samedi 17 septembre 2011

the legendary Hasaan

Il est peu probable que vous ayez jamais entendu parler de Hasaan Ibn Ali ; à moins que vous ne soyez, comme moi, un inconditionnel de Max Roach. En effet notre Hasaan n'a enregistré qu'un seul disque, celui là, justement sous l'égide de Max.


Arrêtons nous un moment sur ce patronyme bizarre : Hasaan Ibn Ali, qui n'était pas son vrai nom, notre lascar s'appelait en réalité William Henry Langford. Dans les années 50 et 60 les noms musulmans, avec la religion qui va avec, était plus que tendance dans la communauté africaine américaine, particulièrement chez les artistes, musiciens etc . L'influence de Elijah Muhammad puis de Malcom X était forte, forme de résistance au racisme ambiant et distinction identitaire mêlées. Après la mort de Malcom et la fin de la lutte pour les droits civiques, ce qu'il faut bien appeler une mode est passée. De nombreux scandales qui ont émaillé la vie du mouvement The Nation of Islam, forme institutionnelle de l'islamisme Africain Américain, n'en ont évidemment pas accru l'attractivité. Le 11 Septembre n'a rien arrangé de ce point de vue et les troupes de Louis Farrakhan, actuel leader du mouvement ont fondu comme neige au soleil de La Mecque. Les fréquentations douteuses, et vraisemblablement les financements qui allaient avec, de Farrakhan avec Kadhaffi ont fini de ternir sa réputation.

Louis Farrakhan

Quoiqu'il en soit, à l'époque, de nombreux musiciens ont adopté un patronyme islamique. C'est ainsi que Fritz Jones est devenu Ahmad Jamal, William Evans, Yusef Lateef et Art Blakey Buhaina. Si ce dernier a gardé son nom de scène les deux premiers sont restés scotchés avec leur nom musulman jusqu'à ce jour alors que leur foi musulmane est peut être aujourd'hui questionnable. A propos de Ahmad et Yusef ils ont joué ensemble cet été à Marciac ; Evènement considérable qui a été retransmis par France Musique mais qui, pour de fumeuses raisons de contrats, n'est pas disponible en Poadcast. Une fois de plus que font les pouvoirs publics ?

Revenons s'il vous plait à Hasaan dont il faut le dire nous nous sommes bien éloignés. Notre homme était de Philadelphie comme beaucoup de musiciens, de John Coltrane à Philly Joe Jones en passant par Lee Morgan. A propos de ce dernier, Philadelphie était une telle mine que le célèbre ensemble de 1958 des Jazz Messengers était, hormis Art, constitué uniquement d'originaires de Philly. Localement Hasaan était une « légende », un peu comme Willy Jones à Chicago ; le genre de type capable d'accompagner tous les musiciens de passage et qui néanmoins possédait un style personnel étrange. Son style s'inscrivait dans la lignée Thelonious Monk, Herbie Nichols, Elmo Hope. Il rend d'ailleurs hommage à ce dernier sous le titre Hope so Elmo. Dès l'age de 15 ans il jouait dans l'orchestre de Joe Morris où il croisera Johnny Griffin qui ne tarissait pas d'éloge sur lui.

Lassé d'une seule gloire locale il tentera sa chance à New York, déjà âgé de 33 ans ( l'age du Christ à sa mort ce qui en soi n'était pas un bon présage ) et, sur la recommandation de Kenny Dorham enregistrera ce disque avec Max Roach qui sera fréquemment réédité sous le nom de Max ( Max Roach trio ). En 1965 un second disque sera réalisé, avec son élève d'alors le sax Odeon Pope. Malheureusement non sorti à l'époque et les bandes disparaîtront dans l'incendie de l'entrepôt de la firme Atlantic en 1974. Décidément malchanceux il retournera dans sa ville natale où il disparaîtra en 1981 à l'age de 50 ans.

Il nous a laissé ce disque dont des générations d'amateurs se sont demandé qui était ce Hasaan et en quoi il était légendaire. Vous avez aujourd'hui une partie de la réponse !

Un petit extrait DU disque .

Hasaan Ibn Ali ladies and gentlemen.



Le vidéaste amateur de Jazz Bert Primack tient un blog vidéo chaque jour. Vous pourrez le trouver là :

Ci dessous celui d'aujourd'hui consacré à Cannonball Adderley. La question du jour : quel est votre disque préféré de Cannonball et votre solo préféré du susdit. Ma réponse personnelle : Celui avec Nancy Wilson et le solo sur Waltz for Debby avec Bill Evans . Et vous ?



A bientôt chers petits amis...

2 commentaires:

  1. Voyons... J'ai un faible pour "Cannonball and the Poll Winners" (ça doit être parce que Wes et Captain Brown sont dans le coup). Et pour le solo, celui de "Stars Fell on Alabama" ; d'ailleurs sur cet album-là, il y a mon all-time favorite solo de Trane, sur "Weaver of Dreams".

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  2. d'accord "stars fell.." est un bijou mais le Trane de " weaver of..." n'a pas encore l'inspiration du Love Supreme. Bon tout ça se discute. BTW je suis rentré de Chine aujourd'hui ( aucun rapport bien sur )

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