lundi 20 juin 2011

diverses journées à tendance commémorative

Ainsi que vous vous en souvenez hier était la journée de la femme. . Du moins je l’avais décidé . Aujourd’hui journée du Chet Baker. Notez le bien, dorénavant  tous les 20 Juin, journée du Chet Baker. Demain journée de la serpillière, Après demain  journée des policiers municipaux. Ces journées à répétition m’horripilent vous l’avez compris. Il n’y aura bientôt plus assez de jours dans le calendrier! 


En fait j’ai lu un papier ce matin sur Chet Baker c’est le pourquoi du comment. Ce n’est pas que je sois réellement un fan du Chet. Il a enregistré un nombre incalculable de disques, la plupart du temps plutôt pour avoir rapidement du cash pour faire face à son addiction que par réelle nécessité artistique. Les résultats sont souvent plus que mitigés. Il y a toutefois un énorme fan club informel du Chet, qui s’explique peut être plus par le personnage et sa vie tumultueuse que par son œuvre.


A ce sujet il y a ce livre, qui insiste sur cet aspect "Fallen angel" de façon un brin racoleuse, plus que sur la musique. Mais ça peut vous plaire, allez savoir:






Les ravages de la vie dissolue sur le Chet peuvent s’illustrer simplement en deux photos, genre avant / après:



 Je n’irais toutefois pas jusqu’à nier l’incontestable charme du Chet trompettiste, bugliste et surtout chanteur; c’est là que je le préfère.


Mais ce n’est pas de l’œuvre complète du Chet dont je voulais vous parler mais, à son sujet, d’une petite curiosité.


Expulsé d’un peu partout pour les raisons liées à son addiction avec laquelle on ne rigolait pas en ce temps là , Chet s’est retrouvé au début des années 60 échoué en Italie. Son charme de jeune premier, le goût du jazz renaissant en Europe  lui ouvraient les portes d’une carrière musicale, et pourquoi pas une carrière dans le cinéma italien florissant à l’époque.


Le début des années 60 était marqué par un essor économique sans précédent et l’arrivée à l’âge sinon adulte du moins à l’âge de la consommation des fameux baby boomers. Ces derniers recherchaient autre chose que ce qu’aimaient leurs parents et tout ce qui venait d’Amérique, alors si loin, représentait l’ultime nouveauté. Jazz, rock n'roll naissant, jeans et coca cola étaient les nouveaux signes de reconnaissance de la nouvelle génération.


Le business avait bien senti le nouveau potentiel et l’appel que pouvaient avoir des musiciens, chanteurs ou acteurs américains sur ce segment de marché inconnu jusque là: les jeunes.


C’est pour cette raison que le cinéma français avait trouvé le parfait spécimen avec l’acteur Eddie Constantine , Chanteur et acteur raté à Hollywood, Eddie deviendra une icône ici en jouant le rôle d’un détective - Lemmy Caution- inspiré des romans de Peter Cheyney.  Plus tard, le chanteur américain, bien que né en Angleterre, Vince Taylor jouera le même rôle dans la variété rock n' roll. 


L’Italie n’était pas en reste et l’industrie cherchait son Lemmy Caution ou quelque chose d’approchant. L’arrivée, certes chaotique, mais le chaos n’effraye jamais nos amis transalpins, du Chet ouvrait de grands espoirs; Musicien reconnu, chanteur charmant, gueule d’ange et toujours prêt à tout pourvu que les dollars tombent, Chet était un don du ciel pour les gens de Cineccita.


Aussitôt pensé aussitôt fait et notre Chet est embarqué dans un film dirigé par Lucio Fulcini, qui avait déjà commis la "Ragazzi del juke boxe" peu de temps avant,  dont le titre sera "Urlatori alla sbarra". Le principal rôle est tenu par le tout jeune chanteur, qui fera ensuite parler de lui, Adriano Celentano. On y voit aussi l’excellente Elke Sommer. Chet Baker joue un peu son propre rôle, jeune américain insouciant poussant la chansonnette et la trompinette ( cherra bien sur ).


De fait si je vous raconte tout ça c’est que j’ai un extrait à vous montrer. C’est là :






Vous sentez bien qu’on est plus dans la série C que dans la série B. et ne parlons pas de la A.


Pour terminer sur ce nanar notons qu’on y voit également en sous second rôle l’ami Aldo Maccione, débutant alors dans l’hilarante troupe des "Brutos".


Peu importe la qualité de ce film, voilà l’ami Chet lancé dans la péninsule pensez vous ? Las, quelques mois après , à l’été 61, à Lucca qui est je crois en Toscane, Chet est arrêté pour trafic et possession de narcotiques et purgera une peine de plusieurs mois en prison. Bien qu’il eut appris l’italien en prison et, selon ses codétenus, le parlait sans aucun accent,  le train du succès italien était passé et Chet restera sur le quai. Triste histoire non ?


Unsung Heroes.


Je finis un poil la journée de la femme qui ainsi, j’en suis désolé, se chevauchera un peu avec la journée du Chet Baker mais il n’y a pas assez de jours dans une année vous dis je.


Donc aujourd’hui la pianiste chicagoane Pat Moran.


Née en 1934 et toujours en activité Pat Moran est connue surtout pour deux disques enregistrés en 1957.









Le premier la trouve au piano, assez logique pour une pianiste, sur quelques titres en trio, dans un style be bop rondement mené. D’autres parties du disque consistent en un ensemble vocal proche de ce que faisaient les "four Freshmen" ou plus tard en France les "Blue Stars" formés par Blossom Dearie et qui seront les précurseurs des fameux Double Six. Outre la chanteuse Beverly Kelly, les musiciens de l’orchestre dirigé par Nat Pierce font les vocaux. Il y a de bons chorus de flûte de Sam Most.


Enfin rien d’extraordinaire. Quelques mois plus tard en décembre, Pat retourne en studio pour enregistrer en trio. Elle joue sur ce disque remarquablement bien, dans le style Red Garland/Wynton Kelly. Mais évidemment ce qui fait la valeur de ce disque est la présence du tout jeune Scott LaFaro, futur partenaire de Bill Evans, qui montre déjà toute son expertise dans ce qui est son premier enregistrement. Curieusement et je ne l’ai pas fait exprès, Scott jouait à l’époque avec Chet Baker.
  
Bien que Pat Moran, malgré son indéniable talent, n’ait par la suite guère attiré l’attention ( il semble qu’elle joue toujours toutefois ) ce disque est régulièrement réédité, parfois couplé avec le premier. La raison en est facile à comprendre: la mort à 25 ans de ce génial précurseur de la basse qu’était Scott LaFaro fait qu’il y a si peu de témoignages discographiques que tout est bon à prendre. Tant mieux pour Pat Moran ( dont le vrai nom est en réalité Helen Mudgett ), qui mérite bien l’écoute.


Avec Scott, Pat Moran ladies and gentlemen:








A bientôt chers petits amis.

2 commentaires:

  1. Attention ! semaine prochaine, journée du voisin de palier !

    Ah la couve ! avec les talons hauts posés façon décontracte sur le clavier du piano ! très Rock&Roll

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  2. Indéniablement motivé Scott LaFaro (la jeunesse ou la présence de la dame au piano) ;-)

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