dimanche 26 juin 2011

Treme


Vous vous souvenez bien sur de mes louanges récentes à propos du nouveau magazine "JazzNews". Vous vous souvenez aussi que dans le sommaire je vous signalais un papier sur la musique actuelle de la Nouvelle Orléans, à propos d’un feuilleton de la chaîne américaine HBO, "TREME", du nom d‘un quartier de Crescent City.


Comme je suis curieux de nature et très porté, entre autres, sur la musique de la Nouvelle Orléans, j’ai essayé d’en savoir plus sur cette série qui semble recevoir un bon accueil aux USA.


JazzNews signalait que la saison 1, comme on dit paraît il, sortait en France. Il semble que ce soit sur des chaînes comme Orange auxquelles je n’ai pas accès. De toutes façon je n’allais pas transiger sur mes principes de ne jamais regarder la télé, fut ce pour la musique de la NO!


Je me suis donc procuré par d’autres moyens connus de moi seul le DVD de la saison 2 ainsi que le CD de la B.O de la saison 1. Je l’ai écouté et j’ai regardé le premier épisode de la série.


Alors? Demandez vous haletants.


Bon c’est une série américaine très bien faite sur des personnages vivants le traumatisme de l’après Katrina, mais ce n’est évidemment pas un docu.  Le fil conducteur est l’itinéraire d’un tromboniste professionnel, Antoine Batiste (1), qui va de gigs en gigs. Autour de lui s’agglutinent les héros habituels: flic au grand cœur, Roméo et sa Juliette, les vilains aussi, promoteurs peu scrupuleux tentant de faire du pognon sur la reconstruction. Enfin rien de très original dans l’univers des séries américaines. 


Mais il y a la Nouvelle Orléans qui est au centre de l’histoire et surtout sa musique. Jouant leur propres rôles, les musiciens ont été particulièrement bien choisis pour représenter l’ incroyable diversité musicale de NO. Du jazz contemporain avec Donald Harrison au Rythm and Blues de Irma Thomas avec Allen Toussaint ( et même une apparition du vétéran Dave Bartholomew, mentor de Fats Domino ) en passant par les fanfares du Dirty dozen brass band. Dr john est forcément là, Trombone Shorty aussi. Le caractère unique de cette musique colorée, swinguante, mélange de blues, rumba, vaudou, jazz etc est très bien restitué.  De ce point de vue c’est vraiment une réussite.


Si vous ne pouvez pas mettre la main sur le DVD, essayez, et ce doit être tout à fait réalisable, de trouver le CD de la BO. Bien sur cette musique ne s’écoute pas la tête entre les mains. Le cœur et surtout les pieds sont les organes les plus, joyeusement, sollicités.






Pour vous mettre en appétit, un petit extrait musical.






Du coup, alors que j ‘avais temporairement rayé de ma liste touristique la Nouvelle Orléans après Katrina et sa suite, préférant la côte Est ou Ouest au Good Ol’ South, je me demande si…


Cela prouve deux choses: d’abord que je suis extrêmement influençable, et ensuite que TREME est une vitrine publicitaire assez réussie.


Cela étant il est quand même assez peu probable que je m’infuse toute la série, n’exagérons pas.


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(1) Antoine batiste, voilà un nom qui rappelle les grands musiciens de la Nouvelle Orléans:  Alphonse Picou le clarinettiste , Alcide « slow drag » Pavageaux le bassiste, Honoré Dutrey le tromboniste asthmatique, johnny Saint Cyr et même Ferdinand Lamenthe ( ou Lamotte selon les sources) dit Jelly Roll Morton. 



Coup de cœur

Je vous avais déjà fait le coup du "coup de coeur" il y a quelques temps avec un disque du pianiste Willie The Lion Smith paru dans la défunte série Jazz in Paris.

Ce disque faisait partie des parutions que j’avais ratées. Un autre resurgit, que je n’avais pas remarqué plus que ça à l’époque, enregistré ici en 1975 par Gérad Badini.



Vétéran de la scène Jazz en France, Gérard Badini qui a maintenant 80 ans a joué avec tout le monde de Sidney Bechet à Johnny Griffin. Clarinettiste et surtout saxophoniste, Badini était, comme Guy Lafitte avant lui, un adepte du gros son et reflétait dans son jeu tous les souffleurs non lestériens des années 30, 40 et 50. Adepte de l’idée que l’on peut faire prendre du bon temps au public , ce qui n’est tout compte fait pas un mauvais concept, il a tenté de faire vivre un big band. Le modèle économique de la chose est franchement hasardeux mais il a été aidé dans cette entreprise par l’humoriste Michel Leeb, comique catastrophique mais sincère amateur de Jazz, qui a utilisé le big band dans ses tournées assez lucratives à l’époque.

Revenons au disque en question. Badini est très bien, le Pianiste Raymond Fol beaucoup plus discutable à mon avis mais le grand intérêt de cet enregistrement est la présence de Sam Woodyard. Echoué à Paris et assez mal en point du point de vue santé ( je l’ai vu jouer à l’époque ) Sam avait été chez Duke Ellington sans doute le batteur de big band le plus original qui soit et surement le meilleur que le Duke ait jamais eu ( Ceux qui me parleront de Sonny Greer auront un gage!).

En petit formation Sam est délectable, son imagination, son originalité et son swing presque extravagant font de ce disque un vrai régal.

Un seul bémol il en faut bien un : Admiratif sans doute de Sam, Gérard Badini lui laisse prendre sur "Cute" ( qui était le cheval de bataille chez Basie du rival de Sam, Sonny Payne ) un solo de presque 10 mn. Le solo de batterie est un genre très difficile, ça plait généralement au public pour des raisons non élucidées à ce jour, mais ça m’assomme le plus souvent. Sam est Sam mais 10 mn…

Tout ça n’est pas gênant. Ce disque est un témoignage de premier ordre sur un des plus grands batteurs de Jazz.
Comme j’ai eu la flemme de vous uploader un titre du disque, une vidéo du big band de Gérard Badini accompagnant Johnny Griffin, dont les apparitions devant un big band ne sont pas légion tout compte fait, fera l‘affaire. Vous remarquerez qu‘une fois de plus les musiciens ( forcément talentueux ) de l‘orchestre ont le costume et la mine qu‘on utilise habituellement pour les enterrements.

Gerard Badini ladies and gentlemen


A bientôt chers petits amis.

2 commentaires:

  1. La saison 1 est disponible en DVD zone 2 avec sous-titres français, en exclusivité à la FNAC (30 €). Quant à la BO, depuis que John Boutté chante le générique, il a obtenu une reconnaissance nationale déjà acquise depuis longtemps à N.O.

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