lundi 19 septembre 2011

De bien étranges soirées

J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de la programmation du festival de Jazz de Montlouis sur Loire. Malheureusement, chaque année je déchante une fois que j'ai assisté à un des concerts de ce festival, me promettant de l'éviter la prochaine fois. L'année d'après j'ai oublié et la qualité de la programmation me fait y retourner, je (re)déchante et ainsi de suite depuis des années.

Qu'est ce qui vous défrise à ce point cher Gaston interrogez vous poliment ? J'explique :

Imaginez un parallélépipède d' une taille supérieure à celle d'un terrain de foot ball ; Des murs de parpaings recouvert d'une superstructure de tôle ondulée et un sol désespérément plat sur la plus grande partie du lieu. L'avantage incommensurable du sol plat dans les salles de spectacle est qu'il vous fait bénéficier de la vision des nuques et des coiffures des spectateurs vous précédant mais en aucun cas, je dis bien en aucun cas, du spectacle sur scène. Conscient de cette lacune les organisateurs dans leur mansuétude ont fait installer d'immenses écrans de chaque côté de la scène ; vous pensiez voir un spectacle vivant, vous verrez la projection d'un DVD sur écran géant ! Le prix à payer pour cette soirée de rêve est quand même de 29,95 € ( vingt neuf euros et quatre vingt quinze cents ) per capita !!

J'oubliais le public- précisons que généralement la salle est pleine ; tant mieux pour les artistes, il est déprimant de jouer devant une salle presque vide, mais tant pis pour moi - dont le côté Rock and Roll est marqué : tout droit sortis d'une assemblée du Lion's Club ou du Rotary on devine les messieurs clerc de notaire, entrepreneur en bâtiment, cadres bancaires locaux ou capitaine des pompiers . Les dames sont les dames qui vont avec les messieurs ; leurs plus beaux atours choisis sur le catalogue de la Redoute. La moyenne d'âge, selon mes calculs, est de 53 ans et trois mois...


Enfin, last but not least, une régie de cauchemar. Le son n'est évidemment pas facile à rendre dans une telle configuration de comice agricole et le résultat est à la hauteur des (dés)espérances ; bien qu' entendant convenablement l'anglais je n'ai pas compris un traître mot aux chansons de Liz McComb. Mais le clou est l'éclairagiste, dont je me demande encore s'il s'était échappé le matin même d'une maison spécialisée ou si l'abus de substances hallucinogènes pouvait seul expliquer sa créativité forcenée. Transformer la prestation de Liz McComb en pyrotechnie lumineuse ( chandelles vénitiennes, ah la belle bleue, ah la belle rouge!!) est un tour de force certes légèrement agaçant mais qui demande à être salué à la hauteur de la performance. Heureusement le lendemain, pour la prestation de Roy Hargrove il semblait avoir disparu du paysage. Je craignais déjà le pire .

Et la musique me demandez vous ? Rien à dire la Liz a délivré avec beaucoup de maestria son spectacle habituel. La présence d'un guitariste un peu chiqué a légèrement gâché les choses mais vu les conditions décrites plus haut je n'étais plus à ça près. Pour Roy Hargrove j'ai eu la chance d'être placé dans les premiers rangs et l'éclairagiste fou avait été rattrapé par ses gardiens. Très bon concert avec le groupe habituel où brille le sax Justin Robinson. J'aime beaucoup Roy qui m'avait épaté déjà il y a vingt ans lors de ses premières apparitions. Ma femme s'est ennuyée «  trop de Ballades » dit elle. C'est pourtant sur les ballades (1), genre difficile s'il en est, qu'on apprécie le mieux les qualités d'un musicien ou d'un groupe . Décidément je ne comprendrai jamais les femmes !

Je compte sur le temps, qui guérit toutes les blessures, pour me faire oublier tout ça et, la qualité de la programmation bla bla bla, j'y retournerai l' année prochaine...

Allez un petit Roy, avec Justin Robinson,

Roy Hargrove ladies and gentlemen:


A bientôt chers petits amis...

(1) à propos de ballades Roy a chanté la belle ballade «  never let me go », ce qui à ma connaissance est inhabituel chez lui.

1 commentaire:

  1. J'ai vu Hargrove et Justin Robinson en juillet 2oo6. Ils jouaient avec l'excellent Gerald Clayton (au piano)... à revoir
    http://tinyurl.com/6cq5rt5

    RépondreSupprimer