mercredi 1 juin 2011

marketing municipal et herbe verte

Vous l'avez peut être remarqué, surtout si vous vous intéressez aux automobiles, une nouvelle voiture arrive sur le marché, elle s'appelle Honda Jazz. Je me contrefiche de l'actualité automobile mais c'est le mot « Jazz » qui m'a attiré l'oeil. Ce mot n'est pas, heureusement, déposé et déjà un parfum, ne me demandez pas lequel, s'appelait Jazz et une banque avait il y a quelques années nommé un de ses produits: Jazz.

Le mot Jazz est bien pratique et cela se vérifie à l'occasion des très nombreux festivals (festivaux?) « de Jazz » qui fleurissent chaque été dans nos belles communes françaises.

Pourquoi, alors que cette musique n'intéresse réellement qu'une poignée de monomaniaques comme moi, la marque « Jazz » est elle si populaire chez nos édiles des villes et des campagnes ?

Très facile de répondre à cette question chers petits lecteurs. Que veut l'édile soucieux de sa réelection ? Il souhaite que son action soit perçue comme entraînante, jeune mais sans excès, fédératrice sans être coincée, génératrice de visiteurs extérieurs mais qui ne dérangeront pas la vie quotidienne de ses administrés, et dont le pouvoir de dépenser localement lui amèneront le suffrage et l'estime du commerce local, toujours "leader d'opinion" comme on dit quand on sait causer.

Après avoir cogité des nuits durant notre édile a évidemment écarté le festival de l'opérette, trop marqué ringuardos, la teuf techno trop propice à effaroucher les ménagères de tous ages, coeur de son électorat, et n'a pas envisagé une seule seconde la convention annuelle des copocléphiles trop élitiste.

Une nuit, il s'est dressé , couvert de sueur glacée, sur son lit et son séant tous ensemble, se frappant le front et hurlant la célèbre expression du regretté commissaire Bourrel « bon sang mais c'est bien sur ». Le Jazz, c'est ça: pas de va nu pieds menaçants à craindre, un public typé classe moyenne mais parsemé de jeunes ici et là; des rentrées fiscales toujours bienvenues pour financer le rond point face à l'église promis à des concitoyens devenus soupçonneux, et enfin un léger fumet d'action culturelle moderne-mais-pas-trop  qui peut faire rayonner le nom de la commune au delà des limites, devenues trop étroites pour son ambition, du département.

Un seul problème: le Jazz c'est très chiant depuis la disparition de Sidney Bechet et Lionel Hampton. Le remède est aussi simple que le problème : faire un festival de Jazz SANS Jazz. Tel l'oeuf de colomb, cette formule s'est, à quelques exceptions près je vous le concède, imposée à peu près partout.

Je sais que suis injuste, il reste beaucoup de festivals qui n'usurpent pas complètement leur appellation ( Nice, Vienne, Marciac pour les plus célèbres ) mais la tendance pour les moins connus est quand même de programmer plutôt Brigitte Fontaine que Roy Hargrove .

Je n'en fais pas une maladie, c'est juste pour causer...


Unsung heroes


Aujurd'hui encore un musicien très très obscur mais dont le seul nom est un régal « Grassella Oliphant », à tel point que je me demande s'il s'agit de son vrai nom ou d'un pseudo très délicatement et poètiquement choisi.

Notre héros Grassella ( c'est vrai quel nom curieux!) ne s'est pas distingué par une carrière exceptionnelle. Né à Pittsburgh ( comme Errol Garner et Art Blakey avec lesquels il n'a aucun rapport) en 1929 il a commencé très tôt avec Ahmad Jamal puis, pendant deux ans a été le batteur de Sarah Vaughan. Ci dessous avec Sassy:





Après Sarah, il a accompagné et « managé » une autre chanteuse Gloria Lynne.

A la fin des années 60 Il a cessé toute activité musicale pour élever ses enfants et diriger le « east orange golf course » semble t il dans le New Jersey. Retraité vraisemblablement, il aurait, après quarante ans sans toucher les baguettes, repris la musique. Je ne sais ce qu'il en est aujourd'hui ni même s'il est toujours en vie. Il aurait 82 ans.

Pourquoi nous parler de ce musicien vraiment à priori sans intérêt, me dîtes vous avec un léger filet d'irritation dans la voix ?

C'est, chers petits amis, qu'entre temps il avait enregistré chez Atlantic, on ne sait par quel mystère, deux disques en tant que leader, absolument remarquables. Ces deux disques, le premier en 1965 ( The Grass roots ) et le second en 1967 ( The Grass is greener ), ont été réédités en CD et sont donc assez faciles à trouver. Ces deux séances sont de toute beauté , pour ceux qui aiment le genre, notamment « the grass is greener » avec un attelage de rêve pour l'époque : Clark Terry et le sax Harold Housley – un autre unsung heros tiens- comme souffleurs et, outre Grassella, john Patton au B3 et Grant Green à la guitare. Le jeu de mots subtil du titre de l'album sur les noms de Grassella et Grant Green rappelle les grandes heures du journal Libération.

En résumé c'est une pitié que Grassellla ait eu des enfants à élever...


Grassella Oliphant, ladies and gentlemen...



ps:A l'écoute vous comprendrez pourquoi ce disque a été pas mal samplé par les hip hoppeur et assimilés.


A bientôt chers petits amis...


2 commentaires:

  1. Eh bien écoute, je ne sais plus sur quel CD j'avais découvert le Sieur Oliphant (mais ça va me revenir un jour)... le Something Personal de Jack Wilson peut-être ? Sais plus, faudra que je vérifie. Bref, quoi qu'il en soit, j'avais demandé à Richard Davis si c'était son vrai nom, et il semblerait que oui (en parlant de noms improbables, j'ai toujours trouvé que le hasard avait très bien fait les choses pour Blossom Dearie).
    Le parfum "Jazz", c'était un Yves Saint-Laurent. Et il sentait très bon. Et il était vendu avec une cassette audio, sur laquelle il y avait entre autres le "Night and Day" du Zoizeau avec big band. Mon papa me l'avait acheté, héhé.

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  2. c'est Varney Barlow ( totalement inconnu) qui est aux tambours dans le "something personnal" du bien oublié jack Wilson.

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