dimanche 13 novembre 2011

Jonah et la baleine


Quand on est un amateur, même, croit on, chevronné, il y a toujours un hic. Le hic est que l'on croit tout savoir et tout connaître et qu'on fait régulièrement des rencontres musicales qui remettent en cause nos belles certitudes. C'est justement le cas avec le trompettiste mainstream Jonah Jones.



Je croyais connaître le lascar parce que j'avais entendu ses enregistrements des années 60 pour Capitol. Je l'avais classé dans la catégorie "sympa mais sans plus"  et dans la sous catégorie "roi des sourdines".

Pourtant quelques interventions ouïes chez Cab Calloway, Sidney Bechet ou avec Stuff Smith auraient du me mettre la puce à l'oreille. Mais non, notre Gaston engoncé dans ses croyances ne voulait pas se fendre de la poignée d'euros nécessaire à l'acquisition des œuvres de notre Jonah.

Et pif, je tombe sur le net sur un enregistrement extraordinaire, celui là :



Ce disque est la compilation d'enregistrements américain et parisien de 1954. Cette année là notre Jonah frais émoulu de l'orchestre de Cab est invité au Salon du jazz à Paris. A cette occasion il grave dans la cire deux séries de disques. Tout d'abord une poignée de titres avec le sax ténor Alix Combelle .C'est la meilleure. Jonah y est absolument époustouflant de vélocité avec une technique à faire palir bien de ses commensaux. Il semble que ce disque ait été enregistré pour la marque Swing qui précédait le label Vogue.

On y retrouve avec plaisir le ténor Alix Combelle dont le jeu, disons rustique pour ne facher personne, met parfaitement en valeur celui de Jonah. Emule de Louis Armstrong, et un peu de Charlie Shavers, notre homme que la pianiste Lil Hardin ( qui s'y connaissait pour avoir été mariée à Louis ) surnommait Louis Armstrong le second, est caractérisé par une technique incroyable et un swing intense comme aurait dit Hugues Panassié...

Une deuxième série est réalisée avec Sidney Bechet. Là c'est plus compliqué pour Jonah. Il s'agit d'enregistrements extraordinaires mais surtout pour Sidney. Il est vrai que Mr Bechet est particulièrement encombrant et que son énorme présence et son vibrato génial et envahissant laissent peu d'espace à ses partenaires, aussi doués soient ils. Ce disque semble avoir été enregistré pour Vogue. Cela me laisse penser que Swing est devenue Vogue cette année 1954. Si Anne Legrand LA spécialiste de Vogue passe par là, elle doit pouvoir confirmer ou infirmer ma déduction.

Enfin une séance à New York pour le label Bethlehem avec Edmond Hall-cl- et Vic Dickenson-tb- notamment dont un JJ Special, titre éponyme de la compil où Jonah brille de technique, façon vol du bourdon.

Notre trompettiste ne manquait pas d'humour puisqu' une de ses composition s'intitule Whales' blues, le blues de la baleine, en allusion vraisemblable à son prénom.

Décidément pris par l'enthousiasme des néophythes je suis impatient de découvrir d'autres enregistrements de ce musicien. Bien qu'il ne fut pas un novateur comme Red Allen ou surtout Roy Eldridge, Johah Jones semble bien oublié aujourd'hui, peut être en raison du succès de ses disques très « commerciaux » ultérieurs.

Comme c'est le "jour de la gentillesse", comme vous l'avez peut être lu dans la presse ( que ne vont ils pas inventer hein?) je vais vous faire deux cadeaux dont un exceptionnel.

Le premier , pour les gens pressés ou pas intéressés plus que ça par Jonah Jones, un extrait musical du disque, ici ( avec Alix Combelle ) :



Pour les moins pressés ou auxquels ma prose a mis l'eau à la bouche, un lien de téléchargement de l'entier disque. Généralement je ne fais jamais ça mais il s'agit là d'enregistrements qui ont plus d'un demi siécle et je suppose qu'il n'y a plus de droits depuis un moment et de toutes façons les musiciens en cause ne sont plus de ce monde.(1)

Enjoy ! ( et Thanks to the original uploader )


A bientôt chers petits amis...


(1) Bien évidemment si quelqu'un se sent lésé, faîtes le moi savoir, ce lien sera détruit !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire