vendredi 27 mai 2011

Unsung heroes -part three- et bla blas de zinc


Puisqu'avec Dorothy Donegan on s'est risqué dans le bizarre et l'excentrique allons encore plus loin.

Lors de l'enterrement du président Kennedy en 1963,un jeune saxophoniste et flûtiste de Philadelphie nommé Rufus Harley avait été fasciné par le défilé des Bag pipers. Il n'avait eu ensuite de cesse de retrouver sur son biniou (si on peut dire) les accents plaintifs des cornemuseux. Devant l'inanité de ses efforts il finit par se résoudre à acheter une cornemuse d'occasion. Après un travail acharné l'ami Rufus était fin prêt pour une carrière de l'unique cornemuseux africain américain.



Quelques albums chez Atlantic ont tout d'abord rencontré un succès de curiosité due à l'originalité de l'instrument. Ça n'a évidemment pas duré plus que ce que ne durent les succès de curiosité. Excellent musicien, exploitant le côté derviche tourneur de l'instrument pour tenter de recréer les atmosphères modales de John Coltrane, Rufus était plus qu'un simple excentrique. Sonny Rollins ne s'y est pas trompé puisqu'il l'a invité à l'accompagner sur un de ses disques enregistré à Montreux en 1974.




Personnalité un peu allumée, Rufus a continué à jouer jusqu'à la fin de sa vie dans sa ville natale de Philadelphie, avec quelques incursions en Europe, où il a enregistré notamment avec le trio de Georges Arvanitas.

Un petit clin d'oreille à Rufus avec un extrait d'un de ses meilleurs disques « Re-creation of the gods » dans lequel il joue également le prêcheur baptiste, tout en soulignant, ce qui est évidemment indubitable, que l'interprétation du spiritual " nobody knows etc.… " à la cornemuse est une première mondiale.

Rufus Harley, ladies and gentlemen...



Du marketing judiciaire et autres bla-blas de zinc

Sagaces comme vous l'êtes, vous n'avez pas été sans remarquer l'extraordinaire précision de la présentation dans la presse de la victime des activités ancillaires de l'ex-directeur général du FMI. Cette dame serait non seulement extrêmement pieuse mais également extrêmement méritante, veuve élevant sa fille dans le droit chemin, travailleuse modèle louée par ses collègues et par son employeur, voisine délicieuse, fille, tante, nièce, cousine irréprochable.

Je n'imagine pas une seule seconde que tout cela ne soit pas la pure vérité. Ce qui me met mal à l'aise est plutôt le fait que je ne vois pas le rapport. En effet, la victime, à qui doit aller toute notre commisération évidemment, aurait-elle été moins victime de l'agression d'un gros monsieur tout nu sur son lieu de travail, si elle avait été par ailleurs mauvaise mère et menant une vie dissolue ?


Normalement, dans une société évoluée, la justice devrait être la justice indépendamment de la personnalité du plaignant, de la victime ou de l'accusé. En réalité ce n'est évidemment pas toujours le cas et l' « affaire » actuelle le montre bien.

Cela me remémore les campagnes récurrentes contre la peine de mort aux États-Unis, particulièrement en France. Vous remarquerez tout d'abord que ces campagnes contre la peine de mort ne concernent généralement que les États-Unis et jamais la Chine ou le Tadjikistan .Y voir là marque d'un antiaméricanisme latent serait avoir l'esprit mal placé.


Le symbole actuel de la lutte, parfaitement justifiée cela va sans dire, contre la peine de mort aux États-Unis s'appelle Mumia abu-jamal .Noir américain  ancien journaliste radio et militant des Black Panthers,condamné pour le meurtre, qu'il nie, d'un policier, Il attire à priori les sympathies; Par exemple le journal "l'Humanité" mène une campagne persévérante pour lui éviter la chaise électrique. Tout celà est parfait, l'idée même de la peine de mort m'est insupportable.




Pourtant là aussi quelque chose me gêne. Si on est de façon militante contre la peine de mort, tous les condamnés ont droit à notre égale compassion. Il y a eu depuis le début de l'année près de 20 condamnés exécutés aux États-Unis.

Parmi eux se trouvait Frank Spisak, 59 ans, un ancien sympathisant néonazi. Frank Spisak a été exécuté dans l'Ohio pour trois meurtres en 1982 sur un campus universitaire, notamment lors d'une « partie de chasse »destinée à tuer des noirs. Frankie n'avait évidemment rien pour attirer la sympathie. Pourtant la question de la peine de mort est une question de principe indépendante de la personnalité du condamné. Pourquoi aucune campagne pour arracher Franck du couloir de la mort ?



Allez, cessons d'être aussi sérieux et relisons le bon La Fontaine et ses "animaux malades de la peste". Sacré jeannot! Et bien sur je signe où vous voulez pour la grâce de Mumia abu-jamal.


promis, la prochaine fois je ne vous  parle que de musique.

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. (Ophi c'est la gribouilleuse du Jazz Coin, mais puisque je dois passer par mon compte Google pour poster...)
    Bah non, moi j'aime bien aussi quand tu ne parles pas que de musique. J'adore Rufus Harley (j'avais croisé le bonhomme, un grand moment, trop bref mais carrément surréaliste), mais j'ai bien aimé la partie bla-bla de zinc aussi.
    De toute façon, tu es comme moi : si tu as envie de digresser, tu ne t'en priveras pas. Eh eh.
    En tout cas, un vrai grand plaisir de te relire !

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