vendredi 5 août 2011

business




Grammy business

Je faisais récemment remise de mes awards personnels. C'était une blague évidemment mais vous le savez ce truc existe réellement. Il y a maintenant des récompenses pour tout. Cette mode est partie d' Europe avec les prix littéraires, a gagné l'Amérique avec les Oscars du cinéma, les Grammy Awards de la musique, puis est revenu en Europe. Ici ça s'appelle les Césars, les Victoires et tutti quanti. Pour ce qui nous concerne il y a une flopée de Grammy Awards aux states et les victoires du Jazz ici, enfin je crois. Evidemment tout cela n'est que du marketing un peu pathétique. Je m'explique : imaginez que cette année Martial Solal soit désigné le meilleur pianiste français de Jazz, ce qui ne serait que justice d'ailleurs . Est ce que cela signifie qu'il ne l'était pas en 2010, ni en 1973, et ne le sera plus en 2012 ? D'ailleurs c'est quoi un musicien de Jazz Français ? Celui qui est né en France ? Zut, ce n'est pas le cas de Martial Solal, ni de Jacky Terrasson non plus !

Puisqu'il s'agit de marketing, donc de distribuer le plus grand nombre de diplômes, médailles, hochets divers dont les récipiendaires pourront s'enorgueillir sur la couverture de leur CD, les « Grammys » américains avaient trouvé le truc en multipliant les sous-sous catégories. Par exemple, le meilleur joueur de graviole, rouge de figure dont les ancêtres étaient derviches tourneurs est : ...machin.

Seulement voilà l'académie ( remarquez que les lascars qui se regroupent pour booster le business en décernant des prix bidon s'autoproclament toujours « Académie », ce qui commande le respect ) a commencé à trouver que cela coutait cher pour un retour incertain et a fait des coupes dans les catégories. C'est ainsi que la musique de Hawaï ou celle des Amérindiens ont été sabrées, zoug !

Mais voilà, aussi la catégorie « Latin Jazz ». Gros émoi parmi la communauté des Latin Jazzeux. L'émoi a été tel que quatre distingués représentants de la communauté ont décidé de porter l'affaire devant les tribunaux. Un dossier de vingt pages a été déposé à la cour suprême de Manhattan, qui devra statuer. Les attendus du recours stipulent que « éliminer la catégorie Latin Jazz aura un impact négatif sur la capacité à concourir dans les catégories plus larges des Grammy Awards ». Tout ça se tient et je milite pour la création, à l'intérieur de la catégorie Latin Jazz, d'une sous catégorie «  joueur de maracas » de telle manière à ne pas désavantager ces valeureux rythmiciens face à l'impérialisme des pianistes et autres souffleurs.



Sans doute touché par la vague de pétitionnite venu d'Europe, immédiatement Carlos Santana et Herbie Hancock ont signé une lettre de protestation dans ce sens. De son côté Paul Simon a stigmatisé cette opération " qui rend un mauvais service à de nombreux musiciens talentueux".

Pour sa part l'Académie a jugé cette requête "frivole" .

Quant à moi, bien que le Latin Jazz à haute dose me porte sur le système, je veux bien signer ce qu'on veut.

Le meilleur orchestre de « Latin Jazz » que j'ai vu en activité était celui du regretté Tito Puente, aussi Tito Puente ladies and gentlemen:



Le Business du Birthday

Longtemps la presse quotidienne a vécu pour partie du "carnet", rose pour les naissances, noir je suppose pour les décès, indéterminé pour le reste (mariages, divorces etc ). Le Figaro et la Presse régionale sont ici les champions toutes catégories. Si cette activité génère des sous, les décès de personnalités génèrent de l’espace rédactionnel à bon marché. Si vous êtes un peu connu et avez atteint un âge avancé votre "nécro" et l’article qui va avec sont déjà prêts, n’en doutez pas.

La presse américaine ne faillit évidemment pas à cette règle mais il semble que la presse internet dédiée au Jazz ait trouvé un nouveau filon; celui des anniversaires. C’est astucieux car dans une vie de musicien il y a plus d’ anniversaires que de décès. Ne parlons pas des naissances; impossible évidemment pour le Kansas City Daily News d’annoncer en 1920 la naissance du grand Charlie Parker


Quoiqu’il en soit cette presse nous informe tous les jours en ce domaine. Cela a du bon car ça nous permet de n’oublier personne. Cette semaine Tony Bennett fêtait, le 3 Aout, ses 85 ans. Toujours bon pied bonne voix notre Tony, sur la lancée de son précédent disque, très réussi d’ailleurs, "Duets", annonce qu’il vient d’enregistrer un Duet 2 avec des partenaires aussi prestigieux que Lady Gaga, Aretha Franklin ou Michael Buble. Ce disque peut déjà être "précommandé" chez Itunes et sortira le 20 Septembre. Le 18 Tony fêtera officiellement son anniversaire ( pourquoi le 18 Septembre ? ) avec un grand pince fesses, dames en arbre de Noël, messieurs en Pingouin; le bijoutier Tiffany a déjà annoncé sa participation. A noter, parmi les "Duets" que Amy Winehouse a enregistré un body and soul avec Tony à cette occasion. Tout cela est parfaitement grotesque mais j’aime tellement Tony que je lui pardonnerais l’impardonnable!

Plus cocasse, All About Jazz fait un papier sur l’anniversaire de Herb Ellis. J’adore ce guitariste et qu’on rappelle ses grands mérites à l’occasion de son anniversaire, pourquoi pas. Il n’ya qu’un hic, et de taille, Herb nous a quitté voilà plus d’un an. Bon, imaginez un instant que, tous les jours que Dieu fait, cette presse fasse un papier à l’occasion de l’anniversaire de chaque musicien un tant soit peu connu, vivant ou mort. Question: au bout de combien de temps les journaux en question pèseront-ils plus d’une tonne ? 

Ça ne fait rien c’est l’occase d’écouter Herb et Tony:



A bientôt chers petits amis...

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