de Dee Dee Bridgewater. Un disque consacré aux chansons d'amour ( y en a-t-il qui ne le soient pas ? ) sur son label DDB.





Notre Dee Dee a beaucoup de qualité mais elle est avant tout pétulante et sa pétulance s'accorde mieux avec les up tempos, si possible live. Son précédent enregistrement consacré à Billie Holiday n'était pas convaincant franchement non plus. Dee Dee resaisis toi, on t'aime !!

Dee Dee en forme :


A bientôt chers petits amis...

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