dimanche 31 juillet 2011

Elaine et les états généreux

Quand le monde français du Jazz ( ou le monde du Jazz français, je ne sais) bruisse de pétition à tout va, adressée au bon Frédéric Mitterrand , il est sans doute intéressant de jeter un œil au-delà de nos frontières pour examiner comment se passe les choses dans l' "économie du Jazz" mondiale. Ici les "acteurs de la filière" , comme ils se nomment eux même dans un langage dont la poésie le dispute à l‘élégance, ne sauraient dépendre du "grand capital prédateur"; tout logiquement l’appel aux pouvoirs publics s’impose, au nom sans doute de l’exception culturelle française!


Je suis sans doute injustement sarcastique mais je pense réellement que cette démarche est une impasse et les "Etats généraux du Jazz" un écran de fumée jusqu’à 2012, quand la découverte, faussement ébaubie, par les dirigeants nouvellement élus des déficits et dettes abyssaux reléguera au dernier plan de leurs préoccupations l’appui à un secteur aussi marginal que le Jazz.


Aux Etats unis le financement du Jazz est largement une affaire privée, de sponsoring ou de mécénat, avec évidemment des dérives mais au moins on trouve des sous.


Elaine et le duke
Le cas emblématique est celui de George Wein, qui a commencé sa carrière de promoteur du Jazz, sans la moindre concession artistique, dans les années 50, grâce à des "socialites" comme Elaine Lorillard, épouse de l’héritier de l’empire du tabac du même nom. Sans doute avec un côté épouvantablement snob et dame patronesse, Elaine Lorillard, jusqu’ à sa mort, a toujours donné à Wein le coup de pouce financier dont il avait besoin. 



George a réussi ensuite à capter des sponsors comme les bières Schlitz, les cigarettes Kool ou JVC. L’an passé la firme pharmaceutique CareFusion a assuré les fins de mois de ses activités. Cette année c’est la Sté de gestion de fortune américaine Natixis Global Asset Management qui joue ce rôle. A noter que Natixis est la filiale de La Caisse d’Epargne Française et des Banques Populaires; ce qui laisse rêveur. Pourquoi ces établissements prestigieux financent le Jazz américain et pas le Jazz Français ?




A mon humble avis la réponse est simple: Il n’y a pas ici de promoteur de l’envergure de Wein, l’activité de promotion de concerts et de festivals étant assurée par les collectivités locales ou leurs satellites. La deuxième raison est que le Jazz en France n’a jamais atteint le niveau de visibilité qu’il a naturellement aux Etats Unis.


Agé de 86 ans Wein vient de constituer une fondation à même de lever, auprès de la classe fortunée et potentiellement mécène, les fonds nécessaire à ce que son activité lui survive. Le conseil d’administration est prestigieux et constitué parmi les noms du riche carnet d’adresses de George, chez les amateurs de Jazz mais aussi de vin ( dont il est un spécialiste ) ou de peintures, dont il est un actif collectionneur. 



Il est honnête de noter qu’une grande entreprise française, via une fondation, BNPParibas, a joué un rôle dans ce domaine. Elle a aidé notamment Elisabeth Kontomanou ou récemment Tigran Hamasyan. Ce qui est frappant est que, cette année, son pognon ira au soutien du North Sea Jazz Festival, ce qui est excellent mais pas précisément en France.




Résumons ce message un peu trop sérieux. Les musiciens de Jazz français pleurent sur leur sort et en appellent à des pouvoirs publics qui, hormis de belles paroles, ne feront rien pour eux. Cela alors que des grandes entreprises prêtes à mettre des sous dans le Jazz le font aux Etats Unis ou ailleurs en Europe. Est-ce que cela ne devrait pas normalement interpeler les "acteurs de la filière" ?


Allez affaire à suivre et, la prochaine fois, je vous cause d’un  sujet moins ennuyeux, promis!


Elisabeth Kontomanou ( avec John Scofield ) justement, ladies and gentlemen:




A bientôt chers petits amis.

1 commentaire:

  1. Sans doute vrai ! mais les musiciens sont mal équipés et mal préparés à demander ce genre d'aide et à monter ce type de collaboration... c'est un nouveau logiciel à implémenter...

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