samedi 5 novembre 2011

Christiane, Betty et les taxes

Je suis encore tout marri d'avoir décrié le travail de deux chanteuses dans un précédent message. J'essaye depuis de me faire humblement pardonner auprès de la communauté féminine des vocalistes en louant le plus possible leur travail. L'actualité m'en donne malheureusement l'occasion avec la récente disparition de Christiane Legrand a l'âge de 81 ans.



Même si ce nom ne vous dit rien, vous connaissiez Christiane Legrand au moins par la voix qu'elle a prêtée généreusement à la musique de son compositeur de frère, Michel Legrand pour les films de Jacques Demy. C'était elle la voix d'Anne Vernon pour les parapluies de Cherbourg ou celle de Delphine Seyrig ( la fée Lilas ) dans peau d'âne. C'était aussi la voix française de Mary poppins.

De formation classique ( elle chanta Bach mais aussi Marius Constant ou Luciano Bério ) elle s'était plus qu'aventurée dans le jazz avec Les Swingle Singers de Ward Single mais surtout les double six dont elle fut avec Mimi Perrin un pièce maîtresse.

La voilà donc avec les double six dans un arrangement de Quincy Jones sur rat race :


Puisque je suis tout contrit avec mes chanteuses, buvons le calice jusqu' à la lie et après on passera à autre chose ; je ne vais pas aller à Canossa jusqu'à la nuit des temps.


Peut être le nom de Betty Roché ne vous dit il rien. Cela ne serait pas plus étonnant que ça. Cette excellente chanteuse a cotoyé les plus grands mais n'a pas eu de bol avec les témoignages discographiques.


Qu'on en juge : Chanteuse chez Duke ellington dans les année 40, elle succédera à Ivie Anderson après avoir gagné un concours de chant à l' Appolo. Elle sera dans le coup des premières grandes œuvres ambitieuses du Duke dont le Black, Brown and beige dont elle assurera la partie blues mais malheureusement cela ne sera pas enregistré ou du moins pas sorti commercialement à l'époque. Par la suite, au moment où sa voix aurait pu être gravée dans la cire , le fameux « ban » ( grève des enregistrements ) nous a privé de ce témoignage. Quand la grève sera terminée, Betty ne faisait plus partie de l'orchestre.

Autre malchance : elle fut pendant trois ans juste après la guerre la chanteuse maison du club harlémite le Minton's où la musique nouvelle, le be bop, s'élaborait . Nous ne possédons pratiquement pas de documentation sonore des sessions du Minton's avec les jeunes Thelonious Monk, Kenny Clarke ou Charlie Parker et en tout cas rien avec Betty Roché.

Elle s'est rattrapée plus tard, à la fin des années 50, avec une petite poignée de disques, notamment chez Prestige. Je pense qu'on peut trouver celui là :



et celui là avec le formidable et méconnu guitariste Wally Richardson :



Influencée par le bebop, comme le montre son interprétation de billie's bounce dans le premier disque, elle s'est essayée dans un style scatté proche de Sarah Vaughan qu'elle n'égale évidemment pas. C'est dans le blues et les ballades qu'elle excelle.

Betty était sinon une grandissime, du moins une bonne chanteuse de son époque dont le travail a été injustement sous documenté. Quelques extraits musicaux choisis dans les deux disques ci dessus:

Betty Roché ladies and gentlemen



De la collectionnite aigüe.

J'ai parlé ici à l'occasion de la fascination qu'exerçaient sur moi les collectionneurs frénétiques.

Outre les disques ( on en est tous un peu collectionneurs avouons le ! ) cette sale manie prend des effets parfois cocasses et extravagants. Je pense aux collectionneurs d'autographes des musiciens de Jazz. Il y a des spécialistes et des collections remarquables, inutiles et sans intérêt mais remarquables.

Une des pièces les plus insolites que j'ai vue est celle ci :



La déclaration d'impots manuscrite de 1950 du clarinettiste Milton « mezz » Mezzrow ( plus fameux par sa très bonne autobiographie que par ses exploits à la claribole enchantée ).

Etonnant non ?

A bientôt chers petits amis...




<

1 commentaire:

  1. La mort de Christiane Legrand survient le même jour que celle d'André Hodeir, l'un de ses complices. Cette femme a mené une vie professionnelle peu banale. De la musique contemporaine à son travail aux côtés de Mimi Perrin, elle aura su tracer une piste dont le chant va rester dans l'histoire de la musique. Pour ma part, je parle un peu d'André Hodeir sur un blog que je démarre et que je vous soumets avec humilité : http://billyglubo.blogspot.com/
    Bonnes fêtes de Noel à tous.
    Billy

    RépondreSupprimer