mardi 26 juillet 2011

Artie goes wild!

Un peu de nouveauté dans le monde du Jazz. La vidéo ci dessous fait, paraît il, le buzz du monde anglo saxon jazzeux. En tout cas ce serait les meilleurs ventes chez Itunes et Amazon; ce qui j'en conviens ne prouve strictement rien.


Regardez, et écoutez d'abord :




L'explication ensuite: le monde musical Pakistanais, qui a été brillant avec de nombreux orchestres de danse de qualité, est en perdition depuis les interdits religieux qui se succèdent avec surenchères. Le cinéma un moment refuge des musicos n'a plus le lustre d' antan et est loin de pouvoir rivaliser avec celui de son frère ennemi Indien. Beaucoup de musiciens ont abandonné leurs instruments pour d'autres activités.


Un mécène Pakistanais ayant fait fortune en Grande Bretagne a décidé de se battre pour inverser la tendance, et donc de mettre des sous pour créer un orchestre: le "Sachal Orchestra" que vous venez de voir.


C'est incontestablement surprenant, nouveau, épatant, ce Jazz avec un "Pakistani Twist". Ce qui est frappant est que, sans renier leur particularisme musical, nos gars de Lahore Swinguent. Trop souvent l'adaptation de la musique américaine ailleurs que chez elle, et particulièrement en Europe, perd en route sa composante "swing".


Ne nous réjouissons pas trop vite. Peut être que le gars qui a les sous va essayer de les revoir en faisant enregistrer de la soupe mondialo-compatible..., ou les musiciens eux mêmes. On verra bien, savourons le moment qui passe!


Ci dessous, si vous comprenez l'anglais, un reportage de la BBC sur le "Sachal Orchestra"


Tout sur Artie

Je continue, et je vais peut être m’arrêter là, mon périple dans le bouquin des grandes interviews de Down Beat. J’en suis à 1939 seulement et si je trouve des trucs marrants je vous en ferai profiter, promis.


Pour le moment mon attention a été attirée par un papier, de 1939 donc, sur le clarinettiste et chef d’orchestre Artie Shaw. Sans doute le nom vous dit quelque chose sans plus. De son vrai nom Arthur Arshawsky, ce juif new yorkais a été un des grands leaders de la période des big bands Swing blancs avec Benny Goodman, les frères Dorsey ou Gene Krupa ( je ne cite pas Stan Kenton que je n’ai jamais pu supporter!).


Artie a eu des succès ( begin the beguine, frenesi..), a toujours lutté contre la ségrégation raciale, employant un temps Billie Holiday comme chanteuse de l’orchestre mais était un drôle de coco sous bien des aspects. 

Sur le plan personnel, il affectait un dédain vis-à-vis de la presse, de la critique et de la "profession" qui n’était pas sans annoncer les positions ultérieures de Charles Mingus ou Miles Davis. L’extrait de papier que je vous ai traduit ci-dessous est assez étonnant, compte tenu de l’époque où les studios et le business faisaient la loi.

Un mot de sa vie sentimentale qui a défrayé la chronique de l’époque. Il a été marié à Lana Turner, exécrable actrice hollywoodienne qui sera assassinée par son amant, gangster de son état. Il sera aussi le mari de Ava Gardner, le veinard, mais aussi  de Kathleen Windsor ( dont le livre à succès « Ambre » a fait scandale à l’époque) et l’amant de plein d’autres. On parlait à l’époque des affaires de cœur d’Artie Shaw (1)

avec ava gardner

A la différence de ses rivaux, Artie a formé successivement plusieurs orchestres, se lassant vite de chacune des formules et jurant d’abandonner la musique à chaque fois et revenant chaque fois, vraisemblablement en partie pour le pognon…

Voilà ses ( étonnants) propos de 1939: 

Avec sa candeur habituelle, trop souvent confondue par le public et la presse avec du snobisme, SHAW , dans une interview au New York Post, a honnêtement donné son opinion sur l’industrie du spectacle.

"Je suis au mieux de ma forme, dieu merci, seulement depuis fin Novembre, » a-t-il déclaré "préalablement nous n’avions pas la pression et donc nous avons eu le temps de répéter, préparer nos effets et créer des arrangements sympas. Sur cette lancée nous sommes arrivés sur le devant de la scène mais "ils" ne nous ont pas laissé prospérer  Ils ne nous ont pas laissé la possibilité de souffler. C’est pourquoi tant d’orchestres démarrent en flèche et dégringolent aussi vite"»

Shaw affirme, sans prendre de gants, qu’il n’aime pas la foule. "ça ne m’intéresse pas de donner aux gens ce qu’ils aiment. Ce qui m’intéresse est de faire de la musique. Les chasseurs d’autographes? Au diable ces gars là! Fréquemment nous avons joué pour 2500 ou 3000 personnes et 1000 restent autour de l’estrade à me regarder. Ils n’écoutent pas, ils se dandinent puis ils veulent des autographes. Rien à faire, je suis trop occupé avec mon travail. Quelquefois je laisse mon assistant signer à ma place et ils sont contents"»  

"Mes amis, mes conseillers me disent que je suis irresponsable. Regarde les, me crient ils, ces gens là t’on FAIT, ce que tu es!. Vous voulez connaître ma réponse ? Je leur réponds que si j’ai été FAIT par une bande de crétins c’est vraiment trop triste. En plus, s’ils m’ont FAIT qu’on-t-ils besoin d’un autographe. Vous ne vénérez pas votre propre créature non ? "


 Artie nous dit à quel point l’industrie cinématographique est dirigée par une bande d’imbéciles qui vous disent ce qu’il faut dire, où il faut le dire et quand il faut le dire. Il affirme qu’il a mauvaise presse parce qu’il refuse d’ânonner des âneries qui ne veulent rien dire. Et il a raison. Comme il refuse de se comporter en idiot tout le monde le traite de capricieux!

Légitimement vous attendez d’ouïr un peu d’Artie. Cela arrive; chaud devant! Le grand hit « begin the biguine » puis un « stardust » dans lequel le voicing des trompettes sera plus tard largement utilisé par les orchestres de variétés Jazzy, Ray Conniff en fera sa marque de fabrique.

Artie Shaw, ladies and gentlemen



A bientôt chers petits amis. ________________________________________________
 (1) "De cœur d’ Artie Shaw", désolé mais je n’ai pas pu m’en empêcher…

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire