Quand
on est un amateur, même, croit on, chevronné, il y a
toujours un hic. Le hic est que l'on croit tout savoir et tout
connaître et qu'on fait régulièrement des
rencontres musicales qui remettent en cause nos belles certitudes.
C'est justement le cas avec le trompettiste mainstream Jonah Jones.
Je
croyais connaître le lascar parce que j'avais entendu ses
enregistrements des années 60 pour Capitol. Je l'avais classé
dans la catégorie "sympa mais sans plus" et dans la sous catégorie "roi des sourdines".
Pourtant
quelques interventions ouïes chez Cab Calloway, Sidney Bechet ou
avec Stuff Smith auraient du me mettre la puce à l'oreille.
Mais non, notre Gaston engoncé dans ses croyances ne voulait
pas se fendre de la poignée d'euros nécessaire à
l'acquisition des œuvres de notre Jonah.
Et
pif, je tombe sur le net sur un enregistrement extraordinaire, celui
là :
Ce
disque est la compilation d'enregistrements américain et
parisien de 1954. Cette année là notre Jonah frais
émoulu de l'orchestre de Cab est invité au Salon du
jazz à Paris. A cette occasion il grave dans la cire deux
séries de disques. Tout d'abord une poignée de titres
avec le sax ténor Alix Combelle .C'est la meilleure.
Jonah y est absolument époustouflant de vélocité
avec une technique à faire palir bien de ses commensaux. Il
semble que ce disque ait été enregistré pour la
marque Swing qui précédait le label Vogue.
On
y retrouve avec plaisir le ténor Alix Combelle dont le jeu,
disons rustique pour ne facher personne, met parfaitement en valeur
celui de Jonah. Emule de Louis Armstrong, et un peu de Charlie
Shavers, notre homme que la pianiste Lil Hardin ( qui s'y connaissait
pour avoir été mariée à Louis )
surnommait Louis Armstrong le second, est caractérisé
par une technique incroyable et un swing intense comme aurait dit
Hugues Panassié...
Une
deuxième série est réalisée avec Sidney
Bechet. Là c'est plus compliqué pour Jonah. Il s'agit
d'enregistrements extraordinaires mais surtout pour Sidney. Il est
vrai que Mr Bechet est particulièrement encombrant et que son
énorme présence et son vibrato génial et
envahissant laissent peu d'espace à ses partenaires, aussi
doués soient ils. Ce disque semble avoir été
enregistré pour Vogue. Cela me laisse penser que Swing est
devenue Vogue cette année 1954. Si Anne Legrand LA spécialiste
de Vogue passe par là, elle doit pouvoir confirmer ou infirmer
ma déduction.
Enfin
une séance à New York pour le label Bethlehem avec
Edmond Hall-cl- et Vic Dickenson-tb- notamment dont un JJ Special,
titre éponyme de la compil où Jonah brille de
technique, façon vol du bourdon.
Notre
trompettiste ne manquait pas d'humour puisqu' une de ses composition
s'intitule Whales' blues, le blues de la baleine, en allusion
vraisemblable à son prénom.
Décidément
pris par l'enthousiasme des néophythes je suis impatient de
découvrir d'autres enregistrements de ce musicien. Bien qu'il
ne fut pas un novateur comme Red Allen ou surtout Roy Eldridge, Johah
Jones semble bien oublié aujourd'hui, peut être en
raison du succès de ses disques très « commerciaux »
ultérieurs.
Comme
c'est le "jour de la gentillesse", comme vous
l'avez peut être lu dans la presse ( que ne vont ils pas
inventer hein?) je vais vous faire deux cadeaux dont un exceptionnel.
Le
premier , pour les gens pressés ou pas intéressés
plus que ça par Jonah Jones, un extrait musical du disque, ici
( avec Alix Combelle ) :
Pour
les moins pressés ou auxquels ma prose a mis l'eau à la
bouche, un lien de téléchargement de l'entier disque.
Généralement je ne fais jamais ça mais il s'agit
là d'enregistrements qui ont plus d'un demi siécle et
je suppose qu'il n'y a plus de droits depuis un moment et de toutes
façons les musiciens en cause ne sont plus de ce monde.(1)
Enjoy !
( et Thanks to the original uploader )
A
bientôt chers petits amis...
(1)
Bien évidemment si quelqu'un se sent lésé,
faîtes le moi savoir, ce lien sera détruit !
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