mardi 16 août 2011

Clark et Webster

Clark et Louis


Tout d’abord un mot de la santé de Clark Terry, Mr CeeTee . Opéré récemment de la jambe, à 90 ans les opérations ne sont jamais bénignes, il va pour le mieux. Tous les amateurs sérieux de Jazz, y en a-t-il qui ne le soient pas ?,ont forcément une tendresse particulière pour Clark Terry, merveilleux musicien dont le talent et l’exceptionnelle longévité musicale fait qu’on ne peut pas le rater dès qu’on s’intéresse à cette musique.


A son propos le bloggeur Doug Ramsey nous rappelle que CT est non seulement un grand musicien mais un homme de cœur et d’action. Circulant en bus dans la Nouvelle Orléans en 1969, il avait naturellement été choqué qu’aucune statue ne commémorât le plus illustre des enfants de Crescent City, Louis Armstrong évidemment, alors qu’un paquet de présidents Sud Américains y avait leur statue, en pied ou équestre. Cette injustice devait être réparée et CT a créé un fonds dans ce but  mais surtout a développé une intense action de lobbying auprès des édiles pour faire avancer son projet.  En 1980, sous l’œil approbateur et surement vaguement clientéliste du maire et d’un secrétaire d’état ainsi que de la veuve de Louis, Lucille, la statue était inaugurée dans un parc baptisé du nom de Pops. 


Depuis le départ de Dizzy il nous manque un Jazzman candidat à la présidence. Si Obama ne se représente pas en 2013, je suis partisan de la candidature de CT. CT président! CT président!


Un petit Clark Terry messieurs dames ?





Unsung Heroes


Ceux qui ont lu mon petit papier sur le tubiste Ray Draper ont peut être remarqué un trompettiste nommé Webster Young dans un des deux enregistrements de Ray. Peut être aussi aux côtés de Jackie McLean ou John Coltrane, toujours à la fin des années 50.


Encore un de ces météores dont Gaston a le secret vous dîtes vous. Genre mort à 25 ans après un début de carrière prometteur, brisé par la drogue, l’alcool, le schéma classique quoi!


Et bien vous n’y êtes pas du tout, Webster est mort dans son lit à 71 ans et dans l’Oregon s’il vous plait.




Je ne sais pas expliquer pourquoi un jeune trompettiste, reconnu de ses pairs disparait de la scène aussi rapidement qu’il y était entré. Pour autant Webster est resté dans la musique, bricolant à droite et à gauche, même un moment directeur musical du groupe de Ike et Tina Turner . Il aurait effectué une tournée européenne en 1980 avec le trio du pianiste Rein DeGraff. Bien qu’ amateur de Jazz actif à l’époque je n’en ai aucun souvenir.


Flashback: à dix ans le jeune Webster découvre la musique grâce au film Cabin in the sky, tanne sa mère pour obtenir une trompette, rencontre Louis Armstrong dans les coulisses d’un théatre et s’entiche de Dizzy Gillespie au point de s’habiller comme lui et de gagner le surnom de little Diz. Plus tard c’est à Miles Davis qu’il vouera son admiration au point de caler son jeu sur le sien.


Tout ça et ses enregistrements comme sideman ne vaudraient pas qu’on s’y arrête plus que ça si notre Webster avait produit un cher d’œuvre, ça:




Dédié intégralement à Billie Holiday dont le pianiste et arrangeur de la séance Mal Waldron était à l’époque l’accompagnateur, ce disque bénéficie d’un vrai bonheur de casting. Outre Mal, Paul Quinichette est au sax et vaut bien mieux que sa réputation de simple épigone de Lester Young. Les délicats entrelacs de Joe Puma à la guitare, les chansons de Billie et le phrasé intimiste de Webster viennent compléter les ingrédients pour une recette particulièrement réussie, à base de nostalgie brumeuse.




Pour la petite histoire, Webster pour cette séance avait emprunté le cornet de Miles lui-même.


Malgré ce petit bijou, notre ami a disparu du radar hormis un double disque consacré aux thèmes de Miles Davis sur lequel je n’ai jamais pu mettre la main.




Le disque en question est par contre à portée de la votre et je ne saurais trop vous le recommander.


Comme j’ai l’esprit de contradiction, j’ai sélectionné un extrait du disque de Jackie Maclean, avec Webster, qui comporte une curiosité. Ne vérifiez pas votre installation, tout est normal mais Jackie joue ici, ce qui est très inhabituel, du ténor.


Webster Young ladies and gentlemen 




A bientôt petits amis...

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