dimanche 5 juin 2011

R.I.P

Au train où vont les choses, il ne va plus rester grand monde des acteurs de la grande époque. Je m'inquiète pour Sonny Rollins, dernier des grands, avec Roy Haynes, encore en activité.

Vous l'avez compris cette rubrique nécrologique s'allonge de jour en jour. Cette fois c'est Ray Bryant dont on nous annonce la disparition.




Mais qui est ce Ray Bryant ratiocinez vous?

Ne vous laissez pas tromper par son nom en forme de pub pour une marque de brillantine. Encore qu'aux états unis "raie brillante" ne veut strictement rien dire. Méfiez vous par principe des jeux de mots intraduisibles. Essayer seulement de dire à un anglophone "how do you dou'yau de poële ? "  . De même la célèbre blague de Dieu à St Pierre "tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon église" donne en anglais : "you are Peter and on that stone... " ce qui laisse dubitatif sur l'omniscience du créateur.

Bon je sens que je m'égare, revenons à Ray . Il a connu une gloire, fugace mais rémunatrice, par un enregistrement d'une de ses compositions qu'il avait nommée « the madison ». Dans les années 60 la folie du twist retombée, le business avait besoin d'une nouvelle danse qui ferait vendre des disques. Pourquoi est ce que c'est tombé sur lui et son madison? mystère mais le fait est.

Ray a connu la carrière habituelle des musiciens talentueux de sa génération; Pianiste maison du plus célèbre club de sa ville natale Philadelphie, il y a accompagné toutes les pointures de passage, y compris Charlie Parker. Par la suite il sera un pianiste « in demand » à New york où on le verra auprès de tout le monde- Sonny Rollins, Max Roach etc- . Tiens c'est lui le pianiste là :




Ray était un musicien que les américains qualifient de "versatile", ce qui n'a pas là bas le côté péjoratif qu'il a ici. Un peu comme Clark Terry en somme, apte à s'adapter à peu près à toutes les situations. Son élément de prédilection, là où il est le meilleur, est le piano solo. Dans ce cadre il peut développer sa technique et sa large culture du jazz, passant du "à la " Art Tatum/Oscar Peterson au "à la " minimalisme Bud Powellien. De ce point de vue son meilleur enregistrement est celui là:




Un feu d'artifice pianistique à Montreux en 1977.

Comme accompagnateur et arrangeur, on peut le trouver aux côtés de la jeune Betty Carter, en 1955 dans ce disque là.



C'était quand Betty Carter était jeune. Elle minaudait déjà mais sa jeunesse rendait cela charmant. Plus tard ça deviendra un peu pénible, genre Jeanne Moreau si vous voyez ce que je veux dire...

Je m'égare encore. Terminons sur Ray pour rappeler qu'il avait un frangin de bassiste, Tommy avec lequel il constituera les deux tiers du trio de joe jones pendant un bon moment et qu'il était l'oncle de Kevin et robin Eubanks, tous deux excellents musiciens. Cela vous fait, j'en suis conscient, une belle jambe.

Allez un peu de zique. Cubano Chant, une de ses compositions, enregistrée en 1966, avec Snooky young et Clark Terry aux trompettes ( une chacun ) et freddy wait aux drums- album "lonesome traveler" chez cadet.





Unsung heroes

je continue ma petite série, dont j'ai cessé de numéroter les parutions. Quelle obscurité totale va-t-il nous dégoter le gaston, grognez vous de mauvaise humeur ? Pourtant c'est dimanche non ?

Dolo Coker. Ca vous la coupe non. Si ça se trouve vous n'avez jamais entendu parler de Charles « dolo » Coker.

Une précision utile, Dolo Coker ce n'est pas ça :



C'est ça :




Bon je sais, c'est facile.

Sérieusement, notre Coker a été un fin pianiste qui a sévi essentiellement en Californie dans la région de Los Angeles dans les années 50, 60 et 70.

Si j'ai une tendresse particulière pour ce bon Dolo c'est essentiellement pour un titre de sa composition "affair in Havana" enregistré en 1960 en Californie, lors de son séjour west coast, par Dexter Gordon, sur l'album "the resurgence of dexter Gordon". Dexter y est majestueux comme à son accoutumé, mais le thème, latin comme son titre l'indique, est très réussi. Je réécoute fréquemment ce morceau; Il y a des thèmes magiques, comme Night in Tunisia auquel Affair in Havana ressemble un peu, si on veut, qui vous poursuivent ensuite inexplicablement.

Dolo a enregistré ce titre également dans un album paru sous son nom chez Xanadu en 1976. Bien que l'orchestre qu'il conduise soit composé des meilleurs musiciens « black west coast » de l'époque, dont l'extraordinaire batteur Frank Butler, sans Dexter la magie a un peu disparu.

Très présent sur la scène californienne pendant trois décades, on le retrouve dans de nombreux enregistrements, notamment de Sonny Cris, Art Pepper etc . Il était très lié au label Xanadu chez lequel il a enregistré une poignée de disques en leader. J'oubliais: Le jeune Charles avait été affublé de son surnom "Dolo" à cause d'une danse en vogue à l'époque, le dolo, qu'il pratiquait avec une expertise consommée. Il eut été criminel que je vous cachasse une information aussi capitale. Non ?

Son nom survit aujourd'hui au travers d'un fondation "the charles dolo coker jazz schorlaship foundation inc" animée par Sybil coker dont je ne sais si c'est la veuve ou la fille de notre héros.

Pour illustrer musicalement cette rubrique, j'aurais pu choisir le "affair in havana" précité ou un enregistrement de Dolo en trio. Ecoutez plutôt ça : C'est Dolo accompagnant l'immense Sonny Criss pour l'album "Crisscraft" de 1976. Enjoy!






Dolo Coker ( et Sonny et le grand guitariste Ray Crawford) ladies and gentlemen...  



A bientôt chers petits amis!

1 commentaire:

  1. Dolo Coker... c'est vrai que je n'ai jamais trop fait attention à lui, c'est sa faute aussi, quand j'écoute "Crisscraft", ben j'écoute que Criss (qui doit figurer dans mon top 5 des altistes). C'est bien lui qui est sur un album Sweets/Zoot, aussi ? Ben là, je n'écoute que le tandem rythmique John Heard/Jimmie Smith (celui-là même qui swingue tellement que c'en est presque trop).

    Tu me donnes envie de jeter une oreille un peu plus attentive sur son jeu, tiens.

    Ray Bryant... eh oui. Je l'adore avec le trio de Jo Jones. Enfin non, je l'adore tout court. Cette main gauche...

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