mercredi 2 novembre 2011

Nica and Frances

Chers petits amis, je viens de voir un documentaire intitulé « The Jazz baroness » consacré à la baronne Nica de Koenigswater, bien connue de tous les amateurs de Jazz bien qu'elle n'ait jamais enregistré une seule note de musique.


Figure romanesque et excentrique de la vie du Jazz moderne, Nica exerce une fascination aujourd'hui car, outre ce documentaire, une biographie très sérieuse vient de sortir aux Etats Unis ( Nica s' dream par David Kastin ). Des livres, dont une version romancée de sa vie parue en France, sont déjà sur le marché et je me souviens avoir déjà vu un documentaire précédent sur sa vie ses œuvres.

Focalisé sur les rapports et les destins croisés de Nica et de Thelonious Monk ce nouveau film réalisé pour la BBC n'apporte pas grand chose de plus à la connaissance de la vie de l'héroïne ni de Monk. Les séquences filmées ne sont pas nouvelles et proviennent pour une bonne part de l'excellentissime film sur Monk de Charlotte Zwerin Straight no chaser.


La seule information, non bouleversante je vous le concède même pour l'historien du détail, est que plusieurs témoins très proches peuvent affirmer que, contrairement à ce qui était généralement sous entendu dans l'histoire, Monk et Nica n'auraient jamais été amants mais seulement amis extrêmement proches.

L'autre intérêt du film est le témoignage de plusieurs membres de la famille Rothschild sur la jeunesse de Nica. Ces témoignages ont pu être recueillis car la réalisatrice est Hannah Rothschild, sa petite nièce. On y apprend comment étaient élevés, éloignés de toute vie réelle, les enfants dans la richissime famille Rothschild et que le père de Nica, gravement dépressif, s'est suicidé et que son suicide, par respect des convenances, a été camouflé en crise cardiaque. Cette enfance étouffante explique sans doute le farouche besoin de liberté et l'excentricité de Nica mais aussi sa schizophrénie. Faisant paire avec un Monk bipolaire et vraisemblablement schizophrène lui même, Nica formait avec lui un couple psychologiquement explosif bien qu'ils fussent l'un et l'autre d'une grande douceur de caractère.

Ce film est récent et ça ne m'étonnerait pas plus que ça de le retrouver dans les temps à venir sur une chaîne française, peut être Arte vu sa vocation culturelle. Mon conseil est de le regarder surtout si vous n'êtes pas familier avec la figure de la baronne. Vous serez étonné par le personnage, sa Bentley, ses dizaines de chats dont elle connaissait le nom de chacun ( Monk qui vécut 10 ans chez elle détestait les chats ! ), son fume-cigarette de 30 cm et son cœur d'or. Elle était toujours prête, quelque fut son état de fortune du moment, à aider les musiciens dans le besoin pour payer le loyer ou retirer du clou leur instrument. L'épisode le plus dramatique de sa vie a été son incarcération pour possession de drogue, qui appartenait en réalité à Thelonious ; elle s' était sacrifiée pour lui éviter de perdre sa licence de jouer en club.

Des dizaines de titres de morceau de Jazz font référence à la baronne. Voilà le plus célèbre, composé par Monk of course : Pannonica.

Pannonica ladies and gentlemen.( avec Monk au célesta )



Une dame qui ne déçoit pas.

Lors de mon précédent message je me laissais aller à dire du mal ( c'est tout moi ça ! ) de deux chanteuses ou du moins de leur production. Pour me rattraper je veux vous dire du bien d'une de mes chanteuses préférées quoique parfaitement inconnue en Europe. Frances Faye, puisque c'est d'elle dont il s'agit, a eu une carrière essentiellement de chanteuse de cabaret, comme Eartha Kitt ou Lena Horne. Donc variété Jazzy. Est ce du Jazz ou non ? Question sans intérêt vu le talent de la dame. J'ai découvert cette merveille par hasard grâce à sa présence sur un disque de l' arrangeur Russ Garcia, celui là où elle fait merveille :


Ses meilleures prestations sont toutefois « live », vu l'abattage de la dame, abattage qui l'a fait comparer à Dinah Washington. Sa carrière a été très longue depuis les années 30 où elle a commencé à 16 ans comme pianiste accompagnant les vocalistes puis compositrice, pour les Andrews sisters notamment. Malgré quelques prestations au cinéma elle n'a jamais atteint le succès d'une Peggy Lee à laquelle elle ressemblait pourtant stylistiquement. On peut l'entendre live dans ce disque, accompagnée notamment par le grand percussionniste Jack di Constanzo :


Une des raisons de son manque de reconnaissance dans l' Amérique des années 50 est peut être son homosexualité revendiquée ( pour qu'il n'y ait aucune ambiguïté elle terminait sa prestation par le couplet «  Faye ! Faye ! Faye ! Gay ! Gay ! Gay ! ) qui ne lui permettait pas de jouer les stars glamour comme l'époque l'exigeait. Si vous en avez l'occasion essayez de mettre la main sur un de ses disques, vous m'en remercierez.


Frances Faye mesdames et messieurs.



A bientôt chers petits amis...

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