mercredi 25 mai 2011

Unsung heroes- Part two-

Je ne résiste pas au plaisir de vous présenter, à moins que vous ne la connaissiez déjà, une des artistes de jazz les plus singulières qui aient existé, et dieu sait s'il n'en a pas manqué.

Dorothy Donegan, puisqu'il faut l'appeler par son nom, n'est pas franchement connue sous nos latitudes, sous les autres pas beaucoup plus d'ailleurs. Mais elle était la meilleure dans un genre particulier... le genre Dorothy Donegan. Quelque chose d'inclassable , entre Liberace ( le pianiste fou aux 700 costumes qui était au clavier ce que Salvador Dali était au chocolat Lanvin ...) et Art Tatum. Soyons sérieux le côté Art Tatum était pour la musique et le côté Liberace pour le comportement ( en scène et malheureusement en dehors ).

Ses troubles du comportement et son attitude généralement imprévisible ont beaucoup fait pour qu'elle n'obtienne pas le succès qu'elle méritait. On peut, comme c'est mon cas, apprécier moyennement le genre mais force est de lui reconnaître une technique époustouflante, une imagination musicale considérable et un sens de l' "entertainement " rare chez les pianistes.

Elle a peu enregistré. On peut conseiller deux disques. Le premier a été produit par Hank O'Neal pour son label Chiaroscuro ( enregistrement live avec un trio + guest star Dizzy Gillespie ) et l'autre par le label français Black and Blue, en solo .





Sur le côté fantasque de la dame je vous ai fait une petite traduction de ce qu'écrivait notamment à son propos Hank O'Neal, qui avait été son producteur et organisait des croisières musicales sur le SS Norway auxquelles Dorothy a participé à plusieurs reprises :


« Ma dernière rencontre face à face avec Dorothy remonte à Septembre 1994. Elle m'avait téléphoné pour savoir si j'accepterais de l'accompagner aux funérailles du pianiste Haywood henry. Elle ne souhaitait pas y aller seule. C'était une demande parfaitement raisonnable et j'étais ravi d'accepter. Je ne connaissais pas très bien Haywood mais toutefois suffisamment pour lui rendre un dernier hommage.

Dorothy était installée Uptown à l'hotel Marriott Marquis, dans une chambre tout en haut. Elle résidait toujours dans les hotels Marriott parce qu'elle y avait des réductions(1). Comme récompense de sa fidélité année après année, Marriott lui attribuait une grande chambre, avec le plus d'espace possible pour le plus de désordre possible. Ce n'était pas différent cette fois. Quand je suis arrivé, Dorothy était impeccablement prête, Chanel de la tête aux pieds, prête à faire une très grande entrée à l'église St Peter. A contrario sa chambre était totalement sans dessus dessous. Trois ou quatre valises ouvertes traînaient sur le sol, le contenu répandu en tas. Tout comme sa cabine sur le bateau ( le SS Norway quand elle s'y produisait. ndt ), mais où malheureusement, elle avait sensiblement moins de place. Une année la situation a été telle qu'après qu'elle eut quitté la cabine le personnel a du détruire pratiquement tout et changer la moquette. Elle n'était pas vraiment ce qu'on peut appeler une femme d'intérieur...

Nous ne sommes pas restés très longtemps; Il n'y avait rien pour s'asseoir à part des piles de vêtements. Nous nous sommes donc dirigés vers la sortie pour trouver un taxi. Le portier s'est précipité vers elle, la saluant par son nom et appelant pour elle un taxi. Une fois assise, mais la porte du taxi encore ouverte, Dorothy a ouvert son sac à main pour chercher quelque chose. Le portier attendait naturellement un pourboire. Dorothy a alors sorti de son sac la moitié d'une banane, avec la peau, et lui a tendu. Cela lui a probablement donné quelque chose à raconter pour la semaine ( et la suivante ) à venir. J'ai pris personnellement soin du pourboire pour le chauffeur à l'arrivée! » ( traduit par moi et ce n'est pas mon métier!)

Je pensais originellement vous uploader de ma discothèque un extrait d'un disque de Dorothy mais en définitive j'ai trouvé sur Youtube l'apparition de la Diva, à la maison Blanche en présence de Bill Clinton, excuser du peu, en 1993 à l'occasion des célébrations du 40 ème anniversaire du festival de Newport.


Dorothy Donegan ladies and gentlemen...





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(1) Comme DSK au sofitel mais ceci est vraiment une autre histoire...

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